Mafalda féminin singulier

Un grand bain de nostalgie ! Tout le monde connaît Mafalda, je crois. Cette petite fille de 6 ans a été créée par Quino il y a plus de 58 ans nous précise la préface anonyme de l'album Mafalda féminin singulier. La compilation de ces bandes dans lesquelles ressortent, grâce à la voix d'une enfant, les injustices faites aux femmes et leur nécessaire prise de conscience met en valeur la grande empathie de Quino et son engagement social. J'avais l'intention de feuilleter rapidement cet album et je l'ai dévoré, réjouie de nouveau par la subtilité et le réalisme un peu désespéré que Quino prête à cette enfant. Certaines bandes sont cruelles. Malfalda regarde sa mère faire la lessive, vider la poubelle, laver le linge, et lui demande : « Maman ? // La faculté de réussir ou d'échouer dans la vie…// C'est héréditaire ? » La dernière partie de la question apparaît dans une bulle au contour tremblotant qui, avec les yeux éperdus de la petite fille et le visage dépité de la mère, ouvre un abîme de possibles désespérants… D'autres sont attendrissantes : Mafalda regarde une photo de sa mère petite fille, et lui demande : « Pourquoi m'as-tu caché qu'autrefois tu étais ma soeur ? » le personnage de Susanita, la meilleure amie de Mafalda, qui a les réactions typiques qu'on attend des filles à cette époque, vient tantôt faire contrepoids, tantôt appuyer l'originalité de la pensée de Mafalda. Merci Monsieur Quino !

Mafalda, pour moi c'était d'abord la gamine des strips de BD qu'on lisait en cours d'espagnol, au collège / lycée. J'ai appris à apprécier ces bébés plus tard. Mafalda est une enfant qui ne pense pas comme une enfant, beaucoup trop mature et caustique pour son page, et c'est ce décalage qui est l'artifice de l'humour.

Avec Féminin Singulier, les éditions Glénat publie une sélection de planches sur le thème… bah des femmes et du féminin, comme le nom d'indique. On va donc retrouver, en plus de Mafalda, deux personnages bien connus : la maman de Mafalda, mère au foyer qui a abandonné ses études pour se marier et s'occuper de la maison ; et puis Susanita, une des meilleures potes de Mafalda, une gamine qui est obsédée par l'idée de faire un bon mariage et d'avoir des enfants.

Alors que Mafalda est très féministe, veut apprendre, travailler, être autonome, la maman et Susanita sont donc des antithèses de l'héroïne, chacune à leur manière. Elles sont peint avec un humour féroce, et Mafalda n'est vraiment pas tendre avec elles (surtout avec la mère, la pauvre… mais c'est si drôle).

Un chouette bouquin, joliment réalisé (l'objet est beau) qui met bien en valeur l'humour si particulier de Quino, à la fois sincèrement drôle et en même temps qui fait réfléchir à des sujets plus sérieux.

(Re)découvrir Mafalda à l'occasion d'une soirée organisée par notre médiathèque autour du film documentaire de Lucia Sanchez "Mafalda reviens !", est un vrai baume au coeur. On garde le sourire avec cette petite fille observatrice qui ne s'en laisse pas conter et qui n'hésite pas à questionner ce qui semble aller de soi. Alors qu'une majorité d'Argentins vient d'élire un fou qui se réjouit de sa victoire tronçonneuse à la main, il est bon de se rappeler que Quino créateur de Mafalda est lui aussi argentin, et l'on ne peut que souhaiter que son héroïne, avec son regard aguerri, saura, s'il elle revient 60 ans après son apparition, faire bouger les lignes.

Pour découvrir les films de Lucia Sanchez :
http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_liste_generique/C_27908_F

Je vous ai déjà parlé de mon amour inconditionnel pour Mafalda. La construction de la bande dessinée est toujours aussi brève qu'elle est efficace : en trois ou quatre vignettes, la petite fille s'interroge sur les problèmes économiques et sociaux du pays, sur les dysfonctionnements du système politique argentin (que l'on retrouve dans d'autres pays à la même période), sur la pauvreté et la corruption, et sur les inégalités entre les hommes et les femmes.

Mafalda a 4 ans et on la voit à longueur de pages, lire, écrire dans son journal des réflexions d' "adultes", se cultiver. Elle nous apprendre qu'elle veut devenir plus tard traductrice pour les Nations Unies.

Elle s'oppose à sa maman en regrettant ouvertement le fait qu'elle ait abandonné ses études supérieures et une future carrière de musicienne très prometteuse, pour se marier et fonder une famille. Elle se confronte à sa meilleure amie Susanita, avec laquelle elle n'a finalement pas grand-chose en commun... surtout quand cette dernière s'intéresse beaucoup trop à ce que pensent et disent et veulent les garçons!

Cette compilation "Mafalda féminin singulier" nous rappelle ces sujets de dénonciation de la part de celle qui représente selon moi l'héroïne contestataire de toute une génération ❤ Elle est aussi la plus jeune héroïne féministe de toute la bd!
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