Après avoir posté une critique mitigée du tome 1, il me semble nécessaire de donner mon avis sur le tome 2 qui gagne nettement en qualité.
On retrouve presque les mêmes défauts que dans le premier, mais de façon vraiment nettement moindre. Je vais lister ce que j'avais noté dans ma première critique et revenir sur ce qui a changé ou pas
- L'histoire clichée : sur ce point, je trouve que l'histoire s'éloigne de sa base clichée, ou disons qu'elle prend sa personnalité, même si elle se base sur certains archétypes classiques (je le redis, ça n'est pas forcément un défaut) de fait, l'histoire gagne en identité propre, c'est un bon point.
- L'héroïne, Lilas. Je la trouvais plate et transparente dans le premier tome, ce n'est plus le cas ici. On entre davantage dans sa tête, on suit ses doutes profonds, ses peurs. Elle devient un bon personnage.
- Les invraisemblances : il y en a toujours, comme par exemple subir une blessure presque mortelle et être à cheval ou s'entraîner dès le lendemain. Des objets d'armurerie ou d'orfèvrerie crée en une journée/soirée, etc. J'en ai noté plusieurs comme ça au fil du récit. Rien de rédhibitoire ceci dit, mais je suis assez sensible à ce genre de choses.
- le point chevaux : c'est bien mieux ici même s'il y a plusieurs approximations qui ne sont en rien déconnantes, faut vraiment être dedans pour tiquer. Il y a un net meilleur travail à ce niveau là, et même si ce n'est pas parfait, ce n'est plus gênant
- le chapitrage : même écueil que le tome 1 sur leur longueur, et un oeil rapide sur le tome 3 me dit que ce sera pareil jusqu'au bout. En soi, le rythme de ce tome est bien meilleur, donc la longueur est moins pesante, mais elle devient problématique quand on suit deux groupes de personnages à deux lieux différents. Chacune de leur partie finit sur un cliffhanger, mais la longueur de chapitre suivant dilue la tension. Il y a même une fois où j'avais oublié où j'vais laissé Lilas, et pourtant, elle était vachement en mauvaise posture.
- le manichéisme : C'est plus subtil ici, j'aime vraiment beaucoup cette idée de gens infectés par le mal et qui fait ressortir les plus grosses pulsions : de violence, sexuelle, de possessivité. ... Il y a notamment ce passage vraiment très intéressant, que je mets sous spoiler, à savoir
L'armurier et son regret de ne pas avoir été père, même si je pense que ça aurait gagné à être mis en place un peu plus tôt et pas juste un instant avant que ça parte en couille. Ce passage était vraiment fort et intéressant : il va plus loin que juste la pulsion de violence d'autres infectés Autre point bien : ce n'est pas parce que tu n'as pas été infecté par Orga que tu ne peux pas être méchant (cf les bandits et voleurs de chevaux. Tout con hein, mais c'est bien et important de le souligner.
- La sexualisation des ados : Ce qui fait que je reste à 3,5 en note et que je ne mettrai pas plus. J'étais gêné par la sexualisation d'Irika, 14 ans, mais ici, dans ce roman, on a quand même une scène de cul entre une adulte et un enfant de 12 ans. Je suis surpris que personne n'ait relevé ça dans les critiques, parce que c'est franchement problématique. Pour dire, je ne suis même pas sûr que ce soit légal (cf le cas du très mauvais Hansel et Gretel d'un auteur québécois que je ne veux pas citer pour pas le taguer ici.
Sara Schneider ne mérite vraiment pas d'être mise en parallèle à cette bouse) S'entend que ce n'est pas tant le propos qui gêne, mais il aurait été plus indiqué de ne pas montrer cette scène. le gosse se fait manipuler par une personne infectée, mais il manque très clairement quelque chose dans le texte pour dire que ce n'est pas bien. Là, si j'avais un doute auparavant avec le tome 1, il devient clair que je ne ferai jamais lire ça à des enfants ou jeunes ados.
- J'ajoute un point, du coup : le ton. On ne sait pas si c'est jeunesse ou adulte. Il y a beaucoup d'éléments qui penchent en faveur du jeunesse, mais beaucoup trop d'autres qui penchent du côté adulte (violence, vulgarité, sexe) le roman a le cul entre deux chaises et ne trouve pas son ton.
- la fin : bien mieux ici, le tome se tient en lui-même avec une fin ouverte qui marche, même si elle est alimentée à coup de scénarium pour faire avancer l'histoire. Petit point qui m'a fait rire :
Carson se casse le cul toute la journée à la bibliothèque pour trouver à quoi fait référence "froid mordant" et quand il revient, Lilas se réveille pour donner l'explication. le pauvre s'est fait chier pour rien
Sur les points positifs listés précédemment :
- le style et les descriptions : Il y a des petits problèmes de registre par moments, notamment l'usage fréquent de "rigoler" au lieu de "rire", qui fait tache dans le texte global, mais dans l'ensemble, ça va. Niveau descriptions, je trouve quand même qu'elles tendent à casser le rythme, mais elles sont plutôt bien faites.
- Les personnages : même s'ils sont archétypaux, on en vient à s'attacher à eux. Un point qui pour moi est une grande force, c'est l'incompréhension mutuelle qui sonne très vraie et naturelle. Exemple : Lilas qui surinterprète les pensées de Vionel, ce qui fait bien écho à son manque de confiance en soi. Ou encore Irika qui n'a pas de notion de diplomatie, très cohérent avec son caractère et la façon dont elle a grandi.
Jaz prend en maturité et ne m'agace plus comme dans le tome 1, ce qui est tant mieux car il se retrouve protagoniste de l'arc le plus intéressant du roman à mes yeux (question de goût, pas de qualité intrinsèque) J'aime particulièrement le fait que malgré tout ce qu'il doit porter et la maturité qu'il affiche, il y a bien des moments où il n'est rien de plus qu'un enfant de 10 ans : je trouve ceci très bien dosé.
Bémol niveau persos, et écueil fréquent quand il y a une multitude de persos : Carson est vraiment transparent dans ce tome, alors qu'il a été le protagoniste de plusieurs chapitre dans le tome 1 et presque présenté comme le second perso principal. Bon, qu'il soit transparent, c'est ironiquement drôle dans son cas, mais quand même, on aurait gagné à le voir davantage.
- Les créatures répugnantes : on en apprend plus sur leur fonctionnement, leur menace prend de l'ampleur là où on aurait pu croire au tome 1 que leur présence était aléatoire ou anecdotique. On voit aussi davantage l'influence d'Orga de façon concrète, c'est très bien. Sur ce point, j'ai préféré les débuts de chapitre de ce tome ci d'ailleurs, pas forcément centrés sur Orga elle-même (mais encore une fois, question de goût)
- le pouvoir spécifique de chacun : toujours une bonne idée, mais assez mis en retrait dans ce tome. Néanmoins, ça se justifie bien par l'enchaînement des évènements (plein d'endroits où il n'y avait pas lieu d'utiliser les pouvoirs). J'ai apprécié qu'à un moment on parle du fait que Lilas a fait de trucs de fou dans le tome 1, mais pas dans le tome 2. Tout ça me fait penser à ce diction, dont je me souviens approximativement, qui dit que ça ne sert à rien de mettre un poisson au pied d'un arbre pour lui apprendre à grimper. Il y a une bonne mise en place de l'idée qu'un pouvoir donné a besoin du bon contexte pour s'exprimer. L'acharnement à apprendre l'épée à Lilas alors que ça ne lui va pas illustre bien ceci (prends un bâton ma grande)
En conclusion, je dirais que ce tome-ci est plus professionnel, et ça vaut le coup de passer le premier pour arriver à celui-ci. Je vais lire la suite assurément.
Pour ma notation, même principe que le tome 1 : je ne peux pas ne pas sanctionner cette problématique sexualisation des ados, et même pré-ado ici. Oui les enfants et ados ont une sexualité/un éveil à la sexualité, ce ne sont pas des anges asexués. Mais il y a une façon de l'exprimer et pour moi ici, ça ne convient vraiment pas et je suis très très loin d'être prude, tout en ayant l'habitude de lire des choses bien plus crues. Seulement ici ça ne colle pas au récit, je ne vois pas où l'autrice veut en venir avec son caillou sentient dans le slip ou ses cuisinières libidineuses. (on parle d'une agression sexuelle en vu d'obtenir des renseignements, je ne vois pas pourquoi ça devrait être montré/décrit : on peut dire que la scène a eu lieu, mais pas en la décrivant, c'est ce point qui est problématique.)
Un mot final sur l'édition : je le lis en e-book et c'est vraiment nickel, rien à redire. La carte est juste un peu difficile à lire, mais c'est bien là le seul problème. Point que je n'ai pas relevé au premier tome mais valable pour lui aussi : pas de coquilles ou de fautes. Je crois en avoir vu une seule dans ce tome 2 : il y a un paquet de maison d'édition pro qui devraient en prendre de la graine.
Quant à la couverture, elle illustre une anecdote du roman , et je ne vois pas non plus bien le rapport du titre avec l'ensemble. Et je suis désolé de le dire, mais elle ne fait pas pro, mais ça c'est valable pour l'ensemble de la série. Et ça m'emmerde de dire ça parce que c'est du bon boulot avec une belle compo et qui illustre vraiment le roman au contraire d'un bon paquet de couverture dites pro, mais c'est juste la réalité du marché qui est très normée (bien malheureusement) sur ce point.
Comme d'hab, je suis dyslexique : je me relis, je corrige ce qui est souligné en rouge, mais possible qu'il reste un paquet de fautes. Je fais ce que je peux, merci de votre compréhension (bon et quand même même je serai juste nase en orthographe, ça ne serait pas une raison pour me bâcher hein :o)