"Femmes" est un roman de l'écrivain roumain Sebastian Mihail publié en 1933 et paru en français en 2007 aux éditions de l'Herne. Il est suivi du récit "Fragments d'un carnet trouvé".
Comme le titre le laisse aisément deviner, il est ici question de femmes.
Renée, Marthe, Odette, Emilie, Maria...Toutes ont croisé la route, toujours sous la forme d'allers-simples, du jeune Stefan Valeriu.
Seule Arabella, une intrigante artiste de cirque, réussit à le retenir... Mais pour combien de temps?
Quand Babelio a proposé ce roman dans le cadre de son opération Masse Critique, j'ai tout de suite été intriguée par ce titre simple et évocateur.
Toutes les femmes qui peuplent ce récit ne sont que de passage dans la vie et le coeur de ce jeune dandy froid, insaisissable et qui, en bon manipulateur qu'il est, sait se montrer attentif aux détails, cerner les moindres faiblesses pour pouvoir mieux en jouer. Toujours l'air de rien, soufflant le chaud et le froid jusqu'à ce qu'elles cèdent ou que du moins, le doute s'immisce en elles.
Mais que reste-t-il passé ces histoires éphémères si ce n'est ce qu'elles eurent en commun, lui, Stefan Valeriu?
Au fil de cette galerie de portraits féminins se dessine donc celui du jeune homme décrit tour à tour par un narrateur externe, par lui-même ou par l'une de celles qui lui aura préféré un autre.
Jusqu'à l'arrivée d'Arabella, les portraits esquissés me firent l'effet d'une masse opaque et indifférenciée. Aucune de ces femmes ne semblaient avoir laissé une empreinte. Qu'elles lui aient ou non accordé leurs faveurs, toutes ont fini par partir sans que Stefan ne cherche à les retenir.
On ne sait pas vraiment comment Arabella réussit à faire la différence. Sans doute Stefan traversait-il à ce moment-là une phase de lassitude qui le faisait pencher vers la sécurité.
Tous deux s'installent ensemble immédiatement. Arabella se plaît en maîtresse de maison, ce qui ne semble pas déranger Stefan. Mais au bout de quelques mois, l'argent vient à manquer et Arabella lui soumet l'idée d'un duo scénique. le succès est au rendez-vous.
Mais si Stefan se plie volontiers à toutes les exigences de sa compagne, on ressent dès le départ qu'il y est à peine plus attaché qu'à ses précédentes conquêtes.
Chassez le naturel...comme on dit.
De l'indignation que suscitait en moi les agissements de Stefan, je suis passée à la pitié, plaignant cet homme hermétique à tout sentiment et enclin à zapper une femme du jour au lendemain.
"Fragments d'un carnet trouvé" est composé de plusieurs extraits d'un journal trouvé par l'auteur.
Difficile de résumer le contenu de ce que Mihail qualifie lui même d' "Etrange lecture, fatigante par endroits, avec des passages obscurs, des annotations étrangères ou absolument contraires à ma pensée".
Pourquoi les éditions de l'Herne ont-elles pris le parti de joindre ce récit au roman? Pour ma part, j'y ai vu une pièce jointe, une façon d'envisager ce qui pourrait être l'envers du décor de la vie de Stefan, le pendant de son indifférence, la solitude.
J'ai trouvé intéressant le choix d'un schéma narratif qui offre des points de vue à la fois différents - chaque chapitre étant consacré au portrait d'une femme - et convergents en ce qu'ils permettaient d'inscrire le personnage de Stefan dans la durée.
Si l'écriture froide de l'auteur calque parfaitement à la personnalité de son personnage, j'ai trouvé qu'elle contribuait également à me maintenir à distance.
Ainsi, même si cette lecture fut loin de me laisser sans réaction, je ne pense pas qu'elle me laissera autre chose qu'une contagieuse indifférence.
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