Enfantasme met en scène un chaman, un homme de savoir et de magie brute et ancienne, qu'un chef de tribu mande afin de lui ordonner de fabriquer pour lui un enfantasme, un enfant artificiel fait d'éléments et animé par magie. J'ai très fortement repensé à FullMetal Alchemist pour le thème de l'homonculus, cousin du golem de l'ancienne littérature hébraïque, repris notamment par le regretté Sir
Terry Pratchett dans Pieds d'argile, entre autres bien entendu. Très vite le lecteur repérera en plus de très nets indices menant aux légendes de la Table Ronde, et en déduira l'identité du narrateur.
Le Garçon qui franchissait les rapides : Caylen, jeune garçon d'un village aux accents celtiques, est la bête noire du village, rejeté par tous excepté un seul ami de son âge à cause de pouvoirs qu'il ne comprend pas bien lui-même et qui lui permettent de nier ce que les autres prennent pour la réalité et d'en percevoir d'autres. Un jour un guerrier étranger arrive, porteur d'une étrange lance dont il prend particulièrement soin.
Thorn : Thomas est sculpteur de son état, et travaille à la confection de statues pour le compte de la future église chrétienne locale - mais Thomas travaille aussi, également, sur la statue de Thorn : un dieu païen, "de la vraie foi", beaucoup plus chargé de signification et de pouvoir pour les habitants du cru, et il accomplit ce travail sur les ordres même du dieu qui l'a appelé et promet de le récompenser pour son oeuvre.
Les Arbres à charisme : le dernier texte se présente sous forme de journal, contemporain contrairement aux autres récits (1992-4). Une universitaire, Rebecca Knight, du département de Botanique de Cambridge, enquête sur un bois de chênes plurimillénaires entre études sur le pollen, problèmes de voisinages avec des chasseurs de trésors peu scrupuleux en quête d'antiquités, et un mystérieux pouvoir semblant émaner des arbres eux-mêmes.
Le monde de magie ancienne et de croyances en rapport avec la nature de
Holdstock est loin des concepts New-Âge à la sauce baba-cool : les dieux et pouvoirs sont dangereux, incontrôlables et réclament rémunération en nature, en sang, en vies. L'auteur est souvent cru dans ses propos et ses idées, et sait instaurer des atmosphères malsaines qui n'induisent pas le lecteur en erreur quant à sa philosophie narrative. J'y ai vu une forme d'hommage aux anciennes croyances et cultures - en quoi exactement est-ce réaliste ou corrélé par les fouilles et découvertes les plus récentes, ça je ne saurais le dire, mais il règne dans ces légendes et récits aux goûts immémoriaux un surnaturel sombre et cruel très assumé. Je le rapprocherais un peu, dans mes lectures relativement récentes, de Faërie de Feist.
A titre personnel je n'ai pas toujours été totalement transportée par les idées et développements de l'auteur, mais je lui reconnais un style fort et assez particulier, entre violence et lyrisme, et un bon rythme de nouvelliste. J'aime par contre assez les thèmes abordés même si je les préfère parfois traités différemment. Je reviendrais sans doute à l'occasion vers cet auteur pour en lire plus.
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