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3,44

sur 102 notes
Mon avis est partage sur cette lecture
J ai apprecie certains passages mais dans l ensemble j'ai été déçue
Peut-être j'e attendais trop.
Ce livre m'a appris beaucoup sur Giacometti dont j ai fais plus ample connaissance en allant sur internet.
Je pense que ce que je n ai pasaime est le ton caustique du roman.
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Après la lecture de Quand tu écouteras cette chanson de Lola Lafon, je poursuis ma découverte de la collection « Une nuit au musée ».
Lydie Salvayre a choisi le Musée Picasso à Paris où se déroule une exposition d'Alberto Giacometti, sculpteur suisse connu mondialement pour ses silhouettes longilignes. C'est la première fois que je lis la plume de cette auteure pourtant très connue et je découvre ici un récit de colère, de hargne, de fureur à l'encontre des musées, lieu emblématique à ses yeux de l'élite culturelle, symptomatique d'une exclusion d'un rejet de classe. Il est amusant de constater qu'une telle femme de lettres, ayant remporté un Goncourt, psychiatre de formation, soit en quelque sorte intimidée par un musée et qu'elle l'associe ainsi à l'exclusion. Cette colère est également un prétexte pour revenir sur sa propre histoire familiale, celle d'un exil familial fuyant le Franquisme, d'un engagement politique et d'une violence paternelle très présente. Face à L'homme qui marche de Giacometti saisissant le mouvement d'une silhouette quasi dissolue dans le bronze, Lydie Salvayre remue souvenirs et amertume face à ce sentiment d'imposture contre lequel elle semble longtemps avoir lutté éprouvant les longues heures de la nuit qu'elle affronte aux côtés d'un autre exilé espagnol, Pablo Picasso, monstre sacré du modernisme et monstre dévorant dans sa vie intime.
Un très beau témoignage amenant réflexion sur ce qui fait oeuvre, référence et culture commune dans une société métissée.
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« Marcher jusqu'au soir » ; Lydie Salvayre (Stock, 210p)
Ah, cette manière abrupte d'écrire, qu'on pourrait qualifier par erreur d'excessive, alors qu'elle est simplement honnête dans ses révoltes ; c'est « une nuit au musée », dans une exposition qui met face à face Giacometti (et surtout « l'homme qui marche ») et Picasso. LS avouera plus tard dans une émission de radio qu'elle n'a jamais osé se laisser enfermer une nuit entière dans ce musée, ce livre est donc un petit mensonge, mais tellement vrai. J'ai aimé ses décrochages autobiographiques, son regard sur le personnage très touchant de Giacometti et la ténacité de celui-ci face à l'échec revendiqué, son humilité (qui fait écho à celle de l'auteure) son acharnement au travail. J'ai été aussi touché par la manière dont elle accueille son compagnon BW dans son récit, par sa lucidité face à elle-même, son sens de l'autodérision, et sa culture éclectique. Un très beau moment de lecture, un belle réflexion sur l'art en général et dans le monde d'aujourd'hui plus particulièrement.
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J'écris cette critique un peu tardivement, lu durant le printemps, ma mémoire sera un peu vacillante, mais ce que je peux dire c'est que j'ai passé un moment agréable en compagnie de Lydie Salvayre! Ce n'est forcément pas comparable dans le sujet de l'écriture, mais j'ai préféré ma première lecture avec Pas pleurer, la cause première n'est pas le talent de l'autrice mais bien le sujet qui me parlait plus.
En effet, les musées de façon générale m'ennuient au plus haut point… ado je vous aurais certainement dit le contraire car je faisais parti de ces prétentieux qui faisaient style que les musées c'était essentiel dans notre société, aujourd'hui je me suis rendu compte qu'après avoir écumé les musées, je trouvais ça sympa mais au bout d'1h de visite, l'ennuie prenait le dessus… donc vous comprendrez aisément que lire "Marcher jusqu'au soir" avec un petit roman qui ferait l'éloge du musée Picasso… c'était presque par dépit que j'ai débuté ma lecture!
Quelle ne fut pas ma surprise de me sentir proche des pensées de Lydie! Au lieu d'une éloge de ce qui aurait dû être une nuit mémorable dans un musée détenant les oeuvres de Giacometti (artiste qu'elle adore), ce fut une nuit horrible. Elle dénonce toute l'hypocrisie du "milieu friqué" dans le monde de l'art et en tout en introspection, elle revient sur son parcours et le pourquoi du comment, elle se sent indigne d'apprécier l'art de par ses racines "modestes".
Même s'il ne surpasse pas son roman à succès (ce qui n'était certainement pas sa volonté première à mon humble avis), c'est un bon roman avec une partie dans les pensées de l'autrice et l'autre plus historique sur l'histoire de Giacometti. Ce livre est bien écrit et on veut connaitre le fin mot de l'histoire.

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Marcher jusqu'au soir m'a intéressée mais ne m'a pas plu.
Intéressant tout ce qui concerne les oeuvres de Giacometti et en particulier « L'homme qui marche », que ce soit dans les descriptions ou les analyses de la signification de l'oeuvre artistique, de même que la biographie du sculpteur et peintre qu'elle esquisse rapidement vers la fin après en avoir évoqué quelques épisodes auparavant ; intéressant aussi tout le questionnement de l'artiste sur l'échec, sur la mort, et le rapport de l'art et la mort. Mais le texte comporte bien d'autres aspects. A l'origine la possibilité pour la romancière de passer une nuit entière au Musée Picasso à l'occasion d'une exposition jumelée Giacometti/Picasso. Pour originale qu'elle soit, et rare, l'expérience est-elle si enrichissante que cela ? Il faut croire que non puisqu'elle l'aborde avec mauvaise humeur et qu'elle n'en tire rien de particulier, sinon un malaise qu'elle souligne en répétant une bonne dizaine de fois qu'elle est mal installée, assise, allongée sur son lit de camp avant de conclure au matin qu'elle « décampe ». Tout ça pour ça ?
Pas tout à fait parce que c'est surtout l'occasion de parler d'elle, de ses révoltes et de ses états d'âme. A priori rien de scandaleux à cela mais je la trouve poseuse et pas toujours cohérente. le texte commence par un violent réquisitoire contre les musées, qu'elle réitère p. 201. Si elle les déteste tellement pourquoi continue-t-elle à les fréquenter et surtout pourquoi accepter la proposition qui lui est faite ? Les récits de son passé montrent son intelligence, son mérite à être devenue ce qu'elle est en sortant d'un milieu très modeste et d'origine étrangère. Manifestement il s'agit d'une femme brillante et talentueuse. Elle était psychiatre avant de se lancer dans une carrière littéraire où elle est reconnue.
Mais je n'aime pas sa façon de s'exprimer. Elle semble survoltée en permanence usant et abusant de répétitions, d'anaphores, de phrases qui n'en finissent pas… et tout cela au service de sa révolte contre le marché de l'art… Quelle dérision ! Son écriture est emphatique, parfois pédante (à propos du dévouement de Diego à son frère « je pourrais presque parler d'oblation si je ne redoutais sa valence religieuse ». Est-ce pour compenser qu'elle utilise quelques grossièretés ou des familiarités qui tombent comme des cheveux sur la soupe ? Par exemple qu'elle écrive que ses parents « parlaient le français comme des vaches espagnols » est insupportable sous sa plume car elle ne peut pas ignorer que la formule n'a aucun sens. Ses choix relèvent de la posture, voire du snobisme. Elle s'écoute écrire et c'est dommage !
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Elle est surprenante Lydie Salvayre.
Et toujours dans le bon sens.
On ne sait jamais à quoi s'attendre en ouvrant un de ses livres.
Ici, la narratrice se voit proposer de passer une nuit seule dans un musée.
Musée où se trouve « L'homme qui marche », oeuvre de Giacometti qu'elle affectionne particulièrement.
Après hésitation, elle accepte.
Mais cette nuit ne sera pas du tout ce qu'elle escomptait.
Rien, aucune émotion devant toutes ces oeuvres.
Mais des tas de remises en questions, sur l'art, sur sa vie, sur la vie, sur la mort.....
Cette nuit au musée ne lui inspire que du vide, vide dans lequel elle laisse exploser ses colères.
Contre son père, contre la modestie de son enfance, contre les bobos, contre les intellos, contre les marchands d'art.... 
Elle n'est envahie que de pensées sombres.
Elle se sent « coeur et cerveau sec ».
Les musées séparent l'art de la vie..
Les oeuvres exposées sont sorties de leur contexte.
« Les oeuvres d'art s'accommodent mal des cages ».
J'ai aimé ce ressenti qui est le mien dans les musées où je n'arrive que rarement à ressentir une émotion, tout m'y semble figé.
Ce livre est aussi un hommage à Giacometti dont elle fait une mini biographie.
Lydie Salvayre s'éclate avec le style qu'elle alambique, qu'elle enrichit de termes choisis, qu'elle pare de subjonctifs.
Revanche d'une « modeste » qui s'éclate dans l'écriture.
Belle revanche qui ravit le lecteur.
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Invitée à passer une nuit au musée Picasso où est exposé L'homme qui marche de Giacometti, Lydie refuse, se braque, se révolte contre l'art, les musées, le beau, cette sculpture. Puis elle accepte et se révolte, passe une nuit d'angoisse à se demander ce qu'elle fout là, est traversée de réflexions contradictoires, pense à son chien, son amant, son père violent, son passé, son métier d'écrivain, fille de pauvres réfugiés espagnols révoltée contre la décadence du monde et des bien-pensants qui la trouvent «modeste». Une fois «sauvée» de cette nuit de cauchemar, elle cherche à comprendre ce qui l'a empêché d'apprécier de passer la nuit au chevet de cette oeuvre unique de Giacometti, cet artiste au sourire généreux qui n'était jamais satisfait, qui était dur, éprouvé, fragile face à ce qui «ne pouvait qu'échouer, un projet impossible au regard de la perfection rêvée ». Et puis, elle constate qu'au fond ce qui l'a paralysée cette nuit là, corps et âme, c'est la peur de la mort que la sculpture évoque par sa démarche courbée et ancrée à la terre. Soignée pour un cancer, elle décide de retourner au musée Picasso, se mêler aux visiteurs à la recherche du «beau» et , devant des érotiques de Picasso, elle se réconcilie avec ce qui est exposé qui est jouissance de la vie, qui est ce qu'est l'art. Un livre coup de poing aux profondes réflexions d'une parole libre des convenances.
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Lydie Salvayre aime Giacometti et de ce fait, la conservatrice du musée Picasso, lui propose de passer une nuit seule dans le musée et de raconter ses impressions. L'auteure va accepter après beaucoup d'hésitations et là, je ne m'attendais pas du tout à me confronter à la hargne de l'écrivaine.
Sa peur de se retrouver seule enfermée, sa diatribe contre les musées qui enferment les oeuvres qui ne vivent plus, le pouvoir de l'argent et de tous ceux qui veulent tout régenter. Sa détresse aux souvenirs de son père violent, de l'Espagne ravagée, son cancer qui la ronge et lui fait « cracher » les mots. Cet enfermement fait ressurgir des sentiments qu'elle veut oublier mais qui reviennent, comme quand on ne dort pas la nuit et que nos pensées les plus mauvaises tourbillonnent sous nos paupières.
Elle va fuir le musée au petit matin sans avoir pu s'enivrer de l'oeuvre qu'elle chérit pourtant « l'homme qui marche ». Et c'est bien après qu'elle écrira ce récit… après être retourné au musée Picasso, avec toute la foule, des visiteurs autour d'elle, ce besoin d'humanité pour communiquer.
Donc un essai surprenant, fort par une femme qui m'a tout d'abord énervée puis touchée par toutes ses failles. A lire surtout elle, même si Giacometti est lui aussi présent.
et bravo pour la belle couverture des éditions stock.
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Tout commence par un défi.
Une nuit complète au musée Picasso. Enfermée.
Lydie Salvayre accepte.
Plante son campement de fortune devant L'homme qui marche, de Giacometti.

Avant de tirer le portrait de cet artiste fasciné par les visages, cette nuit déroutante va être l'occasion d'un essai sur l'art.
Et quel essai !
Absolument réussi.

Avec une verve sans égale, tantôt amusante, tantôt engagée, Lydie Salvayre nous embarque dans son enfance brinquebalante, entre un père qu'elle redoute et une condition sociale qui la martyrise. Quel accès à l'art quand on est enfant d'immigrés, quand le ticket pour le musée n'est même pas un luxe envisageable ?
Comment se construit notre sensibilité à l'art, sous toutes ses formes.

Puis vient le moment de son rapport à L'homme qui marche. Et comme je comprends son analyse, et comme elle me touche dans son interprétation, si sensiblement proche de la mienne.
Je n'en dirai pas plus, je vous laisse le lire, le découvrir, porté par cette écriture intransigeante et brillante.

Ma nuit au musée avec Lydie Salvayre, j'en redemande ! :D
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Ça commence par "Non, je lui ai dit non merci, je n'aime pas les musées..."et par une citation de Baudelaire dans Fusées, "Qu'est-ce que l'art ? Prostitution."
Taper fort la glaise, elle ne se laisse pas faire aisément, faut l'apprivoiser, lui enlever l'eau qui la gonfle et la fait exploser, la rendre docile, malléable, la sentir dans les mains modelable, jamais soumise, un corps à corps honnête long patient et passionné, avec violence et tendresse, arrachement et caresse, la creuser, enlever des morceaux de sa chair, en rajouter d'autres, remodeler, des jours entiers, des mois, de longues années.
Passer une nuit dans un musée, marcher en long et en large comme un lion dans une cage et verser sa colère. Lydie Salvayre est en colère. Colère noire, volcan en éruption, lave incandescente. Gare à vous qui êtes dans le coin.
En colère contre les cages des musées qui gardent l'art et l'étouffent, lui enlèvent la force la fièvre et l'ardeur, colère contre le faux qui se prend pour du vrai, contre l'argent qui veut acheter la beauté, contre les cons méprisants, donneurs de leçons et auto satisfaits, contre la société du gagne et du gagnant et du spectacle aux éclats bruyants confus et mal odorants.
Le ton est vitupératif, la réflexion est corrosive, les deux dénoncent, désapprouvent, sanctionnent, blâment et critiquent, en répétitions qui fouettent, des parenthèses qui précisent au cas où on l'a pas encore compris, des retours à la ligne qui martèlent cassent et cognent, la colère porte, mord, donne de l'élan, fait du bien, un bien fou ! Colère contre ce qu'on nous dit qu'il faut admirer, contre le conditionnement dans lequel nous sommes, plaire oui, mais pas courbés, pas à genoux devant la culture dominante, pas pour (se) vendre. Elle ne prend pas de gants, Lydie Salvayre, elle secoue, jette ses mots au visage, et puis, d'une caresse, d'une phrase douce comme du miel elle nous apaise et nous réconforte, car derrière la colère il y a une invitation à faire de l'art une expérience et pas une soumission à un conformisme et à un moment, mais à être libre.
Musée Picasso lors de l'exposition Picasso - Giacometti, la nuit. Solitude absolue dans un lieu qui n'est pas fait pour ça.
Ayant au début refusé cette expérience, Lydie Salvayre l'accepte finalement, tout en gardant les raisons de son refus d'avant.
J'aime sa colère qu'elle écrit et crie pour s'en défaire, elle me la transmet ; ma colère accueille la sienne, ainsi que son regard et son émotion forte et renouvelée devant L'Homme qui marche, nous sommes à l'unisson, Lydie, Giacometti l'Homme qui marche, et moi.
La frustration de Lydie Salvayre m'accompagne tout le long du livre et je me laisse enfermer avec elle, avec joie.
Si les livres "doivent mordre", selon Kafka que vous citez, eh bien le vôtre le fait à plein dents.
Un livre sur la création, et le temps immense qu'elle demande pour pouvoir s'exprimer, et l'honnêteté qui doit l'accompagner, contre les faux semblants, un livre qui défend l'échec dans une société où on se complaît dans la réussite, la performance, la rentabilité, l'argent.
Seule dans le musée, devant les oeuvres, Lydie Salvayre se sent démunie, sans défense , voit tout son passé resurgir, affluer, l'envahir, son père et sa domination cruelle.
Giacometti avait besoin de temps pour chercher la force du vivant, le mystère d'une vie, les blessures d'un visages, l'invisible, l'insaisissable, et pour dépasser un échec, et ensuite un deuxième, et puis encore un, sa création échouait à chaque instant, se nourrissait de chaque échec et avançait à petits pas, elle avançait sans jamais trouver, toujours chercher, il aimait ça.
Lydie Salvayre a eu besoin du temps pour passer en écriture des événements de sa vie, difficiles à digérer, trop lourds pour les garder. Elle (se) questionne, tâtonne, avance, recule, cherche les mots, le style, la graphie, le sens.
Un homme qui marche, une femme qui marche, pas toujours droit, mais ils avancent, désarmés de la fausse culture, sans masques, sans pensées postiches, sans les ressentis qu'on ne ressent pas. L'Homme qui marche, l'humain fragile et vulnérable, il connaît sa finitude, il avance, continue, reste debout, s'entête à vivre.
Devant l'Homme qui marche, une expérience intérieure forte, le corps est saisi, le corps physique et le corps culturel, un livre naît, Marcher jusqu'au soir, et un sens. Ecrire, n'est pas seulement une autorisation que Lydie Salvayre se donne, mais aussi une responsabilité et elle s'y engage.
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