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3,79

sur 176 notes
Le début du roman de Richard Russo donne le ton des quelque 700 pages qui vont suivre. Nous sommes dans le cimetière de Hilldale à North Bath implanté à quelques mètres d'une zone polluée fréquemment arrosée par des pluies torrentielles. « Après une bonne tempête, rien ne vous certifiait que la tombe sur laquelle vous veniez vous recueillir renfermait le même cercueil que la semaine précédente » écrit l'auteur.
Douglas Raymer, le chef de la police, assiste à l'inhumation du juge. Il chute malencontreusement dans le fosse et perd une télécommande de garage qu'il a retrouvée à côté de sa femme décédée dans un stupide accident. « Cette femme s'est amusée à descendre l'escalier comme un Slinky » décrit un témoin. On imagine la scène ! Douglas, persuadé que le propriétaire de la télécommande n'est autre que l'amant de son épouse, passe une bonne partie de son temps à tester le petit objet sur toutes les maisons du voisinage afin de découvrir l'identité du traître.
Aux côtés de ce personnage pathétique et malchanceux qui va frôler la folie évolue une belle brochette de bras cassés, de bas du plafond, de Pieds-Nickelés mais aussi de vrais méchants.
Richard Russo prend un malin plaisir à accentuer leurs défauts même s'il éprouve une affection communicative pour eux. Sauf pour l'affreux Roy qui frappe les femmes plus vite que son ombre.
Parmi les protagonistes les plus « savoureux », il y a Sully, septuagénaire condamné par la médecine mais qui continue à picoler et à fumer. Jamais avare d'une bonne blague, il a donné à son chien le prénom de son meilleur ami, un gars bègue et plus que simplet. Une plaisanterie qui donne lieu à une succession de quiproquos réjouissants.
Gus Moynihan, le maire de North Bath flanqué d'une épouse complètement toquée, qui tente de donner à une ville à l'économie atone et à la population inculte un dynamisme qu'elle n'a jamais connu. Peine perdue : les malheurs vont s'abattre sur la bourgade. Les égouts fuient dégageant une odeur pestilentielle, la terre tremble, l'orage gronde, un cobra se balade en liberté... Alors que Shuyler, la localité voisine, respire la réussite et le raffinement.
Il y a aussi Carl Roebuck, un businessman raté et véreux, qui a « des problèmes de bite molle ».
Parmi les femmes, il y a Ruth, la patronne du café, ancienne maîtresse de Sully et dame qui ne s'en laisse pas conter. Et aussi Charine, l'adjointe de Douglas. Elle est noire et un brin parano, persuadée que son chef se moque d'elle à cause de sa couleur de peau. Son frère Jerome, maniaque jusqu'à l'obsession, vaut aussi le détour.
Avec leurs fêlures, leurs secrets, leurs inimitiés mais aussi leurs amitiés indicibles, leur solitude, leur besoin d'amour, ils sont à la fois drôles et touchants. Ils veulent partir mais, finalement, ils restent parce que c'est dans cette communauté qu'ils ont leurs racines, leurs habitudes. Et c'est le talent de Russo, formidable conteur à la langue fleurie et croqueur de personnages, de savoir nous faire rire du malheur des autres, surtout des hommes dominés par des femmes fortes et parfois hystériques ou tout simplement folles. Un portrait réjouissant et absurde de la comédie humaine !

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BIenvenue dans une ville qui n'a pas de bol (mur qui s'écroule, cobra en liberté) tout comme la plupart des personnages de ce roman qui sont tournés en dérision par l'auteur mais toujours de manière bienveillante. On sent tout l'amour de l'auteur pour ses personnages et il nous le transmettre.
Cette ville a pour chef de police Raymer, un peu trouillard, qui en prend pour son grade en essayant de gérer tout ce petit monde malgré son manque de confiance en lui et une déprime depuis la mort de sa femme qui le hante. C'est une télécommande de garage qui le rattache encore à sa femme et qui doit lui permettre de retrouver son amant. Heureusement, Raymer est aidé dans ses fonctions par Charice, pleine de malice, qui pourtant est postée au standard du poste de police et qui le guide par radio.
Les situations sont hilarantes portées par des personnages parfois loufoques, la femme du maire qui communique avec les morts grâce à son téléphone, Jérémy, qui fait une crise d'angoisse, l'entrepreneur véreux Carl. Tous sont attachants. On retrouve Sully, le personnage principal d' “un homme presque parfait”, avec un chien qui aime le mordiller le zizi. Il y a bien sûr un méchant violent auquel on ne peut pas s'attacher Roy mari violent sorti de prison prêt à se venger.
QUel plaisir de retrouver le sarcasme de Russo que je n'avais pas lu depuis un petit bout de temps. Malgré les railleries de l'auteur, les personnages nous charme, ils ne sont jamais grotesques et on ne peut que regretter de les quitter. D'ailleurs, le fait de ne pas avoir lu un homme presque parfait m'a trotté dans la tête tout le début de ma lecture mais les personnages et les liens entre eux sont bien posés donc cela ne manque pas.


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Un vrai coup de coeur que ce roman de Richard Russo, qui a d'ailleurs reçu le grand prix de littérature Américaine 2017.

Un récit qui prend corps dans la petite ville de Bath, éternelle deuxième de la classe face à sa concurrente Schuyler Springs, qui attire les investisseurs et un développement économique plus vertueux, faisant passer Bath comme désuète, peuplée de péquenauds à la ramasse.

Mais peu importe en finalité, car cette intrigue, qui se déroule sur 48h seulement, est peuplée d'une foultitude de personnages a qui un chapitre est dédié alternativement pour au fur et à mesure en faire monter l'intensité pour le plus grand plaisir d'un lecteur déjà sous le charme d'une telle maîtrise d'écriture.

C'est drôle, cynique, tragique, violent, pathétique, schizophrénique même, et Richard Russo grâce à une panoplie de personnages tous plus cabossés les uns que les autres, nous fait pénétrer avec brio dans la peau et le ressenti de chacun, force majeure du roman pour moi.

On suit donc Douglas Raymer, chef de la police, ayant perdu sa femme quelques années plutôt et ayant une tendance manifeste à n'en faire qu'à sa tête. Tête qu'il a d'ailleurs un peu dans le brouillard depuis ce tragique épisode, à tel point qu'il apparait n'être plus vraiment lui même.

Et puis il y a aussi Sully, le gars du cru, le pilier de comptoir, rusé, malin, et que tout le monde connait à Bath. Les années ont passé et bien qu'il n'ai plus sa vigueur d'antant, son esprit
et sa bonté n'en on pas pris un coup.

La liste est longue mais Roy est celui qui va véritablement faire basculer cette histoire. Repris de justice au caractère impitoyable et vil, il est celui qui va déclencher les hostilités et entrainer tout ce petit monde dans une atmosphère de tensions et de pressions psychologiques insoutenables.

Ce roman tient vraiment de la satire sociale, avec un réalisme sociologique des plus efficaces, qui nous fait vraiment visualiser cette ville, ces personnages et cette ambiance de plus en plus délétère.

On ne s'ennuie pas un seul instant, et les dialogues, savamment mis en place donnent un vrai rythme qui donne l'impression au lecteur d'en vouloir toujours plus et d'être difficilement rassasié, non pas parce que ce n'était pas bon, mais simplement parce qu'on voudrait de cet humour, de cette réalité des bas fonds de l'Amérique profonde.
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Richard Russo a construit son roman en plusieurs chapitres avec un titre annonciateur: chaque personnage a ses chapitres, chapitres toujours en lien entre eux. le lecteur y découvre les habitants de cette ville qui se meure des États-Unis avec ses questionnements, ses défauts, ses vécus, son probable avenir… On pourrait penser que Richard Russo a voulu faire une satire de ces personnages d'une Amérique profonde mais il en est rien. L'auteur nous livre une réflexion sur la société, sur l'homme en relation avec l'autre sans tomber dans le patho, et c'est toute la subtilité de A malin malin et demi! En le lisant, j'ai vu les images de cette ville, de ses habitants, ses diners… Richard Russo décrit au mieux cette Amérique avec de jolies pointes d'humour bien réparties. le nombre de pages, plus de 600, pourrait refroidir mais une fois passé les 50 premières pages (que j'ai trouvé longues…), ce roman se lit facilement et on s'attache facilement à ces habitants tous cabossés par la vie mais qui s'en sortent plutôt bien au final. En refermant A malin malin et demi, on se dit que Richard Russo a en fait écrit du réalisme.
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« A malin, malin et demi », c'est la vie de Bath, une petite ville américaine, pendant quarante-huit heures.

On y découvre Raymer, le chef de la police, jeune veuf obsédé par l'idée de découvrir qui est l'homme pour lequel sa femme avait projeté de le quitter avant sa mort, Sully, ancien combattant amoureux de la même femme, mais pas la sienne, depuis trente ans et Roy, repris de justice qui va faire basculer tout ce petit monde en l'espace de deux jours et deux nuits.

Le texte est savoureux, drôle et émouvant. On s'attache aux personnages cabossés par la vie et qui peinent à trouver leur place dans un monde qui ne tourne pas très rond. Tous se poseront à un moment du récit la même question : « Qu'as-tu fait de ta vie ? ». Des personnes qui se posent cette question sont forcément de bons sujets de roman.
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Un roman très bien construit mais plutôt longuet, des personnages qui ne m'ont pas vraiment touchée, même si cette lecture m'a accrochée jusqu'au dénouement!
Les héros sont nombreux, pas tous recommandables, capables de grandeur autant que de faiblesse, parfois touchants, souvent énervants, mais on sent que l'auteur les a chéris, fignolés, et j'ai apprécié la richesse de leurs pensées intérieures.
Belle écriture empreinte d'ironie et d'indulgence pour ces laissés pour compte. Et une mention toute spéciale pour Miss Beryl, la prof retraitée et ses petites questions complètement essentielles !
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Bath, petite bourgade américaine, transpire sous la canicule mais souffre également du marasme économique et la poisse semble coller à la plupart des habitants. Parmi eux, Raymer, agent de police, qui vient juste de perdre son épouse bien-aimée mais qui est obnubilé par sa possible infidélité. Autour de lui, toute une galerie de personnages : Sully dont le coeur fatigué menace de lâcher, Carl l'entrepreneur véreux porté sur le sexe, Rub le fossoyeur beg déprimé, Charice la fliquette noire et son frère Jérôme tout gentil ces derniers temps... et d'autres encore tout aussi paumés... Dans la ville en pleine effervescence depuis qu'une usine s'est écroulée et qu'un cobra s'est mystérieusement échappé, les personnages vont se croiser, mêler leurs peines autour d'une bière ou tenter le geste de la dernière chance...
Cette chronique sociale douce-amère dresse le portrait d'Américains cabossés par la vie, qui se rattachent chacun à une idée fixe pour tenir bon. Il ne se passe pas grand chose ds l'histoire, mais le fourmillement d'idées, la densité des personnages et de leurs relations, les détails de chaque moment en fond un livre riche qu'on déguste lentement.
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De Richard Russo, j'ai lu "le déclin de l'empire Whiting" il a cela plusieurs années, un livre que j'avais beaucoup aimé. Et paradoxalement je n'ai pas cherché à lire un autre roman de cet auteur. Une erreur réparée par la lecture de ce roman, une erreur à ne pas reproduire. Cet auteur est vraiment un très grand de la littérature américaine et ce livre est un sacré roman. Plus léger dans le ton que "le déclin de l'empire Whiting" il nous offre pourtant une photographie saisissante de cette Amérique "profonde". Sous des dehors de comédie c'est une formidable chronique sociale que nous livre l'auteur. On suit pendant 48 heures les déboires de Douglas Raymer chef de la police locale et de plusieurs de ses concitoyens. C'est un roman tout a la fois drôle, tendre mais aussi profondément humain. Car on s'y attache a cette bande de losers, ces hommes et femmes qui ne sont jamais sortis de leur trou, qui ont toujours vécus ensemble, qui s'aiment, se détestent. En plus d'être parfaitement écrit, ce roman se distingue par son inventivité, par son rythme trépidant. On n'a pas le temps de s'ennuyer en le lisant. On en redemande.
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Si le roman met un peu de temps à se mettre en place, c'est ensuite un plaisir de suivre les protagonistes dans leurs démêlés du quotidien, dans ces petites histoires qui font les grosses embrouilles. Richard Russo s'en sort à merveille avec ce sac de noeuds et propose là une piste de réflexion assez maligne sur le vivre-ensemble dans une société morose et sans débouché apparent.
L'article complet sur mon blog.
Lien : https://touchezmonblog.blogs..
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Richard Russo continue ses chères études sur les petites villes du nord des États Unis en faillite économique et comme toujours c est absolument savoureux.. C est très bien écrit, les personnages sont attachants et .. c est hilarant !! Il m est arrivé plusieurs fois d éclater de rire à la lecture de ce (gros) pavé... À lire sans modération ce livre vous mettra la banane pour la semaine
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