Les magazines de la série Regards sur la peinture avaient tous le même plan : biographie du peintre, analyse d'une dizaine d'oeuvres avec quelques doubles pages et de nombreux agrandissements d'une zone, présentation de l'ensemble des oeuvres avec aspects historiques et stylistiques. de la bonne vulgarisation, venue d'Italie vers la fin des années 1980.
Pris dans une pile retrouvée derrière le chapeau d'une armoire, celui-ci m'a surtout fait envie par une reproduction en double page de la Grenouillère, un de mes tableaux préférés. Il vaut à lui seul le voyage pour New-York : la vision des reflets dans l'eau est saisissante de mobilité, et je suis sûr qu'on peut jouer à « 1,2,3, soleil » : il est impossible que ces vaguelettes ne bougent pas quand on tourne le dos.
Un amateur comme moi en apprend forcément pas mal en lisant la biographie, et même dans la présentation de l'oeuvre. Tout le monde se souvient qu'un tableau de Monet a donné son nom à l'impressionnisme, tout le monde a en tête « Monet n'est qu'un oeil, mais quel oeil ! » (Au fait, qui a dit ça?), mais quelques rappels bien organisés ne font pas de mal.
J'arrête ici, vous laissant quelques citations en vrac pour juger si cette lecture serait utile pour vous.
« divise les tons et applique des touches de couleurs pures, des couleurs qui, composées et mélangées, donneraient le ton local, laissant à l'oeil le soin de créer la fusion. »
« Le détail agrandi de la page d'à côté révèle la technique de Monet qui reste fidèle à la règle de base de la peinture à l'huile : la couleur grasse recouvre la couleur maigre, les couches diluées sont recouvertes de couches plus riches en huile. »
« Mon atelier ! Mais je n'ai jamais eu d'atelier, moi, et je ne comprends pas comment on peut s'enfermer dans une pièce », et montrant le paysage de Vétheuil, il s'exclame : « le voilà, mon atelier ! »
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Monet renonce à peindre ce que nous savons des choses pour peindre, de la façon la plus vraie possible, ce que nous voyons.
[...]
Quand on parle d' « impression », il ne faut pas y voir seulement le phénomène optique, mais aussi l'émotion que ce phénomène suscite chez l'artiste : hors de la routine utilitariste de la vie quotidienne, on voit avant tout ce que l'on choisit de voir, et l'on voit ce que l'on aime. Monet, lui, aime le plein air, la lumière solaire, les choses et les homes qui irradient le bonheur ; il célèbre cet amour avec la fraîcheur et la joie instinctive de celui qui se sent aimé à son tour, qui s'exalte face à la beauté que ses yeux ont découverte et révélée en premier, que son âme avant toute autre a senti vibrer et resplendir.
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Mais, faisant fi de l'avis général, il décide de ne pas suivre les cours à l'Académie et d'étudier seul en fréquentant de temps en temps l'atelier de Charles Jacques et l'Académie Suisse où il rencontrera Pissaro. La découverte des œuvres de Delacroix et les discussions à la Brasserie des Martyrs enrichissent son patrimoine culturel et son expérience artistique plus que n'importe quel enseignement scolaire.