Venu rendre visite à son ex-coéquipier Hollmann, Clerfayt rencontre par hasard Liliane Dunkerque, pensionnaire comme son ami d'un sanatorium perché dans les montagnes suisses. La jeune femme est gravement malade mais a, comme le pilote, une grande soif de vie et de liberté.
Abandonnant son vraisemblable amant Boris, elle s'enfuit avec Clerfayt. Avec lui, elle parcourra un petit d'Europe : Paris, la Sicile, Monte-Carlo, la Côte d'Azur... Elle veut vivre, vivre pleinement, sans chaînes, avant qu'arrive sa fin bien trop proche.
J'ai eu du mal à entrer dans l'histoire durant environ le premier tiers du livre. Puis ça a été mieux. On s'attache facilement à Liliane, aussi étrange qu'elle ait pu paraître à Clerfayt parfois. Probablement, à sa place, aurions-nous agi de manière similaire, souhaitant profitant à fond des quelques semaines ou mois qui restent. Vingt-quatre ans... C'est bien jeune !
Dans cette course au bonheur, on finit par se laisser entraîner. Finalement, ça a été une lecture plutôt plaisante !
Challenge XXème siècle 2020
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Je lutte contre une ombre, disait-il, contre quelqu'un que je ne peux pas saisir. Quelqu'un d'absent qui n'en est que plus présent, qui est plus fort que moi, parce qu'il n'est pas là. Il est sans défaut parce qu'absent, on le nimbe d'une auréole. Il a mille armes contre moi, qui suis près de toi, moi que tu vois comme je suis. Oui, je suis en ce moment furieux, injuste, mesquin, idiot même, et tu me compares à l'intangible image de l'autre qui est sans ternissure, qui ne commet pas de faute parce qu'il ne fait rien et ne dit rien. Je ne peux pas me défendre. On ne lutte pas non plus contre le souvenir d'un mort.
- Il y a toujours danger à entreprendre ce que l'on ne possède pas à fond.
- Et quand on possède les choses à fond? demanda Liliane.
- C'est plus dangereux encore, lui répondit Clerfayt, parce qu'on cesse d'être prudent.
- Partir n'est pas toujours la solution la plus simple, on ne divorce pas d'avec soi-même.
- Si, insista Liliane, c'est la solution idéale quand on sait que le désir de possession vous fait prisonnier et que, de toutes façons, l'on ne peut rien retenir ; même pas soi-même.
- J'ai l'impression de me frotter à des êtres qui s'imaginent être éternels. Du moins agissent-ils ainsi. Ils défendent leurs biens et ratent leur vie.
Clerfayt sourit :
- Durant la guerre ils se sont juré de ne jamais plus retomber dans ce travers, dit-il, l'homme est grand par sa faculté d'oubli.
- Ne se doute-t-il pas, songeait-elle, que jamais plus nous ne serons unis comme en cet instant? [...] Il ne sait pas que proférer une parole me coûte parce que j'ai le cœur gonflé, que quelques noms sont sur mes lèvres et que le sien est parmi ceux-là.
Extrait du livre audio "À l'Ouest, rien de nouveau" d'Erich Maria Remarque lu par Julien Frison. Parution CD et numérique le 11 août 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/louest-rien-de-nouveau-9791035405885/