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Marie-Claire Durand-Guiziou (Traducteur)
EAN : 9791093569284
272 pages
Editions Le Soupirail (28/11/2022)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Poète, dramaturge, écrivain, Alonso Quesada (Las Palmas de Gran Canaria, 1886-1925) est aussi ce chroniqueur-conteur qui a donné toute une galerie de portraits souvent mordants, toujours teintés d’humour, pour croquer les personnages de la micro-société anglaise résidant aux Canaries au début du vingtième siècle. L’auteur, qui vécut cette étape « coloniale » de très près, retrace cette période historique, qui est aussi celle de la Première Guerre mondiale. Voici un ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quesada met en scène son propre récit. Tenerife. Dans un hôtel fréquenté par des anglais un auteur se présente dans le salon des fumeurs pour y lire son récit dont il affirme à Mr Wilson qu'il a mis "deux ans, petit à petit" pour l'écrire, et qu'il ne lui rapportera que 20 douros par mois.
Ils sont seize à l'écouter dont huit sont ivres.
Tenerife après guerre (la première guerre mondiale) où se retrouvent les belligérants anglais et allemands qui reprochent sa neutralité à l'Espagne. L'auteur passe par dessus ce reproche et dresse plusieurs portraits de ces touristes venus chercher une forme de consécration sur ce rocher noir dont les attraits sont loin de ceux de Rome ou de Paris.
Certains personnages sont auréolés de gloire, les vainqueurs. Les autres, les vaincus, ruminent une forme de vengeance et reprennent leurs activités commerciales, "l'exportation des bananes a repris à la grand surprise des exportateurs eux-mêmes qui voyaient perdus commerce et fortune."
Confrontation culturelles entre des personnages du nord, froids et rigides "Mr Hodgson, votre sourire est un sourire très anglais." et des personnages du sud, l'auteur mais aussi des Français et des Italiens "Les Anglaises avaient cet air tragique de célibataires, indéniable chez les filles d'Albion. Une célibataire espagnoles ou française peut passer pour une femme mariée n'importe où. Une célibataire anglaise ne peut être que célibataire."
La confrontation oppose souvent des hommes et des femmes. Des belles anglaises, des "miss, très légèrement vêtues, ressemblent à des sorbets à la fraise. Blanches, roses, légères, charmantes et froides comme de la glace."
Au grand dam de leurs compatriotes, elles ne sont ps insensibles au charme des autochtones " (...) les miss sont mécontentes par ce qu'il n'y a pas d'Espagnol au teint hâlé au banquet... Ah, si, Mr Perez ou Mr Gonzalez étaient là...!"
Galeries de portraits où l'ironie cache parfois l'admiration de ce peuple industrieux parce que protestant, à l'image de Sir Archibald "(...) lequel possède des bateaux comme des Presse-papiers et tire des chèques de mille livres comme il arrache les pages d'un almanach fixé au mur."
Les Espagnols opposent leur sens de l'humour en rebaptisant Mr Butter, Mr Manteca...
On croise Maupassant au détour d'une ligne " (...) des dames laides et bizarres et parfois quelque Miss Harriet perdue, promenant sa grotesque mélancolie au bord de la mer."
Très vite le lecteur évolue à l'aise au sein des membres de cette société dont la "voix faite de mots anglais (qui) sortait comme une pensée toute blanche, délicate et diluée et se perdait dans la lumière écumante du rivage." ; au sein de laquelle "(...) un homme à monocle ne fait jamais de mal." ; où "le chroniqueur cherche un chemin pour ses désorientations." ; où les déconvenues sont légion " Nous avions demandé des touristes et ils nous ont envoyé les parents des touristes."
Un récit contemporain malgré son âge, une littérature à redécouvrir. Quesada regrette seulement que Mr Duncan ne soit pas venu, lui qui "a la beuverie la plus intelligente (qu'il ait) connue."
Merci aux éditions le Soupirail et à Babelio pour cette découverte Masse Critique.
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Découverte d'un auteur espagnol : Alonso Quesada (1886-1925) né aux îles Canaries et de son livre « Smoking - Room», dont l'originalité et l'humour corrosif sont les principales caractéristiques.

Le thème : la présence et le comportement des anglais aux îles Canaries durant l'époque coloniale britannique et la Première Guerre mondiale.

L'auteur nous dresse une galerie nombreuse et variée de portraits anglais mais aussi plus rarement de quelques portraits espagnols.
La succession de ces dizaines de petites nouvelles saisissent cette micro-société anglaise de l'époque, bourgeoise et arrogante, dans un style moqueur, caustique, et même parfois féroce.
Il faut dire que l'auteur Alonso Quesada lui-même né et mort dans cette île, représente le regard méprisant du colonisé sur le colonisateur.
L'évocation de ces nombreux anglais, avec leur légèreté, leur aplomb, leur aisance et leur suffisance est elle si caricaturale ?

Le lecteur lui, s'amuse de ces différents portraits toujours tournés en ridicule.
Il y a ces anglais plaintifs, pourtant très riches, venus se refaire une santé loin du brouillard londonien... Ceux qui se vantent d'avoir gagné la guerre, tout en étant restés bien au chaud dans leur bureau ou à la campagne... il y a le patron anglais qui intime l'ordre à son subalterne espagnol de ne pas engendrer d'enfant chaque année... Ces Miss, jolies mais bien froides, pourtant attirées par le charme et l'exotisme insulaire...
Et que.dire de cet anglais qui organise un concours de gramophones ! Comble absolu du ridicule...
Les Espagnols ne sont pas toujours en reste quand ce candidat à la députation cherche avant tout à séduire les Anglais et singe les colons, au lieu de chercher à garder son identité . « Nous vivions entre l'oubli hispanique et la colonisation anglaise qui en tirait profit» (p 209)

Le style de l'auteur, très sophistiqué, imagé et à l'ironie mordante, est la marque indéniable d'un grand écrivain.
Voilà un ouvrage qui structuré en courtes nouvelles peut tout à fait se lire progressivement, par petites touches, quand on a envie de se moquer, s'amuser et sourire, sur un sujet pourtant sérieux.
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Alonso Quesada a notamment écrit sur le thème de la présence des étrangers, en particulier des Anglais, aux Canaries à l'époque coloniale britannique.
Ainsi, dans ce livre, l'auteur raconte-t-il bien plus qu'une seule histoire. En brossant tous ses « petits portraits d'Anglais », il compose par fines touches une vaste mosaïque sur ces hommes et ces femmes d'autrefois. Dans un style enlevé, il répond aussi à la question que bien des autochtones devaient alors se poser : Mais que viennent donc chercher ici tous ces gens ?

Même si le tourisme de masse n'avait pas encore atteint ces rivages lointains, situés au large de l'Afrique, bien des Européens privilégiés (Anglais, Allemands et Français) manifestaient déjà un goût prononcé pour l'exotisme, cette envie d'ailleurs qu'on éprouve toujours quand on est las d'être là… Leurs os et leurs poumons malmenés par l'arthrite et la tuberculose pouvaient parfois leur en être reconnaissants. Il était donc tentant de se refaire une santé ou de simplement s'évader, car les vicissitudes de la vie n'épargnent pas non plus les plus nantis.

Pour ce qui est du maniement d'un certain humour, qui confine souvent à l'ironie, Alonso Quesada (1886 – 1925), qui est né, a vécu et s'est éteint à Las Palmas de Grande-Canarie, aurait probablement fait ami-ami avec William Boyd. Mais, pour rester cohérent avec les informations biographiques disponibles, l'écrivain espagnol aurait sûrement sympathisé avec son contemporain britannique Jerome K. Jerome (1859 – 1927) ; lequel aurait, en effet, pu faire escale dans cet archipel de l'océan Atlantique.

En tant que lecteur du 21ᵉ siècle, pénétrer dans cette Smoking-Room signifie se plonger dans une époque révolue tout en s'offrant un réel dépaysement. Avec en filigrane une touche de modernité puisque jusqu'à maintenant, par la douceur du climat, les Canaries n'ont pas usurpé leur réputation d'endroit où il fait bon vivre, incitant immanquablement d'incorrigibles touristes à la villégiature.

Merci à Babelio et aux éditions le Soupirail pour cette découverte, qui ne peut que m'inciter à lire cet auteur en version originale.

Lien : http://scambiculturali.over-..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Mr Byron n'a pas pu passer pour le héros qu'il aurait voulu être, mais Mr Morgan démontre, surtout lorsqu'il enlève sa chemise au moment de se coucher, qu'il est brave, qu'il a accompli son devoir, et qu'on peut à la fois importer du charbon et avoir en soi quelque chose d'héroïque.
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La langue espagnole volait, timidement, comme un petit oiseau, parmi les langues européennes, et c'était l'anglais, surtout, qui raisonnait le plus, sous un soleil arabe et face à une mère mythologique. L'Espagne nous oubliait comme une chose purement nationale. Un employé dactylographe anglais avait bien plus de prestige qu'une grande actrice espagnole.
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