L'été d'après, celui qui suivit exactement la disparition de la soeur ainée, Margaret, morte noyée quasiment sous les yeux de sa cadette, Nico, alors qu'elles canotaient toutes deux sur le lac, juste en face de leur maison.
Nico ne se rendit pas compte tout de suite de la disparition de sa soeur dans les hauts fonds de Mirror Lake, celle-ci lui avait juste adressé un signe de la main à la Ginger Rogers avant de plonger pour regagner la rive qu'elle n'atteignit jamais.
A partir de ce jour, la famille sombre dans un désespoir latent, tu, assourdi, chacun gardant jalousement sa douleur de peur de voir les autres s'effondrer tout à fait.
Margaret était le rayon de soleil de la maison, une belle jeune fille qui se trouvait née quelques décennies trop tard, son domaine à elle, c'étaient les vieux films des années 30 ou 50, l'ambiance « My funny valentine », qu'elle chantait à vous en donner le tournis.
Nico est plus jeune de trois ou quatre ans, une toute jeune fille en somme, cartésienne autant que sa soeur est artiste, admirative de la beauté de cette dernière, elle qui n'a perdu tout à fait les rondeurs de l'enfance.
Le père noie son chagrin dans la rédaction d'un ouvrage sur la fin des temps, tandis que la mère part à la dérive sous l'effet de tranquillisants et neurodépresseurs divers.
Le drame de Nico est double, la perte de sa soeur bien sûr, mais aussi le nouveau statut familial que cette disparition lui confère, elle est
à présent La « Seule Enfant Survivante » avec tout le poids et l'angoisse que cela signifie.
Peu à peu, et au début sans qu'elle le veuille vraiment, Nico se met à ressembler de plus en plus à sa soeur, elle mincit, s'allonge, porte de temps à autres quelques uns de ses vêtements fétiches.
« J'étais heureuse de voir Margaret en moi. C'était la preuve qu'elle existait toujours, même si une partie de moi-même avait dû s'écarter pour lui faire de la place. »
Mais la douleur reste là, les crocs plantés dans sa chair, le fantôme de sa soeur vampirise tout, les moindre petites choses : « Chaque fois que j'ouvrais un tiroir à a cuisine, Margaret me souriait depuis un nid de reçus et d'élastiques. ».
Le long travail du deuil… Et puis il y a le petit ami de Margaret, et là tout s'enchaîne, et va trop loin, à vous en donner le vertige, et de fait la référence au "Vertigo" d'
Hitchcock, n'est jamais très loin…
Un roman magnifique et bouleversant sur le deuil et le passage de l'adolescence à l'âge adulte.
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