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Pascale Samuel (Autre)Paul Salmona (Autre)
EAN : 9782711875061
270 pages
Coédition RMN (16/09/2020)
4.88/5   4 notes
Résumé :


« Peut-on considérer comme indésirable l’artiste pour qui Paris est la Terre promise, la terre bénie des peintres et des sculpteurs ? » C’est ainsi qu’en 1925 André Warnod (1885-1960) défendait les artistes marginalisés, parce qu’étrangers, au sein du Salon des indépendants.

De cette critique de la xénophobie du milieu de l’art parisien est née l’appellation « École de Paris ». Depuis, la formule désigne paradoxalement la scène constit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce mercredi 22 juin 2022, après la visite captivante de l'exposition "Proust du côté de la mère "au MAHJ (*Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme), j'ai été "fureter" à la Librairie, offrant aux visiteurs une sélection précieuse et très abondante...où j'ai finalement "craqué " pour deux ouvrages directement liés à ma première venue dans ce lieu muséal : la biographie de "Madame Proust" d'Evelyne Bloch-Dano et ce catalogue d'exposition ( ayant été programmé en mars 2020 ?!)

Le plaisir de m'immerger aussitôt dans l'oeuvre d'artistes que j'aime beaucoup, comme Ossip Zadkine, Moïse Kisling,Chana Orloff,Jacques Lipchitz, Louis Marcoussis, Marc Chagall, etc. et le bonheur d'apprendre à connaître de nouveaux artistes : Simon Mondzain ( un beau portrait dessiné de Zadkine, de 1910), Henri Hayden,Michel Kikoïne, Samuel Granowsky, Mela Muter ( avec un très intéressant portrait du Sculpteur François Pompon de 1924),Philippe Hosiasson,etc.

" C'est dans cette opposition au chauvinisme et à la xénophobie de l'école française " que naît l'expression " École de Paris" sous la plume d'André Warnod en 1925. L'écrivain désigne ainsi l'ensemble des artistes étrangers arrivés dans la capitale au début du XXe siècle et loue leurs concours à la scène française. "( p.185)

Catalogue captivant, offrant aux lecteurs une iconographie abondante, plurielle, mêlant aux oeuvres des artistes de cette " Ecole de Paris" de très intéressantes photographies d'artistes reconnus de l'époque ; avec des notices biographiques détaillées des artistes choisis...à la fin de l'ouvrage.

Je me permets de transcrire un extrait très éclairant de la préface, nous expliquant l'importance et la singularité de cette exposition; qui rend un très juste hommage aux artistes de confession juive, ayant enrichi de leurs talents particuliers cette Ecole de Paris...:

"Préface de Paul Salmona, directeur du Mahj

Malgré l' extraordinaire effervescence de l'entre-deux-guerres- ces années folles qui inspirèrent à Ernest Hemingway- Paris est une fête-, les artistes étrangers ne sont pas toujours les bienvenus. Défendant le rôle de Paris " terre bénie des peintres et sculpteurs ", Warnod nomme un phénomène sociologique né de la convergence vers la capitale d'une myriade d'artistes mus par un même désir d'émancipation politique,sociale, culturelle.
Cette " école " embrasse les plus grands comme les plus modestes, les plus célèbres comme les moins notoires.
Si, parmi eux, les juifs contribuent de manière décisive à l'efflorescence artistique de cette période, ils sont aussi les premiers touchés par les mesures discriminatoires du gouvernement de Vichy et par la Shoah.
Cette École de Paris s'achève ainsi avec la clandestinité, l'exil ou la mort de nombre d'artistes, et la destruction, le vol ou la spoliation de leurs oeuvres."

Un ouvrage qui m'a enthousiasmée et fait faire de très originales et belles découvertes d'artistes exceptionnels, ayant créé, souffert dans des périodes terribles de notre Histoire !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Aux artistes martyrs
Les ai-je tous connus ?
Ai-je été dans leur atelier ? Ai-je vu de près ou de loin leurs oeuvres d'art ?
Et maintenant, je sors de moi-même, de mes années et me dirige vers leur tombe inconnue.
Ils m'appellent, m'attirent dans leur tombe - moi l'innocent, moi le coupable.
Ils me demandent : où étais-tu ?
Je me suis sauvé...
Eux, on les a conduits vers les douches mortelles. Là ils ont connu le goût de leur sueur et ont aperçu la lumière de leurs tableaux inachevés.
Ils comptaient les années qu'ils ne vivront plus, qu'ils attendaient pour réaliser leurs rêves inachevés.
Ils ont retrouvé dans leur mémoire le coin de l'enfance où la lune entourée d'étoiles leur annonçait un avenir radieux. Les premières amours dans la pénombre d'une chambre, dans l'herbe, dans les collines et les vallées, le fruit sculpté baignant dans le lait couvert de fleurs leur promettaient le paradis.
Les mains de leur mère, ses yeux les accompagnaient au train vers la gloire lointaine.
Je vois : voici qu'ils traînent en haillons, pieds nus sur des chemins muets.
Les frères des Israëls, Pissaro et Modigliani, nos frères. Ils sont conduits ligotés par les fils des Dürer, Cranach et Holbein, à la mort dans les crématoires. Comment pourrais-je verser des larmes ? On les a enlevées depuis longtemps déjà avec le sel de mes yeux.
On les a desséchées en m'humiliant pour que je perde le dernier espoir.
Comment pourrais-je pleurer ?
Si chaque jour j'entends arracher la dernière planche de mon toit ?
Si je suis fatigué de me battre pour le dernier arpent de terre où je reste encore debout et où on me couchera pour le dernier sommeil.
Je vois le feu, la fumée et le gaz
qui montent vers le nuage bleu
et le noircissent.
Je vois les cheveux et les dents arrachés.
Ils exaspèrent mes couleurs.
Je me tiens debout dans ce désert
devant les montagnes de chaussures,
de vêtements, de cendres et d'ordures,
et je murmure mon Kaddish.
Et quand je reste ainsi debout,
descendent vers moi mes tableaux,
David et sa harpe dans sa main.
Il veut m'aider à pleurer en jouant
des chapitres de psaumes.
Derrière lui descend notre Moïse.
Il dit : "N'ayez peur de personne."
Il vous dit de reposer en paix jusqu'au jour où il gravera de nouvelles Tables
pour un monde nouveau.
La dernière étincelle s'éteint, le dernier corps disparaît. Un silence tombe
comme avant un nouveau déluge.
Je me relève pour vous dire adieux
Je prends le chemin du Nouveau Temple et allume là-bas une bougie
devant votre tableau.

Marc Chagall
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Préface de Paul Salmona, directeur du Mahj

Malgré l' extraordinaire effervescence de l'entre-deux-guerres- ces années folles qui inspirèrent à Ernest Hemingway- Paris est une fête-, les artistes étrangers ne sont pas toujours les bienvenus. Défendant le rôle de Paris " terre bénie des peintres et sculpteurs ", Warnod nomme un phénomène sociologique né de la convergence vers la capitale d'une myriade d'artistes mus par un même désir d'émancipation politique,sociale, culturelle.
Cette " école " embrasse les plus grands comme les plus modestes, les plus célèbres comme les moins notoires.
Si, parmi eux, les juifs contribuent de manière décisive à l'efflorescence artistique de cette période, ils sont aussi les premiers touchés par les mesures discriminatoires du gouvernement de Vichy et par la Shoah.
Cette École de Paris s'achève ainsi avec la clandestinité, l'exil ou la mort de nombre d'artistes, et la destruction, le vol ou la spoliation de leurs oeuvres.
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Nous nous plaçons au-dessus de toutes les frontières et qu'un camarade soit juif, russe,nègre, chinois ou français que nous importe? L'originalité de Montparnasse est précisément d'attirer tous les artistes du monde dans la grande communion française (...).Leurs camarades français d'ailleurs vivent dans la meilleure intelligence avec eux; c'est peut-être le seul endroit du monde où une véritable république internationale des lettres et des arts existe. Voilà les raisons du succès de Montparnasse.
-Lettre de Géo Charles et Auguste Clergé à Charles Fegdal, 9 novembre 1921 ( p.168)
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J'ai vécu comme un breton, ou un alsacien, ou un catalan des Pyrénées vivaient en France: vient le désastre. La défaite et la mainmise des fascistes sur la France. Sous le couvert de sauver le pays; impuissants quant aux initiatives véritables de sauvetage, écrasés par la botte " correcte" des Allemands, apparaissait, prenait jour le classique moyen du bouc -émissaire nécessaire pour dériver les colères et la rage des malmenés, des trompés. Comme par enchantement les voix mielleuses et bienconvenues annonçaient les représailles contre les Juifs dans les pays écrasés définitivement ou en train de l'être A chaque annonce, à chaque énumération des humiliations, mon cœur me battait fort.Une inquiétude, inconnue jusqu'alors me plongeait ces eguilles et je me promenais tout le long du jour comme sous l'impire d'une pieuvre ou d'un mal honteux naissant en moi, impoisonnant peu à peu tout mon être (...)
Ossip Zadkine, Journal, 17 septembre- 22 décembre 1940

(*** graphie de l'artiste à été respectée )
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C'est donc en octobre 1809 que les pieds ont touché cette terre, ces trottoirs de Paris, si riches de mystère pour moi qui ne savais aucun mot de français, ni rien de la vie de cette ville qui cachait dans ses entrailles le tout si magnifiquement énigmatique.
Ossip Zadkine, " Le Maillet et le Ciseau.Souvenirs de ma vie" (Albin Michel, 1968).
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