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3,89

sur 1369 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  

Comme une bonne élève sachant qu'elle avait affaire à un géant, j'avais noté les noms de toute la généalogie des Hoel les premiers et les seuls à avoir fait fructifier un châtaignier, arbre unique en son genre, millénaire, photographié pendant des générations chaque année. Puis, puisque Richard Powers énumère les différentes racines, les noms de ces arbres naissants, graines ou pédoncules, et les noms de ces personnes qui y sont rattachés.

Tous, qu'ils soient ingénieurs, informaticiens, sculpteurs, avocats, femmes d'affaire, tous ont un lien avec un arbre, tous ont été « appelés » par des arbres : des trembles, dont les feuilles bougent même s'il n'y a pas de vent, des kapokiers*, recouverts d'épines pour repousser des ennemis disparus de la terre, des hêtres noirs, le banian* qui sauve la vie de Pavlicek au Vietnam, le pipal*, l'épicéa géant, le séquoia énorme, le chêne aussi où monte le petit Neelay , et d'où il chute …. Et se retrouve en chaise roulante.
Il y a des morts parmi toutes ces familles et ces générations différentes.
Il y a des accidents, dans ces racines. Et un peu d'ironie aussi.

Enfin, arrivée au tronc, l'affaire attendue s'éclaire. Richard Powers s'inspire de Peter Wohlleben, qui a prouvé que les arbres communiquaient entre eux dans sa « Vie secrète des arbres ». Déjà Francis Hallé avec son « Plaidoyer pour l'arbre » avait dessiné les radicelles liant les arbres entre eux : oui, on sait que les arbres sont doués d'intelligence.

Je serai malhonnête si je disais que je me suis passionnée. Les phrases lyriques sur la beauté de la nature, oui. le constat qu'il faut la protéger, oui. La dénonciation des coupes « sous le manteau » de plus de 95% des espèces aux Etats Unis, encore oui. L'idée magique que les arbres vivent d'air et n'usent pas la terre, qu'ils envoient leurs signaux à leurs camarades à travers l'azur, un grand oui. La prescience que ce monde intelligent qui sait comment survivre nous appelle, encore un grand oui.
Nous avons la mission de préserver les arbres qui nous donnent l'air, la beauté, leur ombre, les feuilles d'automne que les écoliers collent sur leurs cahiers et parfois leurs fruits.
Mais quel ennui, ces longues énumérations des errements des protagonistes, lâchant tout car ils se sentent appelés sans savoir par qui, pour devenir Eco- terroristes. , sans vraie approfondissement botanique ; rien que des vies à côté, asociales, un peu autiste asperger (Adam,)comme si les hommes ne valaient rien, ce que Powers dit presque : le genre humain devant de toute façon disparaître, pas besoin de pleurer sur son sort.
« Tenez bon. Il suffit de tenir un ou deux siècles. Pour vous les gars (= les arbres,) c'est un jeu d'enfant. Il suffit de nous survivre. Alors il n'y aura plus personne pour vous emmerder ».
« Une forêt mérite protection indépendamment de sa valeur pour les humains ».

Pourtant poétique, visionnaire, et en cela encensé par la critique et couronné du Pulitzer 2019, ce livre m'a saoulée, je n'ai jamais eu le bonheur de le retrouver quand je rentrais, comme un ami m'attendant. Je ne me réjouis pas si le genre humain venait à s'éteindre, pas plus que si les forêts étaient dévastées. Avec les * j'ai ajouté quelques détails personnels.
Cet avis, mon avis, je l'espère, ne sera pas partagé.




*J'ai un kapokier dans mon jardin, encore adolescent : il offre des fleurs comme des orchidées et fournit des grosses gousses dans lesquelles le faux coton a servi longtemps à remplir nos matelas.
*Le banian, arbre de Bouddha, sous lequel il a connu l'éveil. Il développe ses racines par les branches (symbole du lien entre monde céleste et monde terrestre) et s'étend tellement qu'il est appelé :l'arbre qui marche.
* pipal : sorte de ficus, sacré dans l'hindouisme. Les feuilles séchées que l'on vous donne, en Inde comme en Chine, doivent être conservées, bonheur assuré.
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Un gros pavé écologique autour de l'incapacité de l'espèce humaine à prendre soin de son environnement et tout particulièrement des arbres. Autour de quelques destins individuels que rien ne prédisposait à devenir des activistes virulents de la défense des forêts, on en apprend beaucoup sur les arbres, leurs bienfaits et même sur la façon dont ils communiquent entre eux.
C'est didactique, rempli de citations éclairées ou d'images très explicites sur la façon dont notre espèce continue à massacrer son environnement naturel. « le monde comptait six billions d'arbres quand les humains sont apparus. Il en reste la moitié. Dont la moitié encore aura disparu dans cent ans. »
« Vous et l'arbre de votre jardin êtes issus d'un ancêtre commun (et) aujourd'hui encore vous partagez avec cet arbre le quart de vos gènes. »
Brrr, les chênes et les noyers de mon jardin, que j'aperçois par ma fenêtre en rédigeant ce billet, m'apparaissent sous un jour nouveau même si je ne suis pas encore tout à fait mûr pour discuter avec eux quand je profite de leur ombre ou de leurs noix.
C'est vrai qu'après avoir terminé cette lecture dense et touffue comme une forêt de séquoias, la perspective change. Reste la sensation mitigée de m'être engagé dans un très beau sous-bois puis, ayant perdu mes repères et commencé à tourner en rond, de n'avoir plus eu envie que d'en trouver la sortie. Ennuyeux ? Un peu, oui.
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Débutant par des petits bouts de vie en rapport avec les arbres qu'on photographie, qu'on plante, qu'on étudie, s'ensuivent des rencontres, les couples se forment et moments forts, les bûcherons opposés aux manifestants qui s'enchaînent aux arbres ou squattent plusieurs semaines les ramures d'un séquoia géant, défendant la biodiversité des forêts millénaires.

Sacrilège, j'écoutais ce livre au message fort louable en abattant et en débitant le moins bon de mes trois cerisiers, ...mais aussi le lendemain, en navigant au milieu de la merveilleuse nature du lac de l'Eau d'Heure!
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Retour partagé sur ce roman que j'avais hâte de découvrir, très alléchée par la couverture évidemment et le thème traité.
Le propos ne m'a pas déçue : on apprend énormément de choses sur les arbres, leur manière de communiquer, leur développement, la déforestation, ... J'ai beaucoup aimé la manière subtile avec laquelle l'auteur montre comment un ou des arbres ont une importance dans la vie des personnages. Ces derniers, bien que nombreux, ont d'ailleurs une personnalité bien tranchée, des parcours de vie qui étaient très agréables à découvrir.
En revanche, j'ai bloqué sur le style et le rythme de la narration : j'avais bien accroché au premier personnage, à son histoire familiale et leur tradition de photos mensuelles et hop, surprise! On le lâche et on passe à un autre ... et cela pour la présentation des 9 personnages. Résultat : dans la partie Troncs, je suis repartie en arrière pour revoir qui étaient les persos! Présentés très brièvement, et à cause de leur nombre, j'ai trouvé qu'on avait du mal à se les approprier.
Ensuite, j'ai regretté certains passages un peu longuets qui avaient tendance à alourdir la narration.
Bref, une lecture sympathique mais pas un coup de coeur.
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Pour la sortie de ce livre, je me suis précipitée à la librairie tant je me réjouissais de le lire. Je suis une grande fan des arbres, j'ai arpenté de magnfiques forêts pluviales canadiennes et américaines dans lesquelles les arbres sont pluri-séculaires, ont des diamètres de plus de 5 mètres, ont des hauteurs vertigineuses, dans lesquelles les eco-systemes sont d'une richesse inimaginable. de telles forêts n'existent pas en Europe : elles sont surexploitées, rangées, nettoyées pour être encore mieux exploitées. Et pourtant le livre de Richard Powers m'a laissée sur ma faim. Je n'y ai pas retrouvé d'émotion, je l'ai trouvé long, trop tourné vers les hommes et non les arbres et la forêt. Je me suis ennuyée et j'ai mis plusieurs semaines à le finir. le sujet est pourtant essentiel, le message aurait pu être vibrant et touchant. Et non, je n'ai rien ressenti. Dommage. Je m'étais tant réjouis...
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Richard Powers est certes un homme intelligent qui mêle avec brio la fiction et la science mais j'avoue m'être ennuyée à la lecture de « L'arbre-monde ». Tellement ennuyée que j'ai arrêté vers la page 450 (la version poche en compte 738). le premier tiers du roman consiste en une présentation plus ou moins fastidieuse des neuf protagonistes plus ou moins attachants et plus ou moins grotesques dans leurs engagements moralisateurs et dans leurs obsessions qui vont converger pour défendre un séquoia menacé d'être réduit en planches.
Pourquoi protéger ces végétaux avec lesquels nous partagerions le quart de nos gènes ? Principalement parce qu'ils absorbent le CO2, le transforment et le rejettent sous forme d'oxygène.
Découvertes plus récentes : les arbres seraient des êtres éminemment sociaux dotés d'une intelligence collective qui « se soignent et se nourrissent mutuellement » et protègent leurs congénères d'un danger en lançant des signaux d'alertes. Contre les forêts taillées au cordeau façon le Nôtre, l'auteur, par la voix de l'une de ses héroïnes botaniste, plaide pour le maintien des souches mortes qui préservent la biodiversité. de la même manière, les forêts anciennes participent à cette sauvegarde. le remplacement d'un vieil arbre par un jeune n'aurait donc pas la même valeur environnementale.
Si vous adhérez légitimement à la philosophie pleine de bon sens mais parfois un brin excessive du livre de Richard Powers qui s'élève contre tous les kantiens qui voient dans les créatures non humaines des moyens au service des seuls êtres rationnels que nous sommes, je vous conseille de lire « La vie secrète des arbres » de Peter Wohlleben qui compte moins de 300 pages.

EXTRAITS
- de fait, Douggie a la conviction croissante que le plus grand défaut de l'espèce humaine, c'est sa tendance à prendre le consensus pour la vérité. (…). Mettez ensemble trois personnes et elles décréteront que la loi de la gravité est maléfique et devrait être abrogée, sous prétexte que l'un de leurs oncles est tombé du toit après s'être bourré la gueule.
- Elle s'étonne encore que l'intelligence suprême sur cette planète ait pu découvrir le calcul intégral et les lois universelles de la gravité avant de savoir à quoi servait une fleur.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Définir "L'Arbre-Monde" n'est pas aisé. C'est un roman, mais aussi un plaidoyer écologiste. Seulement, je ne suis pas sûr que l'auteur serve sa cause en présentant des personnages à moitié perchés, des militants exhaltés, comme cette femme qui entend les arbres lui parler.

La figure de style dont l'auteur use et abuse tout au long de l'oeuvre est la métaphore. 530 pages quasi-exclusivement (surtout après la première partie) de métaphores, ça commence à peser, surtout après que le roman a subi la moulinette de la traduction de Serge Chauvin. Je pense que le pauvre traducteur a fait ce qu'il a pu, même si parfois j'ai noté quelques imperfections comme "Il réalise" pour traduire "He realizes" que l'on traduirait plutôt par "Il se rend compte" . "Il réalise" est un anglicisme, mais d'aucuns trouveront que je chipote.

Les métaphores m'ont semblé parfois obscures, comme ce "dieu bleu" que je n'ai jamais pu identifier. Résultat: alors que j'avais entamé le livre avec les meilleures intentions, je me suis surpris à me sentir largué par le récit dans certains passages. Au bout d'un moment, j'en avais assez de tenter de comprendre les métaphores; mais où Richard Powers voulait-il en venir ? Si c'est la marque de fabrique de cet auteur, cela me dissuadera de lire d'autres de ses romans qui à priori m'attiraient.

L'Arbre-Monde est un roman choral, avec BEAUCOUP de personnages. Au bout d'un moment, on ne sait plus qui est qui. Un de mes proches, qui a adoré le livre, pense la même chose - donc ce n'est pas uniquement dû à ma propre stupidité.

En fait, ce que j'ai préféré dans ce roman, c'est la première partie. Pour tout dire, je l'ai adorée. Tous les protagonistes sont présentés au lecteur à travers la quête de leurs origines, d'où le titre de cette partie: "Racines". Cette quête est un thème récurrent dans la littérature américaine, et j'ai trouvé qu'il était traité d'une belle manière, avec beaucoup de poésie, de nostalgie voire de mélancolie. Je pense même que cette première partie (171 pages) se serait suffit à elle-même et aurait pu constituer un ouvrage publié. Après, il faut accepter d'avaler un pavé écrit au présent de l'indicatif, avec pour seul outil esthétique des métaphores et des évocations sensorielles (les odeurs, les paysages, les bruits de la forêt ...)

L'Arbre-Monde a été récompensé par plusieurs prix; je crois que c'est surtout parce qu'il est très "dans le vent". Ecologie - militantisme anti-capitaliste - décroissance - certainement anti-Trump, etc etc ... Il sera particulièrement apprécié par les lecteurs par avance convaincus.

Outre la première partie, j'ai apprécié la richesse des idées de l'auteur, toutes les informations intéressantes sur la botanique, et surtout un constant soucis de poésie véhiculée par l'onirisme qui se dégage ... des métaphores (encore !)
L'auteur a un style propre, ce qui m'a intéressé. On m'a offert ce livre, sinon jamais je n'aurais pensé à l'acheter.

Une découverte intéressante donc ... mais loin de changer ma vie.
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Un ressenti très mitigé à la lecture de L'Arbre Monde : un sujet très intéressant, voire essentiel, mais traité de façon parfois rébarbative. J'ai failli abandonner ma lecture plusieurs fois, c'est dommage ; j'ai pu lire dans des critiques que certains lecteurs avaient effectivement lâché en cours de route.
En effet, il y a des longueurs, des passages pas toujours très clairs, des liens entre certains personnages ( par exemple Neejay, le créateur de mondes virtuels) et la protection des arbres pas évidents. Dans la première partie du livre, on lit neuf portraits et tranches de vie qui semblent sans rapport les uns avec les autres, bien que les arbres soient le fil conducteur. J'ai plus ou moins accroché à ces portraits. Celui qui m'a le plus touchée est celui de Patricia Westerford. Mais le lecteur devine que les personnages vont se rejoindre, puisqu'il ne s'agit pas ici d'un recueil de nouvelles indépendantes, mais bel et bien d'un récit unique.
Si L'Arbre Monde a des défauts, à mon sens en tout cas, il contient également de très belles pages. de plus, j'ai trouvé passionnantes les informations sur les arbres, notamment leur façon de communiquer entre eux, et j'ai appris beaucoup de choses. Des illustrations auraient été bienvenues.
Le sentiment dominant – pour moi -, c'est celui de se sentir impuissant à stopper ou au moins ralentir la marche effrénée de l'humanité vers la destruction de la Nature, qui ne peut que conduire à sa propre destruction. Mais, d'après Richard Powers, l'arbre a des ressources et ne meurt pas aussi facilement que cela : il peut renaître de racines restées en terre. Donc malgré tout, il y a de l'espoir.
Je laisse le lecteur se faire sa propre opinion.

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L'Arbre-monde tient une place particulière dans mon exploration des prix Pulitzer.
D'après les romans que j'ai déjà lus (bientôt la moitié, on avance, on avance...), les lauréats donnent souvent la part belle aux destins individuels, et aiment assez les suivre jusqu'à la mort d'ailleurs.
Plus rares sont les romans choraux ou axés sur autre chose que la destinée humaine.
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L'Arbre-monde réunit ces deux caractéristiques : c'est un roman-manifeste résolument tourné vers l'écosystème et refusant tout individualisme.
Neuf personnages, dont les vies convergeront, à la façon des cernes de croissance des arbres, vers la même volonté ; qu'ils soient activistes, prophètes ou maîtres ès technologies, chacun tente à sa façon de défendre la communauté sylvestre contre l'industrie et la recherche toujours grandissante du profit.
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Lecture exigeante toutefois que celle de L'Arbre-monde de Richard Powers : sa luxuriance, sa densité, demandent de la concentration, mais ce roman magistral mérite clairement que l'on persévère.
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Je suis un grand fan de Richard Powers, je pense qu'il est un des plus grand écrivain américain de notre époque. Là je dois avouer qu'il m'a complètement perdu dans cette histoire. Il est vrai qu'il y a de quoi s'y perdre tellement le sujet est gigantesque. Dans ses précédents romans l'auteur racontait l'amérique, ici c'est du monde qu'il s'agit à travers les arbres, les forêts leurs passé et leurs avenirs ainsi que celui de l'humanité.
Je vois bien la construction du livre tel un arbre. Les racines (personnages) le tronc (intrigue), la cime, les graines, mais le nombre de fois où j'ai dû essayer de m'accrocher à une éventuelle branche (au secours!!) souvent en vain...
Trop vaste pour moi sans doute.
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