Hel

Contrairement à ce que peut laisser supposer le titre de cette BD, l'auteur ne nous plonge pas en pleine mythologie nordique, mais grecque. Si le cadre mythologique est intéressant, avec sa part de ténèbres et de créatures peu amènes, l'intérêt de l'histoire réside, du moins pour moi, dans la rencontre entre deux personnages aux antipodes l'un de l'autre.

Hel, passeuse d'âmes à la silhouette spectrale, est venue chercher Victor, un professeur à la retraite bougon et peu commode, qui va croire, dans un premier temps, à une blague très travaillée, mais de fort mauvais goût. Il va d'ailleurs tenter de prendre la poudre d'escampette, compliquant singulièrement la mission de Hel et rendant le voyage vers l'autre monde plus mouvementé et dangereux que prévu !

Mon faible pour les personnages âgés et râleurs, voire misanthropes, a été comblé avec Victor qui passe son temps à rouspéter, à regretter l'inculture de la jeunesse et à se lamenter sur la pauvreté intellectuelle des jeunes générations. Ces critiques, que l'on entend souvent dans les médias ou auprès des « anciens », sont ici exagérées rendant le personnage plus drôle qu'antipathique. Pétri de préjugés sur tout le monde, les jeunes en particulier, Victor ne va pas être au bout de ses surprises avec Hel, passionnée de littérature et plutôt cultivée, qui vient quelque peu contredire ses idées toutes faites.

J'ai adoré les échanges entre ces deux personnages qui n'ont rien en commun, mais que les circonstances vont rapprocher de manière aussi naturelle que touchante. de mésaventure en mésaventure, Victor étant un peu le roi des gaffes, le mystère sur Hel va se lever et la véritable nature de Victor se révéler. Et si finalement, cet ancien enseignant, qui semble perpétuellement blasé et en colère, cachait un coeur bien plus tendre qu'il ne le laisse paraître ? Ainsi, grâce à Hel, qui fait progressivement fondre sa carapace, on découvre sous ses airs revêches, un homme maladroit, mais attendrissant. Quant à Hel, se dessine le portrait d'une jeune fille courageuse qui a voulu défier les conventions sociales et un avenir qui ne lui convenait guère, et qui en a payé le prix fort…

Philippe Scherding, en dévoilant le passé de ces deux personnages, instaure un lien indéfectible entre eux et les lecteurs. On se sent proche d'eux, de leurs désillusions, de ces opportunités perdues par crainte et de ces espoirs déçus trop tôt. En plus de nous offrir une aventure mouvementée nous entraînant en des lieux mythologiques et nous faisant rencontrer de grandes figures de légende, ce récit véhicule des messages importants que ce soit sur la transmission, les dangers d'une vie guidée par la peur, les regrets, la rédemption, les secondes chances… À cet égard, j'ai beaucoup aimé la fin qui conclut de manière satisfaisante une épopée inattendue dans l'autre monde, tout en insufflant une bonne d'espoir qui m'a personnellement mis le sourire aux lèvres !

Quant aux illustrations, j'ai aimé leur expressivité et la manière dont l'auteur joue sur les traits des personnages pour donner encore plus de force à leurs échanges. Mais c'est probablement le travail de colorisation qui m'a le plus convaincue, appréciant le ton bleu-gris des dessins qui instaure une ambiance sombre et ténébreuse dans laquelle on se plonge avec délectation. Malgré les dangers, les trahisons, les doutes et les péripéties qui s'enchaînent, il se dégage, en outre, une certaine intimité de cette histoire. Une intimité qui favorise l'immersion des lecteurs et l'amitié inattendue entre nos deux fortes tête qui vont apprendre à se faire confiance et à s'entraider.

En bref, Hel est une BD pleine de péripéties et de dangers qui ravira les amateurs de mythologie, et de touchantes relations intergénérationnelles offrant de beaux moments d'émotion, de compréhension mutuelle et d'espoir.
Lien : https://lightandsmell.wordpr..

Une fois n'est pas coutume, je vais laisser sur un banc la casquette de critique pour arborer le chapeau feutre classe et désuet du soutien indéfectible de l'inconnu des mondes virtuels.

De fait, tout en souhaitant une belle et longue vie à l'univers poétique et desanchanté de Philippe Scherding, il y a dans cet ouvrage de quoi commencer sous les meilleurs augures. Moi qui conseillais il y a peu à un pote de découvrir la trilogie Abhorsen de Garth Nix, me revoilà à plonger avec bonheur dans les flots lents et inquiétants des Enfers, à suivre le long cheminement de deux êtres dissemblables aussi sombre que l'autre est pâle. Si au début le trait, épuré, me semblait baigner dans un décor trop simple, j'ai appris à apprécier l'atmosphère qui s'en dégage et qui peu à se complexifie. J'ai refermé néanmoins le tome à regret, on aurait tellement aimé rester d'avantage dans l'univers. Et puis... D'un autre côté, un one shot c'est rare et appréciable pour qui aime lire une histoire entière sans s'attarder entre les cases.

J'ai croisé Philippe Scherding dans un salon du livre. le personnage m'est apparu atypique et j'ai acheté sa BD “Hel” sur un coup de feeling. Ses quelques phrases de présentation de son travail avaient aiguisé ma curiosité.
La BD n'est pas dans ma sphère d'expertise, même si l'art et la littérature sont mon domaine privilégié. Au départ, j'ai été surprise par l'austérité du trait, puis vite conquise par la maîtrise des postures et des atmosphères. Il n'y a qu'à consulter les croquis en fin d'ouvrage et, le cas échéant, la dédicace dessinée au début pour être convaincu par la patte de l'auteur.
L'histoire se passe en majeure partie dans les limbes, magistralement représentées dans quelques doubles pages, toujours dans les gris sombres, colorés de bleu ou de vert et parfois éclaircis par les halos jaune de Naples ou blanc cassé de quelque éclairage fantomatique. On est bien dans un univers lovecraftien avec d'ignobles créatures qui rodent.
Le scénario, intéressant comme je l'avais pressenti, exploite la connaissance qu'a l'auteur du monde des morts. Je me suis attachée aux personnages principaux très facilement, même si quelques retournements de situation m'ont paru un peu tirés par les cheveux. À mon sens, c'est de ce côté-là que Philippe Scherding devra porter ses efforts pour la suite de son parcours.
Côté dessin (et c'est toujours le dessin que je préfère dans la BD), c'est top, heureuse surprise !

Victor Huysmans est un professeur à la retraite au talent littéraire incompris. Après la la réception très tiède de son chef d'oeuvre, L'abomination venue des limbes - un titre trahissant évidemment un goût pour le travail d'Howard Phillips Lovecraft -, il est approché par une jeune femme à l'air spectral, Hel, qui lui annonce être désormais sa guide vers la la cité des morts, Léthé.
Les péripéties parfois décousues vont s'enchaîner pour les deux compagnons jusqu'à un final qui m'a laissé incrédule. En effet, la chance de retourner dans le monde des vivants qui est offerte à l'un des personnages m'est surtout apparue comme un deus ex machina. Enfin, j'avoue que le coup de crayon de Philippe Scherling ne m'a pas séduit puisqu'il donne, selon moi, à ses personnages un aspect quelque peu grossier .

Victor est un retraité devenu acariâtre. Son but, finaliser son manuscrit. Mais son quotidien va être bouleversé par une jeune fille cultivée qui se balade avec une étrange lanterne, Hel. Cette dernière est une passeuse d'âme et doit le mener jusqu'à Léthé, la cité de l'oubli. Mais leur parcours ne va pas se faire sans encombre…

Malgré une thématique peu joyeuse, cette BD était très sympa a lire : les deux personnages apprennent a se côtoyer petit a petit, remettant chacun a leur tour leur passe en cause.

Coté graphisme, le style très crayonné et la palette de couleur bleutée nous plonge un peu plus dans l'ambiance. J'ai particulièrement apprécié cette dernière qui joue bien avec le côté monde des vivants / monde des morts.

Bref, un oneshot bien sympathique, à découvrir !