Entamé comme une série policière télévisée classique, le scénario de Jean-Philippe Dugand verse de plus en plus dans le paranormal. Si le brin de vaudou du premier tome se contentait encore d'insuffler un côté intriguant à l'enquête, le fantastique prend maintenant clairement le dessus sur le polar. La vendetta de Tony Furiani plonge également ce deuxième volet dans l'action et balise la trame de cette histoire de nombreux cadavres. Alors que le personnage de Lili, balancé entre un passé trop sombre et un présent trop grisâtre, constituait le fil rouge du volet précédent, les rixes meurtrières de Tony viennent continuellement lui voler la vedette. Les motivations et la psychologie de cette petite frappe sont malheureusement moins intéressantes que ceux de cette jeune fille qui n'entra pas dans la police par vocation mais pour un tas de mauvaises raisons.
Au niveau du graphisme, Denys a déjà su démontrer sa capacité à planter un univers sordide et oppressant chez Delcourt avec "Comptine d'Halloween" et "Dans la nuit" et récidive ici chez Lombard avec un dessin aux encrages prononcés qui contribue à la noirceur du récit tout en lui offrant une grande lisibilité. Des changements de tons explicites assurent la transition graphique lors des nombreux flashbacks qui lèvent le voile sur les origines du pouvoir de ce caïd à la morphologique insolite, ainsi que sur le passé révélateur de plusieurs protagonistes.
Rythmé par une narration qui sonne juste, ce polar sombre et dynamique de la Collection Troisième Vague saura tenir en haleine les amateurs de polars qui ne se laissent pas rebuter par une bonne dose de surnaturel.
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