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L'exquise saveur de l'ennui », un premier roman de
Roger Remacle, chimiste de profession qui arrivé à l'âge de la retraite s'est tourné entre autres activités vers l'écriture.
L'histoire est relativement simple. Sans dévoiler l'intrigue, il s'agit d'un artiste désabusé qui, au tournant de la soixantaine, décide de tout laisser derrière lui et de quitter l'environnement dans lequel il a passé son existence. Mais cet exil n'est pas seulement géographique. L'objectif de notre héros est de faire place nette dans son esprit, effacer de sa mémoire tout ce qu'il a vécu jusqu'alors pour se plonger volontairement dans l'ennui. Plus de contraintes sociales, plus de sentiments, pas de souvenirs à emporter, pas de futur à décider. Mais est-ce aussi simple ?
Bien sûr tout ne pas va se passer comme prévu et l'action va finir par reprendre ses droits au grand dam de notre homme. L'amour va également être de la partie. La peur, la haine, la vengeance, toutes ces émotions dont il ne voulait plus entendre parler s'invitent à la fête.
Ce premier livre m'a fait passer par plusieurs états d'âme quant à sa lecture. Certains passages sont très bien rédigés avec un vocabulaire choisi et une syntaxe agréable. Les scènes d'action sont assez bien rendues. Par contre, à l'image des premiers chapitres, certaines pages sont assez pour ne pas dire très lourdes à digérer. En particulier l'exposé des motivations à l‘origine de la retraite de notre artiste et surtout les justifications de l'auteur qui veut absolument nous convaincre du bienfondé de sa théorie. J'ai cru par moment être plongé dans un précis de « psycho-philosophie » au demeurant un peu confus avec un vocabulaire à la clé quelque peu trop recherché par rapport au style général de l'histoire. Les références au Caravage, qu'on ne peut ignorer si l'on a passé quelques temps en Sicile, sont intéressantes mais pas toujours amenées à bon escient. Cela permet en tous cas au lecteur d'être au courant des préférences de
Roger Remacle en matière de peinture.
Autre interrogation : que vont penser les Siciliens de cette histoire ? Vont-ils se sentir flattés par la description presque idyllique de leur pays et des paysages qui le composent ou alors profondément fâchés par les stéréotypes caricaturant les habitants et leur caractère à la limite de la parodie ? A force de présenter Venise et les vénitiens sous un jour un peu trop critique, Dona Leon a pris le parti de ne pas faire traduire ses romans en italien par peur de rendre le lectorat local mal à l'aise…
Je trouve que pour un premier roman,
Roger Remacle ne s'en sort pas trop mal malgré quelques travers de débutant. Les passages érotiques légèrement accrocheurs n'apportent pas grand-chose mais semblent être là uniquement pour attirer le lecteur, à l'instar du quatrième de couverture. Exigence de l'éditeur ?
Gageons que pour son prochain roman, il saura éviter les écueils rencontrés lors de la rédaction de ce premier opus.
Jean-Claude
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