Annabelle et Zina :
Je vous conseille de ne pas lire la quatrième de couverture pour que ça reste un peu mystérieux pour vous, cette rencontre entre deux femmes dont on comprend qu'elles ont subi ou participé à un même drame. Et l'on se rend compte que la culpabilité peut anéantir la vie d'une personne, destinée à l'amour et à ses promesses mais qui, suite à un accident, se détourne de ce chemin pour s'enfermer dans un certain cynisme froid (mais aussi très lucide parfois) et se refuse le droit d'être heureuse. Tandis que la haine et la colère peuvent aussi masquer un déni de ses désirs profonds et une mauvaise foi quant à une vraie culpabilité que l'on cherche à se masquer… Je n'en dirai pas plus, à vous de découvrir.
Le fils :
Dans cette pièce, cent personnage défilent pour parler tour à tour du « fils », personnage ainsi décrit et caractérisé par les autres, à travers lesquels on commence à percevoir la vie qu'il a pu avoir et la personnalité excentrique et étrange. Car non, les témoignages, qu'ils soient ceux de femmes ou d'hommes de passage dans la vie amoureuse du fils, de sa mère, de sa grand-mère, d'amies, de connaissances, de piliers de bars, de « collègues » écrivains et metteurs en scène ne concordent pas toujours entre eux et l'on en vient à s'imaginer des tas d'hypothèses pour expliquer tout cela.
Le fils a-t-il été très pauvre avant d'avoir du succès en tant qu'auteur et de devenir riche ou bien faisait-il semblant d'être riche et accumulait-il les dettes, à moins qu'il ait plutôt fait exprès de cacher sa fortune à certains ? Était-il véritablement malade ou hypocondriaque, ou bien hypocondriaque puis vraiment malade (et quelle était cette maladie, le sida, un cancer, la schizophrénie, la mythomanie ?) ? Était-il un écrivain génial ou raté ? Couchait-il avec une multitude de femmes par plaisir ou pour se masquer à lui-même son attirance vers les hommes, ou bien était-il bisexuel ? Était-il malheureux durant l'enfance (ce que le discours de sa mère rigide qui voit en lui une punition du ciel et un instrument de rédemption porte à croire, et qui laisse penser que ses troubles trouvent là leur origine) ou bien est-il sincère quand il a dit à une des femmes avoir eu une « enfance heureuse à la campagne » ? Souffrait-il d'angoisse, était-il idéaliste ou obsédé sexuel ? Était-il amnésique (suite à son accident) à la recherche de son véritable « moi », comme le héros d'une des pièces de théâtre qu'il avait écrit ? le fils était-il un affabulateur, un manipulateur, ou a-t-il eu mille vies différentes, ou était-il tout ça à la fois, simultanément ? Et dans quelle mesure les personnes interrogées ont-elles bien ou mal interprété ses comportements, l'avaient-elles cerné ? Cela, c'est à chacun de le dire, après avoir vu ou lu cette pièce qui parle formidablement de la construction de soi de chaque être, au cours de sa vie et dans la vision que les autres ont de lui, pas de vérité, chacun aura la sienne…
Commenter  J’apprécie         40
Deux assurances-vies, ça m'a coûté les yeux de la tête ! Enfin, dans ce domaine, il ne faut pas regarder à la dépense...
Quand mon mari est mort, écrasé sous sa dépanneuse, j'ai écrit à mon assureur, mais la lettre m'est revenue avec la mention "Décédé".
Il voulait que je l'aime aussi fort qu'il m'aimait, mais il ne m'aimait plus ! Il voulait croire à tout ce qu'il disait, mais il y croyait si peu qu'il finissait par aimer le silence...
Respecter la mémoire d'un homme revient souvent à supprimer ce dernier de la sienne.
Il délira pendant quarante jours et quarante nuits, récitant pêle-mêle tous les Évangiles, une vraie colique !
Écrire... C'est encore une manière de tromper sa solitude et d'enterrer la mort sous des phrases...
femmes, de Christian Rullier.