AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,43

sur 79 notes
5
9 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
4 avis
1
3 avis
RENTREE LITTERAIRE 2020

Georges Pérec avait sa « Vie mode d'emploi », Jean Rolin aura son « Pont de Bezons ».
C'est un livre qu'il faut lire une carte Michelin à la main, pour le suivre dans ses déambulations entre Melun et Mantes. Parce que le Pont de Bezons, on le connaît surtout pour être une station de la ligne de Tramway, traversant la Seine entre, d'un côté Nanterre et Colombes dans les Hauts-de-Seine en rive gauche et de l'autre côté Bezons dans le Val-d'Oise, en rive droite.
Jean Rolin va arpenter une zone située entre Melun et Mantes, et entre les dates de Août 2018 à fin Août 2019 – c'est précis, il s'agit de « mener sur les berges de la Seine (…) des reconnaissances aléatoires, au fil des saisons, dans un désordre voulu ».
Avec Rolin on fait de l'histoire (un peu) et de la géographie (beaucoup). L'auteur narrateur déambule tout autour du pont, à pied, et découvre l'envers du décor, celui que ne verront jamais les Franciliens qui prennent l'Autoroute ou la Nationale 6 à proximité.

On y découvre la France périurbaine, comme disent aujourd'hui les sociologues, avec ses camps Rom, ses réfugiés, sa faune (oiseaux, poissons, ragondins … …) et sa flore locales, ses boutiques (12 salons de coiffure détaillés sur la « route de Paris ») souvent désaffectées, ses cafés tenus par toutes sortes de « minorités ou encore son postier qui nous fait bien sourire.
On y déambule, on circule, on découvre à hauteur d'homme, et on fait défiler une liste de communes de la grande couronne : Choisy, Ivry, Charenton, Corbeil, Argenteuil, Villeneuve-Saint-Georges, la Garenne Colombes… un véritable tour d'horizon de cette France de la périphérie de Paris.

On croise aussi des artistes : il y est question de Caillebotte, et peut-être d'une maison qu'il aurait habitée – chacun se fera une idée en regardant une représentation du tableau intitulé « Vue de la Seine et de la rive d'Argenteuil », mais aussi on va parler Céline, de Proust, De Maupassant ou même Mme de Sévigné.

Et puis enfin on y parlera de l'homme, Jean Rolin. de son enfance, de ses secrets de famille, de sa relation avec « Celui-des-Ours » qu'on ne connaîtra pas.

Rigoureux (pour ne pas dire maniaque dans son souci de tout décrire ce qu'il voit), mélancolique, teinté d'humour, pour moi « le Pont de Bezons » est une sorte de portrait en creux de l'auteur narrateur. Avec beaucoup de subtilité, sans faire la Une des actualités, avec un côté un peu « vieille France », Jean Rolin nous décrit son univers … et c'est l'auteur qu'on découvre autour détour d'une phrase.

Un grand roman sur le temps et l'espace donc, plutôt intemporel, avec un vrai regard à hauteur d'homme sur des lieux qu'on ne regarde plus, penchés que nous sommes sur nos écrans de téléphone portable, une sorte de contre-feu allumé par le narrateur pour nous rappeler à être un peu plus dans l'ici et maintenant – presque un manuel de sagesse donc.
Commenter  J’apprécie          6110
Curieux roman ! Jean Rolin nous promène aux bords de Seine parmi les détritus, les oiseaux, les roms, les arbres, les commerces. C'est quoi ce truc ? Et en même temps, je continue à le lire parce qu'il n'est pas épais et que je suis curieuse de savoir où il va nous emmener. Pas bien loin, au final.
Commenter  J’apprécie          392
Je chemine depuis quelque temps avec Jean Rolin, de « Zones » en « Chemins d'eau » en passant par « Ormuz ».

Mais cette fois je me suis vraiment sentie proche de lui car je connais une grande partie de son itinéraire.

Les bords de Seine je m'y promène, mais Jean Rolin fait beaucoup plus. Il les dissèque, les décortique, va au bout de ce que l'on ne fait qu'apercevoir.
Les bords de Seine impressionnistes ont aussi leur revers, leurs campements de Roms ou de Tibétains, leurs friches industrielles, leurs sentiers qui ne vont nulle part.
Tous ces endroits où l'on se dit qu'on aimerait savoir où ils mènent, d'où vient le nom de cette impasse, comment s'appelle cet oiseau, et est-ce que ces oeufs de cygnes vont éclore.

Le style de Jean Rolin va avec sa personnalité. Il fait dans la précision et la poésie, et pour cela il n'hésite pas à ouvrir des parenthèses, à digresser pour aller au bout de sa pensée.
Cela donne de longs paragraphes dont on ne perd pas une miette, car au détour d'une phrase va surgir le trait d'humour, ou la pique qui va donner tout son sel à sa démonstration.
Un camp de Roms à Noël et de la musique ? Oui c'est exotique et dépaysant, mais bon c'est de la musique enregistrée, on n'est pas non plus dans un conte de Noël….
Un panneau précisant que Madame de Sévigné a vécu dans le très chic Maisons-Laffitte ? Savent-ils qu'elle a aussi vécu à Villeneuve-Saint-Georges au-dessus d'un fast-food ?

J'ai vraiment apprécié ce livre qui m'a amusée, étonnée, dépaysée aussi, bien qu'il se passe en banlieue parisienne.
Monsieur Rolin, entre deux destinations lointaines, n'hésitez pas à nous parler de l'Ile-de-France, au moins nous pouvons facilement aller sur place votre livre à la main…
Commenter  J’apprécie          294
Voilà un carnet de route le long des rives de la Seine, d'amont en aval, de Melun à Mantes, Paris excepté. Il faut tout le talent de l'auteur pour nous attirer et nous retenir en ces lieux. C'est presque à contre coeur que nous le suivons dans ses vagabondages, sur ces berges souvent boueuses, plus ou moins accessibles, encombrées d'obstacles, décorées d'entrepôts délabrés et d'usines obsolètes, habitées par des êtres en marge, roms, émigrés plus ou moins clandestins, et où seule une faune aviaire bien vivante nous laisse penser qu'ici comme ailleurs la nature aura la patience de reprendre peu à peu tous ses droits.
C'est le moral en berne que le lecteur tournerait les pages, s'il n'y avait le talent de l'auteur, son ironie discrète et désabusée, son élégante mélancolie, ses fausses naïvetés semées mine de rien au hasard des pages, bref s'il n'y avait un ton et un style.
Commenter  J’apprécie          130
Je suis complètement passée à côté de ce récit, que je qualifierais d'ailleurs plus comme un témoignage plutôt qu'un roman.

Au début du livre est dessinée la Seine avec toutes les villes qu'elle traverse en région parisienne, c'est bien pour se repérer. Seulement, l'auteur en évoque qu'une petite moitié en décrivant ce qu'il voit autour du fleuve : la faune et la flore, le nid de certains animaux pour le positif.
Sinon sont décrites les entreprises puis les terrains vagues squattés par les roms et des réfugiés dont certains seraient plutôt à classer comme communautaires vu comment il accueille l'auteur lors de ses déambulations. Parce qu'il ne s'agit que de ça en fait, un gars qui se promène et qui regarde la vie autour de lui. Je ne suis même pas sûre d'avoir compris l'histoire de famille...
Commenter  J’apprécie          130
J'aime les récits de voyage, même si les pas de Jean Rolin ne me conduisent pas plus loin que Melun, en amont, et Mantes-la-Jolie, en aval, le long du chemin de halage de la  Seine.

Jean Rolin est l'auteur du Traquet kurde . Ces deux mots s'appliquent également au Pont de Bezons . L'auteur, très attentif aux oiseaux,  fera entendre l'alouette grisoller ou tirelirer,  observer les nids des poules d'eau et  ceux des cygnes, découvrir le vanneau sociable, espèce très rare,  dans un groupe de vanneaux huppés.  Quant aux Kurdes il tentera de les approcher à Corbeil dans un café où était affiché le portrait d'Ocalan, sans beaucoup de réussite. 



Déambulation sur une courte distance  mais de longue durée:  de juillet 2018 à juillet 2019. L'auteur ne suit pas un itinéraire défini par un topo-guide de Grande Randonnée (GR2). Il  improvise son itinéraire sur les berges du fleuve. Il revient sur ses pas, saute des étapes. Parfois il passe la nuit à l'hôtel.

Voyage sur les traces des impressionnistes, sur les champs peints par Monet, dans les résidences de Caillebotte, inspiré aussi par Céline, par Maupassant. Voyage culturel, parfois historique mais ce n'est pas l'essentiel. Voyage très contemporain avec inventaire des friches industrielles, des ronds-points et des campements roms (et de leurs destructions), inventaire des bistros turcs ou kurdes, des coiffeurs de Villeneuve-Saint-Georges, des bouisbouis et MacDo. Au hasard des rencontres il tombe sur un pique-nique...

Il me semble que j'aurais pu le croiser, vers Vigneux ou Villeneuve, ou sur l'Île des Impressionnistes à Chatou.  Mais non! je marche sur les sentiers balisés de peinture rouge et blanche alors que Rolin n'y fait jamais allusion. Prudente, je franchis rarement les grillages et les murs, je fuis les campements louches, j'évite les talus glissants. Ce livre me dévoile les lieux pas très bien famés pleins de poésie. Je le relirai en rentrant de mes sages expéditions. J'éviterai les berges de l'Yerres à Villeneuve-Saint Georges de peur de rencontrer l'homme à la planche.



Ce livre ne me quitte pas, il me hante encore dans mes promenades.
Commenter  J’apprécie          110
J'adore les livres de Jean Rolin et "Le Pont de Bezons", sa dernière création, ne déroge pas à la règle. Mais, contrairement au "Traquet kurde" ou à "Crac", pas d'exotisme géographique cette fois. Juste une petite promenade le long de la Seine entre Melun et Mantes-la-Jolie. Une très belle traversée à la fois mélancolique, humoristique et ironique au plus près du réel, une marche attentive pour voir ce que le proche a à offrir. le projet peut sembler modeste ou léger voire ennuyeux et pourtant Jean Rolin réussit un livre très beau en ne partant de presque rien et en restant profondément humain. Mélancolique, car en plus de descriptions dans les trois dimensions de l'espace, Jean Rolin ajoute celle du temps. Observant le présent, le lecteur découvre ce qu'il y avait avant, du temps de Caillebotte ou des guinguettes De Maupassant. Mélancolique, mais pas nostalgique, car Jean Rolin s'intéresse aux vivants, à ceux qui vivent dans cette France périphérique, dans ces quartiers populaires, dans cette banlieue parisienne qu'il arrive à décrire (on se demande comment) finement et justement, sans rendre l'entreprise ennuyeuse. Son écriture est d'une très grande précision, attentive aux moindres détails. On croise donc pêlemêle des commerces de banlieue, des poissons, des coiffeurs, des oiseaux, des installations militaires, des plantes, des friches industrielles, des personnages historiques ou familiaux et quelques personnages récurrents comme « Celui-des-ours » dont on ne sait pas grand-chose (seulement qu'il accompagne le narrateur) et puis monsieur Loutre, facteur étonnant au nom encore plus surprenant. C'est drôle, mais sans être caustique ou méchant. Jean Rolin écrit à hauteur d'homme et son grand talent, c'est cette affection, cette humanité, une forme de tendresse sans naïveté et sans mièvrerie qu'il arrive à mettre dans des choses modestes ou ridicules, sans se moquer ou sans ricaner. On est presque navré pour lui de ce lavabo de McDo bouché qui menace de déborder, on sourit au fameux lever de soleil sur le pont de Bezons qui revient plusieurs fois, on rit gentiment de notre narrateur qui sans complaisance nous raconte qu'il se « casse la gueule » bien qu'il s'y « attende depuis un bon moment ». Inclassable, "Le Pont de Bezons" est vraiment un excellent livre, bourré d'humour et de tendresse, où le merveilleux et les rencontres se produisent de la manière la plus simple, où il n'est pas nécessaire d'aller à l'autre bout du monde pour vivre d'étonnantes aventures. Il suffit de passer le pont.
Commenter  J’apprécie          110
Une lecture d'où n'émerge pas un certain intérêt après avoir pourtant insister pour trouver ce qui pourrait le susciter ne mérite pas qu'on la prolonge ! Cette pérégrination sur les bords de seine entre Mantes et Melun avec des descriptions cliniques d'objets souvent industriels (sous la forme de vestige ou en activité) est lourde et l'attente d'une histoire qui pourrait égayer la narration est vaine !
Commenter  J’apprécie          100
Heureux celui qui a vu le jour se lever sur le pont de Bezons. Chanter Bezons, voici l'épreuve, ti, tsui en quoi consiste le chant du pouillot véloce. du côté de l'eau, cette promenade est bornée par une balustrade dont la partie supérieure est hachurée de traînées blanches par les chiures de mouettes ou peut être de sternes pierregarin. Henri Michaux tro For[
Commenter  J’apprécie          100
Conflans, Corbeil, Gennevilliers, Asnières ou Epinay, les ponts qui enjambent la Seine ont souvent ponctué mes paysages quotidiens. Je les ai regardé, si loin de tout, en traits- d'union tout juste utiles au bref passage d'une rive à l'autre, qu'ils me semblaient à la fois présents et absents du décor. Seuls les tableaux de Monet ou Caillebote m'obligeaient parfois à y rechercher les traces timides d'un passé bien révolu.
Je remercie Jean Rolin du voyage qu'il nous propose, le long des berges du fleuve, devenu une Amazone urbaine, dont les sentiers de halage, les terrains vagues perdus, les friches en tout genre recèlent une humanité discrète, et quelques trésors de vie sauvage aux noms de plantes et d'oiseaux.
Bien sûr on rencontre des tags, des pneus empilés, des lieux saccagés comme cette lande de Sainte Assise mais les odeurs de barbecue, le père et le fils qui s'éloignent en vélo: "on n'a pas vu d'oiseaux aujourd'hui", cet homme ni turc, ni kurde qui croit l'espèce humaine indivisible et le Mont Ararat infranchissable, ces réfugiés peut être afghans, le facteur M Loutre, tous semblent retrouver dans le regard de l'auteur, une épaisseur chaude de dignité et de simplicité. J'ai aimé ce livre en regrettant toutefois la volonté de Jean Rolin de s'effacer devant ce qu'il décrit, les belles pages consacrées à l'oncle Joseph auraient peut être gagné à plus de développement. L'auteur reste à distance, son compagnon de route Celui des Ours l'est plus encore, le lecteur doit accepter ce retrait, peut être est ce le prix à payer pour mieux entrer dans le décor du fleuve, fermer les yeux et imaginer, du bout de cette pointe touffue, cette vue toujours renouvelée sur le pont de Bezons;
Commenter  J’apprécie          101




Lecteurs (169) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres de Jean Rolin

Chemins...

...de terre
...d'eau
...de feu
...d'air

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Jean RolinCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..