Suivant un empirisme conséquent, la morale est un art illusoire, puisque la conduite de l'homme est entièrement déterminée par les circonstances extérieures et par l'organisation qu'il a reçue, sans que lui-même y entre pour rien ; de sorte que, proprement, lui-même n'est rien. L'homme est constitué par la raison, c'est-à-dire par le devoir, et cette répudiation du devoir est un suicide, l'empirisme est l'ennemi .telle est la thèse que ce livre cherche à démontrer, l'idée maîtresse à laquelle il se rattache tout entier.
Après avoir écarté l'obstacle, on s'efforce d'atteindre une juste notion du monde moral, en appliquant aux données de l'expérience les mêmes principes de la raison qui servent à constituer l'expérience.
L'idée du droit est immortelle. Le droit n'est pas un corollaire de la force. Soumettre la force au droit, faire de la force un instrument du droit, c'est réaliser l'humanité, et l'humanité veut vivre. Le droit n'est réalisable que dans la paix, le droit, c'est la paix ; et la paix durable, la paix garantie est incompatible avec une pluralité d'États souverains.