Je saurais à peine dire ce qui m'a poussée à demander ce roman lors de la dernières masse critique Mauvais Genres. Mis à part que je l'avais vu passer sur l'une des rares chaînes booktube que je suis, et qu'il m'avait intriguée, je ne pense pas du tout que je l'aurais par contre acheté en librairie. Je l'aurais certainement pris en main, attirée par la couverture (que je trouve pour ma part très énigmatique, et qui reflète aussi très bien le climat général du roman), mais le résumé ne m'aurait pas donné envie plus que cela et, surtout, le titre m'aurait presque rebutée. Et j'aurais eu tort car j'ai passé un excellent moment avec ce roman.
Pourtant, au départ, ce n'était pas gagné. Même si j'ai rapidement été intriguée, et que l'écriture m'a immédiatement plu, je n'ai pas réussi à entrer immédiatement dans l'histoire. J'ai trouvé que le début était plutôt nébuleux, le démarrage quelque peu poussif. Ce n'est pas la temporalité qui m'a gênée, j'ai l'habitude de lire des romans se déroulant à différentes périodes, des histoires qui alternent entre présent et passé. Ce n'est pas non plus la rencontre avec les personnages, plutôt bien amenée et fluide d'ailleurs. En fait, j'ai eu l'impression, dans les cinquante premières pages, que l'auteure renversait toutes les pièces d'un puzzle d'un seul coup et nous disait, « et bien maintenant, débrouillez-vous avec ça »... Mais, heureusement, très vite, j'ai été happée par l'intrigue, les chapitres très courts aident à donner beaucoup de rythme à la narration, j'ai également senti que
Silje Osnes Ulstein maîtrisait son histoire à la perfection. J'ai trouvé qu'il n'y avait aucun temps mort, je ne me suis jamais ennuyée durant ma lecture. Et pourtant, elle écrit comme la plupart d'auteurs de polars nordiques, soit en prenant le temps, en ayant parfois une écriture un peu contemplative. Mais je n'ai pas trouvé ça plombant. En fait, elle a réussi à rendre son récit très dynamique, le lecteur n'a plus qu'à prendre le fil et à tirer dessus. J'ai deviné certaines choses au fur et à mesure mais ce n'était pas gênant car je crois que c'était l'intention de l'auteure, le suspense est malgré tout resté présent, j'ai été surprise plusieurs fois. Et ça, pour moi, c'est vraiment très agréable et la raison pour laquelle je continue à lire des thrillers ou assimilés.
Enfin, je le dis souvent, je lis un roman pour lire une histoire et voir vivre des personnages. J'ai besoin de les aimer, ou de les détester, voire d'éprouver des sentiments contradictoires à leur sujet. Et bien là aussi je trouve que c'est une franche réussite, l'auteure étant parvenue à rendre ses personnages complexes, suggérant parfois plutôt que dire, ce qui donne de la densité et de la profondeur à son histoire. Sans oublier le côté très original de la narration, l'auteure s'amusant à faire se croiser plusieurs voix, même celle de Néron, le reptile du titre, qui, en jouant un rôle essentiel dans le récit, n'est pas non plus omniprésent.
En bref, un roman que j'ai trouvé très réussi, très abouti, servi par une plume quelque peu évanescente, qui se prête en tout cas très bien à ce genre d'histoire. Un roman policier, certes, mais qui aborde aussi d'autres sujets comme le deuil, le poids du passé, des secrets et des non-dits.
Si j'avais un conseil à vous donner, futurs lecteurs, ce serait de débuter ce livre à un moment où vous avez un peu de temps devant vous. Déjà, parce que l'histoire demande à être lue dans la durée pour l'apprécier à sa juste valeur, et non petit bout par petit bout; ensuite parce qu'une fois que vous serez dedans, vous connaîtrez des difficultés à le lâcher.
Merci à Babelio pour la masse critique ainsi qu'aux édictions
Actes Sud dans la collection actes noirs pour l'envoi du livre. Je remercie particulièrement la personne qui a glissé une carte avec un mot personnalisé me souhaitant une bonne lecture, un petit geste, d'accord, mais que j'ai beaucoup apprécié.