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Animal lecteur tome 7 sur 7
EAN : 9781034731696
96 pages
Dupuis (13/04/2018)
4/5   5 notes
Résumé :
Il y a des symptômes qui ne trompent pas : quand un être cher au libraire de BD-Boutik, au bout du rouleau, qui comptait tant pour lui, rend l'âme (sa caisse enregistreuse...) ; quand un acheteur lui demande s'il a les idées noires et que le libraire se répand sur ses angoisses quant à l'avenir de son petit commerce avant de se rendre compte qu'on veut juste lui acheter le célèbre album d'humour noir de Franquin ; quand le libraire fonce à travers la ville avec son ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Non, mais je peux vous le commander.
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Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 6 : Un best-seller sinon rien (2016) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du septième, et malheureusement du dernier tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2018, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon (Ivan Terlecki). Ce tome comprend 92 strips.

Deux clients de la libraire spécialisée BD Boutik, discute pour savoir si Batman est vraiment un superhéros ou non, sachant qu'il n'a pas vraiment de superpouvoir… sauf peut-être un. C'est la nouvelle année et Bernard Dolcevita participe à une soirée costumée, mais elle lui rappelle un peu trop le boulot du fait du thème retenu. Qui aurait cru dans les années 1950 qu'il y aurait un jour des écoles portant le nom d'André Franquin ou de René Goscinny ? Y aura-t-il un jour un établissement Lara Croft ou super Mario ? Faut-il accéder à l'attente du public ou respecter la pureté de la vision des créateurs originels ? Pour ou contre la reprise de séries de BD comme Astérix, Spirou et les autres ? le monde de l'édition publie de magnifiques volumes patrimoniaux de BD, attirant une clientèle âgée et nostalgique dans la boutique. le représentant d'une nouvelle maison d'édition de BD vient placer ses produits à BD Boutik, traitant du sujet foot sous toutes ses formes, depuis des BD pour chaque segment du lectorat, jusqu'au présentoir en forme de cage de foot. Bertrand Dolvevita est attablé dans un restaurant avec sa femme et son fils et passe en revue les séries de BD reprises et les créateurs les ayant reprises : Lucky Luke, Astérix, Corto Maltese, Blake & Mortimer, Spirou.

Un client vient de passer en caisse et, avant de s'en aller, il remercie le libraire pour ses précieux conseils. Assis à son bureau, le libraire reçoit les clients et ils lui exposent leurs souhaits : de beaux paysages avec le souffle de l'aventure, rôle important des enfants, du soleil et des nanas, etc. Tout en rangeant les arrivées, le libraire constate que les collectionneurs sont gâtés et que les éditeurs pensent bien à eux : rééditions soignées, intégrales, souvent de bons gros volumes au prix défiant toute concurrence… Il en faut de l'énergie pour produire une bande dessinée : des usines d'impression, les poids-lourds des transporteurs, l'huile de coude du libraire : quel bilan pour la planète ? Quel est le rapport entre une liste d'animaux en voie de disparition et un libraire ? Quelquefois, un client prend le temps de parler au libraire : celui-ci évoque le fait que la bande dessinée lui a sauvé la vie, quand on l'envoyait dans la maison de son oncle, isolée de tout, mais abritant une belle collection de bandes dessinées. Un client prend une bande dessinée, un classique, tout en faisant observer que la nostalgie constitue un bon bizness.

Septième tome : le lecteur vient chercher ce qu'il apprécie dans la série. Son horizon d'attente comprend les conseils du bon libraire, les clients aux demandes impossibles et considérant que c'était mieux avant, et bien sûr des nouveautés, sans oublier le format vertical. Les auteurs ont conservé cette disposition très originale de strip en vertical, en format demi A4, tout en hauteur. de temps à autre, la conception du gag met à profit à ce déroulement de haut en bas. Par exemple, le mouvement du rideau de fer sur la couverture s'effectue de haut en bas. Ce format met plus en évidence la continuité dans le déplacement des personnages, lors des plans fixes, ces derniers représentant plus de 50% des prises de vue. En outre, cela permet de singulariser chaque strip en lui consacrant une page entière, avec une reliure résistante, ce qui n'aurait pas été le cas s'ils avaient été à l'horizontale, avec une reliure beaucoup plus petite.

Il est toujours agréable de retrouver Bernard Dolcevita, toujours aussi débonnaire, bienveillant et attentionné avec les clients, agréable en famille, et souffrant d'un mal de dos chronique. Libon n'a rien changé à sa manière de représenter le bon libraire : un gros nez un embonpoint prononcé, des bras énormes et des pieds vraiment très plats. Cette forme exagérée rend le personnage très parlant avec ses lunettes sous les yeux, ses expressions de visage appuyées pour un effet comique, son corps plutôt souple et alerte, fort sollicité pour déplacer les cartons de marchandise, et les piles de bandes dessinées. Les autres personnages sont représentés dans le même registre graphique, avec des yeux souvent en bille de lot, et des morphologies différentes, plus longilignes, ou des marques de l'âge plus appuyées pour les plus âgées. Ces caractéristiques visuelles permettent à la fois de montrer des adultes dans leur apparence, et de faire ressortir leur comportement parfois de gamin ou des réactions infantiles. L'empathie ressentie par le lecteur n'en est que plus forte, et il sourit bien volontiers avec eux, soit de leurs réparties comiques, soit de leurs malheurs, tout en éprouvant de la compassion pour eux.

Le lecteur espère également voir d'autres facettes de la vie de libraire et de l'industrie de la bande dessinée, mises en avant. Les auteurs reprennent des thèmes habituels : la reprise d'anciennes séries, les vieux lecteurs, la surproduction, la mise au pilon, avec des dessins évoquant ceux des tomes précédents, créant une continuité visuelle, comme le comptoir, la caisse enregistreuse, la tenue vestimentaire souvent identique du libraire, les cartons empilés sur le diable, l'usine de mise eu pilon. Certains éléments visuels sont récurrents de tome en tome, d'autres n'apparaissent pas dans tous. Ils développent également de nouveaux thèmes avec de nouvelles situations visuelles : le restaurant, l'usine d'impression, le bureau du PDG de l'usine de mise au pilon, la pharmacie, le cinéma, le déplacement en scooter, le camion poubelle, etc. le scénariste aborde de nouveaux territoires comme la culture vidéoludique, le plan marketing pour la mise en place d'une collection, le coût écologique de la production d'une bande dessinée, la livraison à domicile… Bien évidemment, le lecteur retrouve la culture BD, cette dimension qui fait qu'il se sent entre amis, les auteurs évoquant nominativement ou visuellement Batman, Gaston Lagaffe, Astérix, Corto Maltese, Spirou & Spip, Tintin (!!!), Lucky Luke, Garfield, Krazy Kat, Félix le chat, le chat de Geluck, Buck Danny, Dan Cooper, Tanguy & Laverdure, Les Tours de Bois Maury, Les vieux fourneaux, Seuls, Zombiellénium, Tamara (avec un commentaire très touchant pour cette dernière).

Mais arrivé dans le dernier tiers de l'ouvrage, un thème domine les autres : celui de la crise, celui de la fermeture de la boutique. Il l'a peut-être déjà constaté en consultant la dernière de couverture qui indique dans la rubrique À paraître : plus rien la série est finie, si vous aviez été plus nombreux à acheter les albums on aurait volontiers continué. Il y a un signe avant-coureur en page 15 quand le libraire est classé dans les espèces en voie de disparition. Il y en a un deuxième en page 41 avec la mention que les finances de BD Boutik ne sont pas au mieux. Page 69, Bernard Dolcevita annonce à sa caisse enregistreuse qu'il faut qu'il lui fasse un aveu avant de fermer boutique : ça y est, c'est dit. En lisant ces gags en recueil plutôt que dans le journal de Spirou, cela donne l'impression que les auteurs savaient qu'ils allaient mettre un terme à leur série et développe ce thème comme à la fois une réalité au premier degré (l'équilibre fragile d'une librairie spécialisée) et une métaphore de la clôture de la série. Il est donc question de déstockage, de prix cassés, de raréfaction des clients, de libraire se reconvertissant en éditeur, de perte de la motivation. Les gags font toujours mouche, mais comporte une forme de résignation qui n'est pas loin de l'amertume. Les auteurs n'ont rien perdu de leur verve et ils bouclent même de manière visuelle cette thématique : le pot de départ se fait avec des personnages de bande dessiné, à l'instar de la fête du nouvel an.

De plus, le lecteur observe que certains gags se répondent à plusieurs pages d'intervalles, non pas en reprenant un même thème développé différemment, mais avec un éclairage différent. Par exemple en page 12, le libraire se transforme en agence de voyage, conseillant les clients, alors qu'en page 82 sa vie est devenue une pièce de théâtre, dans un registre différent pour chaque moment, passant ainsi de la tragédie au boulevard. En page 44, Bernard Dolcevita évoque l'accélération du cycle de vie d'une bande dessinée, avec un client. le contraste est total avec le délai qui s'est écoulé entre la parution de deux tomes successifs d'une série BD (5 ans entre le tome 3 et le tome 4 de Zombillénium, d'Arthur de Pins). Régulièrement, les auteurs surprennent le lecteur avec une réflexion pénétrante sur la relation à la bande dessinée, comme l'évolution de ce qu'il y trouve en prenant de l'âge, en page 64, de l'émerveillement devant les dessins sans pouvoir lire les phylactères, jusqu'à sa dimension politique ou son importance artistique en atteignant une certaine compréhension.

Les séries ne sont pas éternelles, et les auteurs peuvent avoir envie de passer à autre chose, ou être contraints de passer à une autre création. le lecteur de bande dessinée est forcément ému à l'idée de la fermeture d'une libraire spécialisée BD, et l'arrêt d'une série qu'il a suivie pendant plusieurs tomes. Il est conscient de la chance de bénéficier de ce septième tome, d'auteurs qui parlent sa langue, qui lui parlent de sa passion avec justesse, humour et émotion.
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critiques presse (2)
Sceneario
26 juin 2018
Un septième opus, le dernier malheureusement, qui requiert de chauds applaudissements sur le travail mené par les deux artistes.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Auracan
11 mai 2018
C'est avec un réel pincement au cœur, on l'avoue, que nous avons dégusté la petite centaine de gags rassemblés dans ce recueil.
Lire la critique sur le site : Auracan
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Après 17 rappels, le service des impôts a constaté un grave manquement. Conformément à a loi du 17 novembre 1957, concernant le règlement de l'impôt anticipé, nous vous envoyons donc de méchants huissiers. Votre caisse de lois sociales est désolée de vous annoncer des pénalités. Le non-paiement des cotisations des neuf derniers mois entraîne une majoration, des poursuites, ainsi que des intérêts de retard vous pendent au nez. Vos arriérés de loyer sont faramineux. Je vous envoie donc des huissiers. Tribunal, avocat, litige, loi, intérêts de retard…
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Vous voyez à ce stade du récit l'auteur est en panne. Il va faire appel à un ami scénariste de renom. Car la publication en revue ne souffre aucun retard. Nous sommes en avril 1961, les tensions internationales sont palpables, les lecteurs veulent leur dose d'humour. Le scénario page 37 comporte une incohérence. Le scénariste de secours va réparer l'erreur. – La BD commentée
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La rentrée = sorties en pagaille. Les blockbusters qui rappliquent. Les premiers livres, les auteurs débutants noyés, perdus dans la jungle des parutions. Ranger les collections. Faire une nouvelle vitrine. Ouvrir les cartons. Déplacer. Gérer l'espace.
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Je ne peux plus garder le secret. C'est trop lourd. Pour un libraire BD, ça la fout mal, mais après tout, c'est la vérité. Je vais fermer la boutique bientôt. J'ai ça sur le cœur. Faut que je le dise. Ça me mine. Je fais mon coming-out. Je n'ai jamais lu Le mystère de la grande pyramide de Jacobs.
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Certains se cachent derrière les livres, d'autres encore s'en servent comme bouclier. Il y a en a qui se sentent protégés, pendant que des indélicats assomment les autres avec leur culture. Les uns sont transportés, et puis d'autres les transportent.
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Video de Sergio Salma (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sergio Salma
Rencontre avec Libon, auteur de BD, créateur de Jacques le petit lézard géant, Tralaland, Hector Kanon, d' Animal Lecteur avec Sergio Salma et de Sophia avec Capucine. Entretien réalisé pour le 9e festival de la BD 2011 de Massillargues-Atuech par Zoom La Rue.
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