Les objets d'un usage courant ont généralement un caractère d'uniformité, mais tous ceux qui ne rentrent pas dans cette catégorie déterminée par les besoins usuels, doivent nécessairement se rattacher au goût particulier de leurs possesseurs.
Tout homme ayant une certaine éducation et des sentiments élevés, donne aux objets servant à son usage personnel un cachet répondant à son caractère, au degré de ses connaissances, en un mot un aspect qui soit en parfaite harmonie avec ses idées.
Le nom de collectionneur, très moderne, écrivait M. Henri Bouchot, s'applique mal aux librairies impersonnelles du moyen âge, où les livres venaient prendre place successivement comme les objets d'orfèvrerie s'entassaient dans les trésors. Les grandes abbayes, les riches basiliques de la France primitive confondaient parfois les évangéliaires ou les missels, avec les objets du culte en métal précieux, et le même coffre enfermait les uns et les autres.
C'est du livre, étudié à ce point de vue, dont nous allons nous occuper.
Le goût le plus vif, la passion la plus prononcée en faveur des belles reliures ayant appartenu à des souverains, à des princes ou à des personnages illustres à divers titres, est un des caractères dominant de la bibliophilie contemporaine; les exemplaires provenant de collectionneurs célèbres obtiennent des prix excessifs.