Le papillon nocturne voltige autour de la lanterne jusqu’au point du jour, puis il retourne vers ses semblables et il les informe de la condition mystique par le propos le plus délicat. Ensuite il va s’ébattre joyeusement avec la preuve obtenue, en désirant atteindre la perfection. La lueur de la lanterne est la « science de la vérité », sa chaleur est la « vérité de la vérité », son atteinte est le « Vrai de la vérité ».
Le papillon ne se contente pas de la lueur de la lanterne, ni de sa chaleur, il s’y précipite tout entier, tandis que les formes (de ses semblables) attendent son retour afin d’être renseignées sur sa vision, parce qu’il ne s’est pas contenté d’une simple information. Seulement ce papillon a été consumé, il s’est anéanti, volatilisé, il n’en reste plus la moindre trace, ni corps, ni nom, ni vestige. Mais pour quel motif devrait-il retourner vers les formes créaturelles, et pour assumer quelle condition, après ce qui lui est advenu ? Celui qui a obtenu la vision n’a plus besoin d’information, et celui qui a atteint l’objet de la vision n’a plus besoin de voir.
De telles significations mystiques ne peuvent s’appliquer à l’individu timoré ou défaillant, ni au misérable, ni à celui qui recherche la sécurité. (Ce papillon est) Comme moi ! C’est comme si j’étais lui ou comme s’il s’agissait de moi ! Inutile de s’alarmer si je dis « moi » (innî) – du fait que l’opinion commune (zann) ne saurait admettre que « moi soit Je » (Dieu) à présent ou le devienne ou l’ait été. (pp. 123-124)
Le nom d’Iblis dérive de son nom (d’origine qui est) ‘Azazel. Le ‘Ayn est dû à la hauteur de son ambition. Le (premier) Zâ est dû à la démesure de son excès dans son propre excès. L’Alif représente ses vues concernant sa propre ipséité. Le second Zâ est dû au fait qu’il s’est privé de son rang hiérarchique (auprès de Dieu). Le Yâ vient de ce qu’il s’est replié vers la science (de celui) qui le devançait. Et le Lâm est dû à sa controverse durant son refus. (p. 139)