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C'est un pastiche des Guêpes d'Aristophane, avec un rythme de vaudeville dans l'échange des répliques.
Les gens se coupent, s'interrompent, se reprennent et désespèrent de pouvoir parler enfin

DANDIN
Vos qualités ?

LA COMTESSE
Je suis comtesse

L'INTIME
Huissier

CHICANNEAU
Bourgeois
Messieurs…

DANDIN
Parlez toujours, je vous entends tous trois.

CHICANNEAU
Monsieur….

L'INTIME
Bon, le voilà qui fausse compagnie

LA COMTESSE
Hélas !

CHICANNEAU
Hé quoi ! Déjà l'audience est finie?
Je n'ai pas eu le temps de lui dire deux mots.


Il y a certes une satire de la justice et de ses travers, comme Molière pouvait faire des médecins et Aristophane des juges, mais c'est surtout la loufoquerie des répliques que les personnages intercalent comme ils peuvent dans l'ambiance démente qui fait le comique. Dans ce faux procès, chacun joue son rôle de faux avocat, faux procureur, vrai souffleur, fausse audience, vrai coupable, etc. avec tout le sérieux nécessaire ; et c'est ainsi que le chien finit aux galères…
Voilà une fantaisie débridée que l'on n'attendait pas chez le très sérieux Racine mais j'y ai pourtant bien ri. Il dit lui-même dans sa préface qu'il pencherait plus du côté de Térence et Ménandre que d'Aristophane mais il a su en tirer la substantifique moëlle. Je recommande ;)
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Quoi, qu'entends-je ?
Il paraît que Racine a écrit des comédies ?
En tout cas au moins une. Je viens de la lire et je ne m'y attendais pas. Elle m'a eu par surprise.
Et il était doué pour ça, le bougre !
De ce que dit la préface, Racine a été incité à cette comédie par ses amis, dont Nicolas Boileau.

J'ai vraiment bien rigolé. L'auteur a laissé là l'antique et la mythologie pour s'amuser de travers de certains de ses contemporains : le goût compulsif du procès.
Son Dandin est un vieux juge prêt à tout pour se rendre au tribunal pour juger. Malgré la vigilance de son fils et ses employés, il glisse entre leurs pattes, passe par le soupirail ou le toit. Juger, il doit !
Quant à son Chicanneau, c'est un partenaire de jeu parfait, puisqu'il est drogué aux attaques et aux appels. Il emploie tous les moyens légaux, pendant des décennies si nécessaire. Et vu son nom, vous aurez compris que ce n'est pas pour débattre de sujets critiques. Il a d'ailleurs une sacrée concurrente en la personne de la Comtesse, aussi addicte des salles de tribunal et pour des sujets aussi sévères. Et quand ces deux-là s'opposent pour des raisons… on va dire loufoques, cela crée plus d'orage que le ciel d'août. de fil en aiguille, on finira par faire le procès d'un chien qui a volé un chapon en cuisine.
Bien sûr, il faut une petite histoire d'amour interdite, entre Léandre le fils de Dandin, et Isabelle la fille de Chicanneau. Ces deux-là ont la tête sur les épaules et ne sont pas les derniers des imbéciles. Ils sont aidés dans leur plan par « l'Intimé » secrétaire et le portier Petit-Jean.

Racine impose un rythme d'enfer à sa pièce qui tient en trois actes. Les vers se succèdent comme des wagons de TGV, un seul souvent réparti sur deux voire trois acteurs. Ça coupe sans cesse la parole et ça moque tous les styles déclamatoires des avocats. Comme chez Molière, la lecture prive du jeu de scène qui est important par moment, et est là pour faire rire. Mais j'en ai trouvé une version sur YouTube. Je vais la tenter.

Dommage que la fin soit un peu expédiée et sans rapport direct avec le procès qui précède. Mais qu'importe ! le plaisir instantané est là.
De ce que je vois sur Babélio, les lecteurs sont très partagés. Moi je me range dans le camps des satisfaits ; et j'ai Louis XIV dans ce camp-là paraît-il.
J'aurais bien voulu que Racine fasse d'autres comédies, quitte à faire la nique à Molière.
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La seule comédie écrite par Racine souffre un peu d'être comparée aux onze autres pièces de cet auteur, qui sont toutes des tragédies, et dont la majorité sont des chefs-d'oeuvre du patrimoine classique. Et c'est bien dommage, car c'est une pièce qui tient la comparaison haut la main avec la plupart de celles de Corneille, qui a eu en son temps un très grand succès, et qui au fil du temps, s'est effacée devant ses consoeurs tragiques que sont « Phèdre », « Andromaque » ou « Britannicus ».
« Les Plaideurs » d'ailleurs ressemble assez à une comédie de Molière : d'une part, c'est la description d'une manie, et même une monomanie qui, sans être un vice, est de nature à perturber quelque peu celui qui en est atteint et son entourage. Et justement, c'est son entourage (son fils, et ses valets) qui vont profiter de ce dérangement à des fins personnelles et sentimentales. Et d'autre part, c'est l'attaque d'une institution – la justice – qui, comme la médecine, trouve dans ses excès la source même de son ridicule.
L'histoire, tirée toute droite des « Guêpes », d'Aristophane, est celle de Dandin, atteint de tribunalite aiguë. Pas méchant bougre, mais que voulez-vous, il faut qu'il juge et prononce une sentence, en frappant avec son petit marteau. Et ça tombe bien, voici deux plaideurs qui eux ont la manie de chicaner, vu qu'ils sont procéduriers en l'âme : ce sont Chicaneau (le bien nommé) et la Comtesse de Pimbesche. Or il se trouve que Léandre, le fils de Dandin, est amoureux d'Isabelle, la fille de Chicaneau. Les tourtereaux, aidés par Petit-Jean, le portier, et l'Intimé, le secrétaire, vont monter un faux procès autour d'un chien qui aurait mangé un chapon, et par la ruse, obtenir le consentement du juge à leur mariage.
C'est donc une farce, dans la plus belle tradition, servie, on s'en doute, par une langue admirable, et truffée de vers immortels qui sont passés à la postérité :
Certains sont inscrits dans la pièce elle-même :
« Point d'argent, point de suisse, et ma porte était close ».

« Mais j'aperçois venir madame la comtesse
De Pimbesche ; elle vient pour affaire qui presse ».

« Hé! Monsieur,peut-on voir souffrir des malheureux ?
- Bon! cela fait toujours passer une heure ou deux ! »

« Si vous parlez toujours, il faut que je me taise ».

« Qu'est-ce qu'un gentilhomme? Un pilier d'antichambre ».

« …il s'agit d'un Chapon,
Et non point d'Aristote et de sa Politique ».

Et parfois ce sont de vrais adages ou proverbes qui voient le jour
« Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fira :
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera. »
« Qui veut voyager loin ménage sa monture ».
« Sans argent l'honneur n'est qu'une maladie. »
« On apprend à hurler ... avec les loups »
Un des joyaux du patrimoine théâtral, un peu oublié, mais qui mériterait, par la qualité de sa composition et l'excellence de son texte,
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On a l'impression que le sombre Racine ,le génial tragédien ,a voulu par défi s'affronter à Molière entre Andromaque et Britannicus. Pour cela , il s'inspire d'Aristophane et campe une satire féroce et farcesque du milieu judiciaire . Juge dingo , procés absurde, plaideurs maniaques dans une ambiance hystérique digne des Marx Brothers ce n'est pas mal mais ne peut se comparer aux chefs d'oeuvre moliéresques.
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J'ai découvert les Guêpes l'année dernière et j'ai eu envie de voir ce qu'en avait fait Racine, le petit copieur ;)
Je dois dire que j'ai été un peu déçue : Aristophane critique la société de son époque et dénonçait le côté très démagogue de la fonction de juge. Critique que l'on ne retrouve pas du tout chez Racine.
Et disparues les blagues pipi caca d'Aristophane ... autre temps, autre humour!
Car en effet le but premier de Racine était d'écrire une comédie : c'est du théâtre burlesque auquel on a affaire avec ce juge qui a la manie de tout juger, même un coq, et qui cherche à se soustraire par tous les moyens (le toit, la cave!) à la surveillance de son fils.
Petits emprunts à Pantagruel cette fois, notamment pour le nom du juge Perrin Dandin et à l'actualité avec le personnage de la Comtesse.
Donc une pièce divertissante !
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Attention, attention !
Il n'est pas de bon ton d'aimer les plaideurs.
Il n'est pas bien de dire que l'on a ri en le lisant.
Il est bon de dire que Racine ne savait pas écrire de comédies, contrairement à Corneille ou à Molière.
J'adore les plaideurs.
Cette pièce m'a toujours fait beaucoup rire.
Et pourtant, cette comédie qui se passe en Basse-Normandie est tout sauf drôle.
Elle nous parle de la corruption qui sévit dans le bel univers de la justice au temps de Louis XIV.
Elle nous montre des familles prêtes à se ruiner pour un procès.
Elle nous montre des monomaniaques prêts à tout pour assouvir leur passion : plaider.
Passion ou névrose, d'ailleurs ? L'on est plus proche de la deuxième dénomination, même si, à l'époque, cette notion n'existe pas encore. L'un quitte sa maison à l'aube, est surveillé étroitement par ses domestiques pour ne pas aller juger, l'autre fait de même, pour plaider. Et, au milieu de ses obsessions, l'on trouve une comtesse, que ses proches ont interdite de procès, un peu comme l'on interdirait un joueur de casino de nos jours.
Bien sûr, l'on a un couple d'amoureux, Léandre, fils de Dandin, et Isabelle, fille de chicanneau, qui ont appris à maîtriser le langage juridique grâce aux obsessions de leur père respectif, et qui sauront tirer leur épingle du jeu.
Ne l'oublions pas : toute pièce de théâtre mérite une bonne mise en scène, et de bons acteurs. La scène ne souffre pas la médiocrité, et c'est de rythme, d'énergie qu'a besoin cette oeuvre.
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On ne peut pas être bon partout.
Vous faites quoi lorsque vous avez écrit une des meilleures tragédies françaises* ? Que faire après une telle excellence ? Racine, lui, change de registre et opte pour une comédie bien ancrée dans son temps. Tellement bien qu'elle en est quasiment incompréhensible aujourd'hui. Passer de l'intemporel à l'anecdotique, ce n'était pas vraiment le chemin à prendre.
Donc on a un juge qui ne vit que pour juger et un type qui n'aime qu'aller aux tribunaux poursuivre tout ce qui respire trop près de lui. Les deux ont un fils et une fille respectivement et, surprise totale, ils veulent se marier. Il y a aussi une comtesse et une histoire de chien qui a mangé un chapon.
Non, c'est pas bon. Presque aucun bon mot, du comique physique à coup de fenêtre et de soupirail et Racine a beau surcouper ses dialogues avec des vers répartis entre plusieurs personnages, ça ne fonctionne pratiquement jamais. Les personnages ne sont pas intéressants, les péripéties non plus d'autant plus qu'elles sont rushées à mort, on comprend mieux pourquoi ces Plaideurs resteront la seule tentative du dramaturge dans ce genre.
A noter un alexandrin qui est passé dans le langage courant avec "Qui veut voyager loin ménage sa monture" et la comtesse qui s'appelle de Pimbesche.
Meilleur vers:
"Vous en ferez, je crois, d'excellents avocats;
Ils sont fort ignorants." **

*Andromaque, l'année d'avant
**j'ai prévenu qu'il coupait tout le temps
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La scène première des Plaideurs de Jean Racine est pour moi un plaisir double : le souvenir d'un texte appris par coeur au collège, texte qui m'avait tout de suite plu, certainement parce que la professeure de l'époque avait su nous l'offrir. Et qui m'a accompagnée tout au long de ma vie.
Et puis un plaisir de lecture toujours renouvelé, un style enlevé, un comique porté par l'écriture avant même d'être un comique de l'action.

La scène est dans une ville de basse Normandie.

ACTE PREMIER.

Scène première.

PETIT-JEAN, traînant un gros sac de procès.

Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera :
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera.
Un juge, l'an passé, me prit à son service ;
Il m'avait fait venir d'Amiens pour être suisse.
Tous ces Normands voulaient se divertir de nous :
On apprend à hurler, dit l'autre, avec les loups.
Tout Picard que j'étais, j'étais un bon apôtre,
Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre.
Tous les plus gros monsieurs me parlaient chapeau bas ;
Monsieur de Petit-Jean, ah ! gros comme le bras !
Mais sans argent l'honneur n'est qu'une maladie.
Ma foi ! j'étais un franc portier de comédie ;
On avait beau heurter et m'ôter son chapeau,
On n'entrait pas chez nous sans graisser le marteau.
Point d'argent, point de suisse, et ma porte était close.
Il est vrai qu'à Monsieur j'en rendais quelque chose :
Nous comptions quelquefois, on me donnait le soin
De fournir la maison de chandelle et de foin ;
Mais je n'y perdais rien ; enfin vaille que vaille,
J'aurais sur le marché fort bien fourni la paille.
C'est dommage : il avait le coeur trop au métier ;
Tous les jours le premier aux plaids, et le dernier ;
Et bien souvent tout seul, si l'on l'eût voulu croire,
Il s'y serait couché sans manger et sans boire,
Je lui disais parfois : « Monsieur Perrin Dandin,
« Tout franc, vous vous levez tous les jours trop matin.
« Qui veut voyager loin ménage sa monture ;
« Buvez, mangez, dormez, et faisons feu qui dure. »
Il n'en a tenu compte ; il a si bien veillé,
Et si bien fait, qu'on dit que son timbre est brouillé.
Il nous veut tous juger les uns après les autres.
Il marmotte toujours certaines patenôtres
Où je ne comprends rien. Il veut, bon gré, malgré,
Ne se coucher qu'en robe et qu'en bonnet carré.
Il fit couper la tête à son coq, de colère,
Pour l'avoir éveillé plus tard qu'à l'ordinaire ;
Il disait qu'un plaideur dont l'affaire allait mal
Avait graissé la patte à ce pauvre animal.
Depuis ce bel arrêt, le pauvre homme a beau faire,
Son fils ne souffre plus qu'on lui parle d'affaire.
Il nous le fait garder jour et nuit, et de près :
Autrement, serviteur, et mon homme est aux plaids.
Pour s'échapper de nous, Dieu sait s'il est allègre.
Pour moi, je ne dors plus : aussi je deviens maigre ;
C'est pitié. Je m'étends, et ne fais que bâiller.
Mais veille qui voudra, voici mon oreiller.
Ma foi, pour cette nuit il faut que je m'en donne ;
Pour dormir dans la rue on n'offense personne.
Dormons.
(Il se couche par terre.)



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Dans le cadre du challenge solidaire je devais choisir une oeuvre de Racine. Les tragédies (en vers qui plus est !) n'étant pas franchement ma tasse de thé, j'ai choisi la seule pièce comique pas trop longue (3 actes) rédigée par le maître. Et bien m'en a pris ! Car, à mon grand étonnement j'ai bien apprécié. Deux amoureux qui réussissent à faire signer une promesse de mariage à l'aide d'un faux procès dont le coupable est un chien et la victime un chapon. Entre comédie et farce, du ridicule, des scènes burlesques voir extravagantes : en fait, j'ai passé un bon moment !
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Une farce Racinienne sur le milieu judiciaire: à decouvrir et partager tant le talent de l'auteur jaillit ici et nous eblouit : Une reussite incontestable pour cette oeuvre souvent etudiée en milieu scolaire par son caractere abordable et son classissisme !
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