Ce livre fait l'historique des expéditions espagnoles en Amérique du Nord au XVIe siècle et de leurs échecs.
La première partie est un récit chronologique des différentes expéditions. Leur histoire se lit comme un roman d'aventure.
Les premières furent celles de Cortez explorant les côtes de Californie, mais contrariées par ses rivaux et le pouvoir royal. Celle de Navarez en Floride, finit en désastre, mais Álvar Núñez Cabeza de Vaca, un des rares survivants, parcourut pendant 6 ans le sud des futurs États-Unis, vivant parmi les Indiens comme guérisseur, avant de rejoindre Mexico. De Soto, débarqué en Floride, explora les grandes plaines d'Amérique du Nord, découvrit le Mississipi, mais son expédition finit par un désastre encore plus grandiose.
L'auteur s'intéresse aussi aux combats qui opposèrent Espagnols et colons protestants français en Floride. Si ces derniers furent exterminés, les Espagnols réussirent difficilement à maintenir leur présence, menacés par les tribus indiennes qui avaient bien profité des divisions des Européens.
La dernière expédition est celle de Francisco Vásquez de Coronado, dans le sud-est du continent nord-américain Beaucoup plus importante, visant à coloniser ces régions, elle échoua devant les révoltes indiennes.
La seconde partie étudie les conditions matérielles et spirituelles de ces expéditions. Le financement est toujours privé, mais sous le contrôle des autorités royales, qui en attend des bénéfices; leur armement et leur tactique sont théoriquement supérieures, mais dans les faits ils sont inadaptés. L'auteur aborde aussi les buts des conquistadors - l'argent avant tout, mais aussi la gloire ou la religion -, le moral et la discipline des troupes, leurs relations avec les Indiens, presque toujours faites d'incompréhension et de mauvais - même si certains conquistadors désertèrent par amour pour de belles Indiennes.
Dans le titre, l'auteur met à égalité Indiens et Conquistadores. Dans son récit cela est moins vrai; les ressources documentaires au sujet des Indiens étant faibles, il parle beaucoup plus des Espagnols. Les tribus indiennes persurent immédiatement le danger que représentaient les Espagnols, mais aussi leur faiblesse numérique et tactique. Elle adoptèrent une stratégie de guerilla. La seule bataille ouverte, contre les Choctaw à Mavilla, aboutit à un massacre de ces derniers. La violence des sociétés indiennes surprit les conquistadores, sans qu'ils remettent en compte leur propre violence.
Le dernier chapitre est l'un des plus intéressants. Pour ce débarrasser de ses envahisseurs, les Indiens leur parlait d'une riche civilisation plus au nord. Cela devint pour les Espagnols le mythe des Sept cités de Cibola. Mais l'auteur montre que pour les Indiens, c'était déjà un mythe faisant référence à la cité de Cahokia, désertée au XIVe siècle.
Ces expéditions échouèrent car contrairement au Mexique et au Pérou, il n'y avait pas de pouvoir central auquel les Espagnols auraient pu se substituer. Au contraire, pour avancer, leurs faibles troupes s'affaiblirent en se mêlant aux multiples conflits opposant les tribus indiennes. Et les richesses immédiates attendues ne furent jamais présentes, alors qu'ils pouvaient jouir de celles du sud du continent. Le tour des Espagnols ayant passé, ce fut celui des Anglais.
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Après Cortés et Pizarro, l'histoire de la poussée vers le Nord des conquistadores en quête de nouveaux eldorados.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Mais en bon chrétien, il est un point sur lequel Cabeza de Vaca ne saurait transiger : l'homosexualité masculine et le travestissement, une pratique largement tolérée par les populations indiennes d'Amérique du Nord.
"Chez eux [toujours dans l'ile de Galveston], je fus témoin d'un fait diabolique : je vis un homme qui était marié à un autre, je vis aussi d'autres hommes marié de même à d'autres hommes efféminés; ils étaient vêtus comme des femmes; ils tiraient de l'arc et portaient de très grands fardeaux; nous avons vu beaucoup de ces espèces d'homme efféminés, ils sont plus membrus que les autres, plus grands et portent des charges très pesantes."
Une interview avec Jean-Michel Sallmann, l'auteur d'un des livres qui a le plus inspiré le scénario du film sur les Ambassadeurs : Nouvelle histoire des relations internationales, tome 1 : Géopolitique du XVIe siècle 1490-1618