« Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent. » (p. 129)
Chère lectrice, Cher lecteur,
En août, pour le défi 2020, il faut lire un roman ayant remporté le prestigieux prix Femina. Alors, comme j'ai terminé tardivement Les Bienveillantes, je n'ai lu qu'un livre :
Par les routes de
Sylvain Prudhomme, prix Femina 2019.
Que raconte cette histoire?
Le narrateur, Sacha, un écrivain, à l'aube de la quarantaine, déménage à V. dans une petite ville du sud-est de la France afin de se retrouver, et de vivre une «existence plus vraie» après une certaine désillusion de sa vie parisienne. À V., il réalise qu'il est dans le même endroit qu'un ancien colocataire qu'il nomme l'autostoppeur qu'il a connu il y a plusieurs années. Les anciens amis se croisent et ils renouent. L'autostoppeur est désormais en couple avec Marie, une traductrice de littérature italienne avec qui il a eu un fils, Agustin.
Rapidement, l'autostoppeur reprend les routes françaises pour aller à la rencontre d'autres personnes, pour assouvir un besoin comme d'autres ont besoin de faire du sport ou de magasiner. S'il reste trop longtemps en place, il étouffe.
Une nouvelle cellule familiale se forme alors, car Sacha se rapproche de Marie et d'Agustin. Marie est-elle encore capable de voir partir l'autostoppeur sans crier gare? Accepte-elle ses voyages de plus en plus longs? Sacha trouvera-t-il une certaine paix auprès de son ami? Pourquoi leur relation d'amitié s'est-elle brisée il y a très longtemps? La nouvelle cellule familiale vivra-t-elle par procuration les aventures de l'autostoppeur?
Ce que j'en pense?
J'ai beaucoup, mais beaucoup aimé ce livre.
Par les routes nous fait réfléchir sur la vie qui passe, sur notre relation aux autres, sur le désir, sur l'amour, sur la famille, sur nos rencontres aussi brèves soient-elles.
Ce livre est un peu existentiel comme vous pouvez vous en douter. Il nous plonge dans une quête plus forte que tout, celle de la liberté. Comment ne pas succomber à cette dernière alors que nous venons de traverser une période de confinement? Comment ne pas se sentir touché par rapport aux interrogations de Sacha devant le temps qui passe et sur ce qui doit être essentiel?
L'écriture de
Sylvain Prudhomme est très belle. C'était ma première rencontre avec la plume de cet auteur français et je suis très contente d'avoir choisi ce livre. Il m'a donné envie de tout larguer et de prendre le large. Il m'a donné envie de me remettre en question par rapport à mes choix et à ma vie. Un livre pour méditer…
J'aime et je redoute à la fois l'idée qu'il existe une ligne d'ombre. Une frontière invisible qu'on passe, vers le milieu de la vie, au-delà de laquelle on ne devient plus : simplement on est. Fini les promesses. Fini les spéculations si ce qu'on osera ou n'osera pas demain. le terrain qu'on avait en soi la ressource d'explorer, l'envergure de monde qu'on était capable d'embrasser, on les a reconnus désormais. La moitié de notre terme est passée. La moitié de notre existence est là, en arrière, déroulée, racontant qui nous sommes, qui nous avons été jusqu'à présent, ce que nous avions été capables de risquer, ce qui nous a peinés, ce qui nous a réjouis. (p. 10-11)
Un beau livre et un auteur à découvrir. Un livre pour partir quelque part, en soi surtout, mais aussi pour avoir le goût d'oser par goût de liberté.
Avez-vous déjà lu un roman de
Sylvain Prudhomme? Connaissiez-vous
Par les routes?
Bien à vous,
Madame lit
Lien :
https://madamelit.ca/2020/08..