Précisons que cet ouvrage est le texte d'une thèse de doctorat. Ce qui ne participe guère à sa fluidité et au plaisir de la lecture. Par contre, il est extrêmement bien référencé et rigoureux dans sa démonstration et ce qu'il révèle est loin d'être sans importance pour la compréhension du cheminement de la pensée de Marx.
Kohei Saĩto a participé à la nouvelle édition allemande des oeuvres complètes de Marx-Engels en sa partie dite MEGA 2; partie qui réunit les nombreux manuscrits et lettres non publiées précédemment. On y découvre que la relation entre humanité et nature était devenue pour le Marx de la dernière période un thème essentiel. Si la notion d'écologie n'existait pas encore, on ne peut que constater que Marx en a anticipé alors pleinement l'importance.
"Les développements de la présente contribution ont montré que l' "optimisme progressiste" souvent attribué à Marx n'est qu'une projection superficielle et rétrospective de l'idée prométhéenne des 19e et 20e siècles sur la pensée de Marx."
"Nature et société doivent être saisies dans la réciprocité de leur relation et l'analyse scientifique explique en conséquence la déstabilisation de l'écosystème à partir de la spécificité du mode de production capitaliste comme mode historique d'organisation de ce métabolisme."
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Le premier chapitre de mon travail montrera que dès 1844, Marx voit dans la relation entre l'être humain et la nature une question centrale de sa théorie de l'aliénation. Pour lui, la rupture radicale de l'unité primitive entre l'être humain et la nature est à l'origine de la vie aliénée moderne, il lui oppose l'idée émancipatrice de la réunification de l'humanité et de la nature sous la formule "humanisme = naturalisme".
Avec le mode d'appropriation capitaliste, le "métabolisme" individuel et social s'est considérablement appauvri, précisément à cause du caractère de classe caché, parce que la masse des travailleurs y est soumise à un pouvoir étranger, celui de l'argent, indépendamment de ses besoins concrets.
Le capitalisme pourrait très bien continuer à profiter de l'exploitation sans scrupule des richesses naturelles jusqu'au moment où la nature serait à ce point détruite qu'une grande partie de la terre serait devenue inhabitable.
Ce qu’il y a d’important dans la contribution scientifique de Marx aux débats écologiques actuels, est sa démonstration, conduite à partir des déterminations fondamentales de la société marchande, que la valeur comme médiation du caractère transhistorique entre l’humanité et la nature, est incapable de satisfaire aux conditions matérielles d’une production durable. (page 314)
11 novembre 2023 - Kohei Saito, le Capital dans l'anthropocène
En partant de Marx, Kohei Saito montre comment la logique du capital, en s’écartant du cycle naturel éternel, rompt l’harmonie entre les hommes et leur environnement (l’interaction métabolique). Il introduit le modèle décroissant, l'appliquant simultanément à la production et à la consommation, et promeut ainsi un communisme décroissant et écologique dans un monde post-capitaliste.