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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quoi, qu'entends-je ?
Il paraît que Racine a écrit des comédies ?
En tout cas au moins une. Je viens de la lire et je ne m'y attendais pas. Elle m'a eu par surprise.
Et il était doué pour ça, le bougre !
De ce que dit la préface, Racine a été incité à cette comédie par ses amis, dont Nicolas Boileau.

J'ai vraiment bien rigolé. L'auteur a laissé là l'antique et la mythologie pour s'amuser de travers de certains de ses contemporains : le goût compulsif du procès.
Son Dandin est un vieux juge prêt à tout pour se rendre au tribunal pour juger. Malgré la vigilance de son fils et ses employés, il glisse entre leurs pattes, passe par le soupirail ou le toit. Juger, il doit !
Quant à son Chicanneau, c'est un partenaire de jeu parfait, puisqu'il est drogué aux attaques et aux appels. Il emploie tous les moyens légaux, pendant des décennies si nécessaire. Et vu son nom, vous aurez compris que ce n'est pas pour débattre de sujets critiques. Il a d'ailleurs une sacrée concurrente en la personne de la Comtesse, aussi addicte des salles de tribunal et pour des sujets aussi sévères. Et quand ces deux-là s'opposent pour des raisons… on va dire loufoques, cela crée plus d'orage que le ciel d'août. de fil en aiguille, on finira par faire le procès d'un chien qui a volé un chapon en cuisine.
Bien sûr, il faut une petite histoire d'amour interdite, entre Léandre le fils de Dandin, et Isabelle la fille de Chicanneau. Ces deux-là ont la tête sur les épaules et ne sont pas les derniers des imbéciles. Ils sont aidés dans leur plan par « l'Intimé » secrétaire et le portier Petit-Jean.

Racine impose un rythme d'enfer à sa pièce qui tient en trois actes. Les vers se succèdent comme des wagons de TGV, un seul souvent réparti sur deux voire trois acteurs. Ça coupe sans cesse la parole et ça moque tous les styles déclamatoires des avocats. Comme chez Molière, la lecture prive du jeu de scène qui est important par moment, et est là pour faire rire. Mais j'en ai trouvé une version sur YouTube. Je vais la tenter.

Dommage que la fin soit un peu expédiée et sans rapport direct avec le procès qui précède. Mais qu'importe ! le plaisir instantané est là.
De ce que je vois sur Babélio, les lecteurs sont très partagés. Moi je me range dans le camps des satisfaits ; et j'ai Louis XIV dans ce camp-là paraît-il.
J'aurais bien voulu que Racine fasse d'autres comédies, quitte à faire la nique à Molière.
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La seule comédie écrite par Racine souffre un peu d'être comparée aux onze autres pièces de cet auteur, qui sont toutes des tragédies, et dont la majorité sont des chefs-d'oeuvre du patrimoine classique. Et c'est bien dommage, car c'est une pièce qui tient la comparaison haut la main avec la plupart de celles de Corneille, qui a eu en son temps un très grand succès, et qui au fil du temps, s'est effacée devant ses consoeurs tragiques que sont « Phèdre », « Andromaque » ou « Britannicus ».
« Les Plaideurs » d'ailleurs ressemble assez à une comédie de Molière : d'une part, c'est la description d'une manie, et même une monomanie qui, sans être un vice, est de nature à perturber quelque peu celui qui en est atteint et son entourage. Et justement, c'est son entourage (son fils, et ses valets) qui vont profiter de ce dérangement à des fins personnelles et sentimentales. Et d'autre part, c'est l'attaque d'une institution – la justice – qui, comme la médecine, trouve dans ses excès la source même de son ridicule.
L'histoire, tirée toute droite des « Guêpes », d'Aristophane, est celle de Dandin, atteint de tribunalite aiguë. Pas méchant bougre, mais que voulez-vous, il faut qu'il juge et prononce une sentence, en frappant avec son petit marteau. Et ça tombe bien, voici deux plaideurs qui eux ont la manie de chicaner, vu qu'ils sont procéduriers en l'âme : ce sont Chicaneau (le bien nommé) et la Comtesse de Pimbesche. Or il se trouve que Léandre, le fils de Dandin, est amoureux d'Isabelle, la fille de Chicaneau. Les tourtereaux, aidés par Petit-Jean, le portier, et l'Intimé, le secrétaire, vont monter un faux procès autour d'un chien qui aurait mangé un chapon, et par la ruse, obtenir le consentement du juge à leur mariage.
C'est donc une farce, dans la plus belle tradition, servie, on s'en doute, par une langue admirable, et truffée de vers immortels qui sont passés à la postérité :
Certains sont inscrits dans la pièce elle-même :
« Point d'argent, point de suisse, et ma porte était close ».

« Mais j'aperçois venir madame la comtesse
De Pimbesche ; elle vient pour affaire qui presse ».

« Hé! Monsieur,peut-on voir souffrir des malheureux ?
- Bon! cela fait toujours passer une heure ou deux ! »

« Si vous parlez toujours, il faut que je me taise ».

« Qu'est-ce qu'un gentilhomme? Un pilier d'antichambre ».

« …il s'agit d'un Chapon,
Et non point d'Aristote et de sa Politique ».

Et parfois ce sont de vrais adages ou proverbes qui voient le jour
« Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fira :
Tel qui rit vendredi dimanche pleurera. »
« Qui veut voyager loin ménage sa monture ».
« Sans argent l'honneur n'est qu'une maladie. »
« On apprend à hurler ... avec les loups »
Un des joyaux du patrimoine théâtral, un peu oublié, mais qui mériterait, par la qualité de sa composition et l'excellence de son texte,
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Je n'ai toujours pas vu « Les Plaideurs » au théâtre mais comme je viens de lire « Titus n'aimait pas Bérénice » le roman de Nathalie Azoulai qui parle de Jean Racine cela m'a donné envie de relire cette pièce étudiée à l'école. C'était il y a pas mal de temps mais je suis contente d'avoir retrouvé certains vers restés dans ma mémoire.
Ce sont les alexandrins plus que l'histoire qui m'ont séduite. On y trouve de fameuses expressions comme « Qui veut voyager loin ménage sa monture » ou « On ne court pas deux lièvres à la fois ».
Cette satire féroce du monde de la Justice a la particularité d'être la seule comédie de Racine. Elle date de 1668 et n'a rien à envier au génie de Molière en la matière.
La folie des procès y est rendue ingénieusement avec un argument pourtant simple et usuel de deux amoureux désirant se marier mais à qui il faut l'accord de leurs parents. On retrouve aussi dans cette pièce, un juge dépravé qui fait un procès à un chien, des plaideurs qui ne vivent que d'affaires et de causes perdues, des valets malicieux qui se transforment en procureur et en avocat.
Avec des vers riches et envolés truffés de termes juridiques devenant grotesques Racine fait aussi échos à notre époque nourrie de procès dont on peut parfois s'interroger sur le sens.


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Attention, attention !
Il n'est pas de bon ton d'aimer les plaideurs.
Il n'est pas bien de dire que l'on a ri en le lisant.
Il est bon de dire que Racine ne savait pas écrire de comédies, contrairement à Corneille ou à Molière.
J'adore les plaideurs.
Cette pièce m'a toujours fait beaucoup rire.
Et pourtant, cette comédie qui se passe en Basse-Normandie est tout sauf drôle.
Elle nous parle de la corruption qui sévit dans le bel univers de la justice au temps de Louis XIV.
Elle nous montre des familles prêtes à se ruiner pour un procès.
Elle nous montre des monomaniaques prêts à tout pour assouvir leur passion : plaider.
Passion ou névrose, d'ailleurs ? L'on est plus proche de la deuxième dénomination, même si, à l'époque, cette notion n'existe pas encore. L'un quitte sa maison à l'aube, est surveillé étroitement par ses domestiques pour ne pas aller juger, l'autre fait de même, pour plaider. Et, au milieu de ses obsessions, l'on trouve une comtesse, que ses proches ont interdite de procès, un peu comme l'on interdirait un joueur de casino de nos jours.
Bien sûr, l'on a un couple d'amoureux, Léandre, fils de Dandin, et Isabelle, fille de chicanneau, qui ont appris à maîtriser le langage juridique grâce aux obsessions de leur père respectif, et qui sauront tirer leur épingle du jeu.
Ne l'oublions pas : toute pièce de théâtre mérite une bonne mise en scène, et de bons acteurs. La scène ne souffre pas la médiocrité, et c'est de rythme, d'énergie qu'a besoin cette oeuvre.
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Rien de tel que d'assister à une représentation de ce grand classique dans une mise en scène ingénieuse et originale pour se remémorer que cette pièce proposée à l'étude dans les collèges, conserve encore aujourd'hui une puissance comique inégalée tant la satire du monde judiciaire qu'elle dépeint reste d'actualité.
Tous ceux qui ont traîné leurs guêtres dans les salles d'audience des palais de justice et qui ont une certaine connaissance des prétoires, ne peuvent que sourire en reconnaissant la persistance des travers parodiés par Racine : justiciables acharnés poursuivant des procédures sans fin pour un intérêt du litige minime, avocats prolixes qui endorment les juges (à coup de citations latines ou autres ), arguments de défense traditionnels employés de manière récurrente ( oh, le délicieux passage des chiots orphelins présentés pour attendrir le juge chargé du procès de leur père, le malfaisant chien Citron qui a eu l'audace et le tort de voler un chapon !)
Cette pièce qui constitue l'unique incursion de Racine dans la comédie, reprend une intrigue brillamment construite par le comique grec Aristophane et elle était présentée aux spectateurs du Grand siècle en complément d'une grande pièce en 5 actes (souvent une tragédie) pour leur permettre de se détendre. On imagine bien comme ils devaient rire de bon coeur à une représentation si malicieuse des travers de leurs contemporains.
Le théatre classique est intemporel et sa perfection est telle qu'il traverse les siècles sans prendre une ride et en procurant toujours le même plaisir à ses spectateurs.
Puisse Georges Dandin rester longtemps parmi nous et amuser des générations de collégiens qui aborderont avec plaisir la découverte de l'excellence de la langue et de la littérature française!
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Dans les Paideurs (1668), la seule et unique comédie qu'il ait composée, Racine se moque des juges et des avocats, de leur jargon et de leurs chicaneries. La pièce a tout d'une farce : on y voit un juge obsédé par l'idée fixe de faire sans cesse et sans raison des procès ; dans sa folie, cet homme, Dandin, finira par juger un chien accusé d'avoir volé un chapon (un poulet) ; au cours de ce procès saugrenu, ledit chien sera assisté et défendu par deux avocats improvisés au discours totalement farfelu et incohérent, avocats qui, pour mieux plaider la cause de leur “client”, présenteront au juge une portée de chiots, laquelle portée pissera partout sur la scène... de la farce, donc, mais composée, comme les autres pièces de Racine, en alexandrins, c'est à dire en vers de douze syllabes chacun - l'alexandrin étant considéré, en poésie, au XVIIe siècle, comme le vers noble par excellence.
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Une excellente pièce de théâtre. On ne peut que regretter que Racine n'ait écrit qu'une comédie.
On se moque à la fois des plaideurs et des juges, avec au deuxième plan la classique intrigue amoureuse des comédies de cette époque.
On s'amuse vraiment, c'est très rythmé dans le ton, il y a beaucoup de jeux de mots et de vers, bref j'ai adoré et je cherche déjà à en voir une représentation.
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