Est ce une illustration, est ce une biographie, est-ce les deux ? A travers l'artiste connaît on l'oeuvre ? Ou à travers l'oeuvre connaît on l'artiste ? Qui est la main, qui est le regard ? Et puis peu importe puisque ce qui prime c'est : l'Esprit. L'acharnement de la douleur de
Michel-Ange.
Il est le Divin. Celui qui rêvait de sculpter les montagnes. le peintre, celui de l'enfer. Architecte dantesque. Il connaissait
Dante sur le bout des doigts, et en parcourant son oeuvre il nous en donne lecture. Qui sont « ces illustres » ? de quel étoffe sont faits les héros que nous sanctifions? de courage, de vertu, d'inconscience ? Ou tout simplement d'âme et de chair ?
Michel-Ange était pétri de contradictions, de peurs, d'angoisse. Il n'aimait pas
Léonard de Vinci.
Et ce n'est pas seulement uniquement par qu'il n'aimait pas la peinture. Mais peut être parce que ces deux illustres n'étaient pas fait de même matière. Vinci apportait la Lumière,
Michel-Ange, lui, était de cette matière qui se consume pour créer la Lumière. Vinci était libre. Michel -Ange se sacrifiait.
Il s'enflammait de tout bois. Partout des oeuvres, partout des commencements, partout des ébauches, partout des échecs partout l'inachèvement. Et pourtant il y parvint. Et c'est en cela qu'est peut être le miracle, si miracle il y a. Toute son oeuvre lui paru être un gâchis, un échec. Ce n'est ni la joie, ni l'extase qui le remplit. Aucun contentement.Aucune plénitude. de la douleur, de l'écoeurement, du dégoût.
Et pourtant, il a réalisé ce que bien peu d'hommes ont su réaliser. Il a traversé les siècles. Presque immortel...éternel? Peut on dissocié
Michel-Ange de l'acte religieux ? Non. Ce n'est pas tant par les thèmes qu'il a illustrés, ceux qu'on lui a commandés, qu'on lui a imposés, c'est dans l'Esprit de son geste, dans celui de sa quête, dans ses échecs, ses terreurs, ses tourments qu'il est indissociable de la chrétienté.
Il est l'illustration d'un tourment, du combat entre le Bien et le Mal, le fruit conscient d'une pensée.
Vinci était un humaniste.
Michel-Ange ne l'était pas.
Michel-Ange n'avait qu'une pensée : sauver son âme. Vinci explorait la nôtre. Mais l'un et l'autre sont illustres.Tous deux sont des Maîtres. Tous deux nous rapprochent et nous élèvent.
Chez
Michel-Ange, la beauté illustre la douleur. Voilà la parole de son geste, voilà l'intelligence de la perversion d'un génie. le Divin martyrisé.
Astrid Shriqui Garain