Théâtre : Jouons aux vacances ; L'Etoile sans nom ; Edition spéciale ; L'Ile

Corina : Je reviendrai, Stefan. Toujours. Sans arrêt. Il me suffira de fermer les yeux pour revenir. Et tu seras toujours là, sur la terrasse, à ta place, dans ta chaise longue, un livre à la main, paresseux, rêveur et mal embouché, comme le premier jour. Le premier jour... Stefan ! J’ai une dernière prière à te faire. Un dernier enfantillage.
Stefan : Je t’écoute.
Corina : Ne m’accompagne pas. Reste ici. Je voudrais que nous nous séparions ici. Tiens, prends ton livre. Prends tes lunettes de soleil. Assieds-toi. Comme ce jour-là. Comme le premier matin. Et lis. Regarde ton livre, pas moi. Je t’en supplie, Stefan, promets-moi de ne pas lever la tête. De ne pas bouger. Je n’étais peut-être moi-même qu’un personnage de roman, du roman que tu lis... Tout n’était peut-être qu’une illusion, qu’une plaisanterie, juste un jeu...

C’est un livre… comment dire ? Pas ordinaire, un livre rare. Je l’ai commandé il y a déjà pas mal de temps à l’étranger… Cet hiver. Mais je craignais qu’il ne soit introuvable. Et puis, hier, le libraire m’a annoncé qu’il venait de le recevoir…

MIROU : Oui... Ou sur mon étoile sans nom. Cette aventure ridicule, qui s'appelle notre vie, se répète différemment, dès le début, sous le même ciel, mais on a d'autres chances. Là-bas, peut-être, tout ce qui est ici lourd et pesant devient léger, tout ce qui est ici sombre et opaque devient lumineux et transparent. Tout ce que nous tentons sans en réussir la moitié - nos gestes vains, nos rêves déchus -, tout ce que nous aurions voulu oser et n'avons pas osé, tout ce que nous aurions voulu aimer et n'avons pas su aimer, tout, tout s'accomplit, se simplifie, se partage.

(L'Etoile sans nom - Steaua fără nume)

Ça vous paraît peu de chose, une chaise longue ? Comme vous vous trompez ! C'est le premier échelon de la paresse, le premier échelon du bonheur. [...] Si j'ai encore une certaine estime pour la civilisation, c'est parce qu'elle a su inventer un objet aussi amical, aussi paresseux. Une brute n'aurait pas pu l'inventer. Croyez-moi : il a fallu un poète.

("Jouons aux vacances" Acte I scène XV)