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EAN : 9782864324522
106 pages
Verdier (06/10/2005)
5/5   1 notes
Résumé :
À l’origine de cet essai, l’observation de figures récurrentes dans une œuvre, celle d’Antoine Volodine. Ces figures, qui se confrontent à la fin tout en la refusant, une enquête les a repérées chez des auteurs contemporains qu’on imagine proches : Pierre Guyotat, Valère Novarina, Olivier Rolin mais aussi chez des auteurs en apparence plus éloignés : Jean Échenoz, Jean-Philippe Toussaint, Éric Chevillard ou encore Pascal Quignard.
Cette récurrence n’est pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Philosophie, littérature et histoire pour lire le sens de la « fin de vingtième siècle ».

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/09/03/note-de-lecture-le-denouement-lionel-ruffel/

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On le voit, s’il existe un discours qui tente de réduire à néant ce que fut le XXe siècle, bien des œuvres de pensée, bien des œuvres romanesques se rejoignent sur la nécessité de les inscrire dans cette histoire. Il ne s’agit pas, loin s’en faut, de revenir à une conception de l’histoire que seul le progrès ou la passion du nouveau déterminent mais de s’appuyer sur une bibliothèque et sur un monde pour renouveler l’histoire des formes. Car là encore, il faut répéter que l’époque n’est pas inférieure aux autres, que son sens n’est pas totalement atomisé (qu’autour du mot « dénouement », une telle constellation se dessine suffit à le prouver) et qu’il existe des visibilités historiques qui apparaissent pour peu qu’on veuille les voir. Parmi ces visibilités, une des plus importantes semble se dessiner autour du mot « fin », qu’il ne faut pas isoler mais accompagner de tous les autres noms qui le supposent : deuil, héritage, histoire, nouveau, renouvellement, naissance, etc. Cette série construit un nom, « le dénouement » qui, pour paraphraser Jean-Claude Milner, sténographie la fin du XXe siècle.
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Le dénouement désigne, dans le vocabulaire théâtral, un temps de résolution qui clôt une pièce. Après la péripétie et le point culminant, il tente de lever les contradictions et de défaire les fils de l’intrigue. Pour cette raison, le dénouement n’est pas définitif, il est même plutôt fondateur. Ni début, ni fin, limité et transitoire (comme ce « parapet ridicule » où vient s’asseoir Dondog), il déploie une temporalité complexe, tout à la fois tourné vers le passé qu’il transforme et le futur qu’il autorise. Le dénouement ouvre à l’inconnu, au « vide », à « ce qui allait suivre », sur les ruines et les restes du passé. Contrairement à son sens originel, il n’est pas, dans la dramaturgie classique, dénouage, déliaison ou rupture mais propose une nouvelle configuration de l’histoire, une solution, purgée de ce qui l’empêchait (catharsis). Pour ces quelques raisons, qui engagent néanmoins beaucoup, « le dénouement » pourrait nommer la fin du XXe siècle, du moins pour ce qui concerne l’histoire littéraire et celle des idées. Cette période pourrait alors être regardée comme une étape de la séquence qui débute au tournant des XVIIIe et XIXe siècles. Cette histoire, comme dans la tragédie classique, connut des temps d’exposition (le pluriel est de rigueur pour un flux non pas unique et linéaire mais multiple, accidenté et tout en superpositions), des montées de tension, des crises, des nœuds, des catastrophes. Ces histoires, celles des « modernités », ont souvent manqué de dénouements, plus coutumières qu’elles furent des tables rases, qui en forment l’exact opposé. Ce sont ces modernités, et ce qu’elles supposent, qui sont, dans le champ théorique et artistique mondial, l’objet de conflits. Si ces conflits ne sont pas nouveaux tant ils sont consubstantiels aux nœuds, la fin du XXe siècle semble en revanche avoir cherché de manière tout à fait originale, des voies pour les défaire. Elle semble ainsi avoir tenté de provoquer des dénouements. Qu’elle y soit parvenue n’est pas assuré, mais elle acquiert grâce à ce mouvement une historicité, une visibilité en tant qu‘époque, elle dégage des modes de représentation liés à des valeurs qui la déterminent.
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Cette colère est encore présente sous une forme agonistique dans les livres de Jacques Derrida et de Jacques Rancière et les cinq ouvrages désignent plus ou moins explicitement des ennemis : les responsables de la mort ou pour être plus précis, de la mort du mort car le communisme a été mis à mort par le communisme même. C’est son idée que le discours dominant, relevant du ressentiment et de la falsification historique, veut effacer à jamais. Il s’agit donc bien moins d’une mort que d’un meurtre et, peut-être moins d’un meurtre que d’une tentative de meurtre. Un adversaire s’incarne sous divers masques, mais c’est toujours le nihilisme et une forme de révisionnisme qui reviennent. Il devient alors essentiel d’adopter une posture face à la mort. Face au vide historique que bien des discours prédisent ou construisent, il faut savoir se situer.
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Suivant en cela les philosophes, on posera pour l’instant comme oeuvre fin de siècle une œuvre qui se tient face à lui, qui en fait sa matière. Mais disant cela, on n’a encore rien dit. Il faut une œuvre traversée par l’histoire et marquée par le fantasme de la fin. Être traversé par l’histoire, c’est interroger un certain art du siècle ; c’est aussi interroger les moyens de la littérature, et plus précisément, cela reste à démontrer, du roman. Les œuvres qui nous intéressent dans ce second temps doivent avoir en quelque point et à quelque époque manifesté un attachement au marxisme. Elles doivent, pour être plus précis, conjuguer une préoccupation politique et une recherche formelle, étant entendu que le formalisme marque l’histoire du XXe siècle. Les œuvres littéraires ne viennent évidemment pas illustrer les discours de philosophie politique. Mais elles travaillent des idées proches par la mise en scène de figures problématisant la fin. Les œuvres du dénouement développent ainsi de manière inhabituelle les thèmes de la vie après la mort, de la naissance, des fantômes, des restants, etc., figures récurrentes formant un réseau qui mérite d’être analysé.
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La pratique de l’anticipation est d’un immense intérêt pour problématiser la fin et ouvrir à la spectralité d’une époque. Elle fait du présent un passé et donc l’historicise et l’achève. Elle nous place au cœur du dénouement et le condamne à un certain tragique. De la sorte, on ne s’étonnera pas du ton et de la dimension apocalyptiques qui traversent ces livres et dont on a pu montrer qu’ils étaient fortement, presque essentiellement, liés au discours postmarxiste. Parler du futur suppose une délibération sur un présent achevé auquel on assure un avenir. L’anticipation introduit donc de l’histoire et s’oppose à l’éternel présent. Elle ouvre la voie de l’héritage et de la transmission. Et c’est, formulé autrement, le devoir d’inventaire qu’on retrouve.
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Vidéo de Lionel Ruffel
Vendredi 9 août 2019, dans le cadre du banquet d'été "Transformer, transfigurer" qui s'est déroulé à Lagrasse du 2 au 9 août 2019, Lionel Ruffel tenait la conférence "L'épreuve du feu"
Rien ne transforme plus que le feu et les fictions. Et peut-être les fictions ne sont-elles qu'une manière de conjurer la puissance terrifiante du feu, la puissance qu'a acquise celui qui l'a domestiqué. Comme toute domestication, celle-ci est réversible et entraîne une dépendance. Domestiqués par le feu, les anciens formaient des cercles narratifs autour du foyer pour tromper la nuit, qui jusque-là, leur imposait ses rythmes. Puis l'on s'est mis à tracer des lignes, écritures, codes, frontières, voies de circulation et d'échange et ces lignes ont produit une immense accélération, une propulsion, une incandescence. Le feu est désormais partout, il nous appartient d'en faire l'épreuve
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