Mais quelle bonne idée, celle des éditions, Atelier de l'agneau, d'avoir réédité ces extraits de l'oeuvre de
Victor Segalen, de faire vivre l'auteur encore un peu, en nous faisant découvrir le parcours de cette "belle âme" du 19eme , accouchant du 20eme .
Un "baladin" du monde, médecin, archéologue, poète, locuteur du mandarin; qui a parcouru la chine, quand ce n'était pas encore la mode, participé à la découverte des fameux soldats de terre cuite; franchi les cols himalayens, "découvert" le bouddhisme l'ayant saisie dans sa "pureté originelle", non encore médiatisé ; bourlingué en Polynésie, au passage sauvant les dernières oeuvres et trésors polynésiens recueillis par Gauguin etc...Tout cela avant de mourir seul, à 41ans, lors d'une "balade" dans une forêt bretonne, celle de Huelgoat ,d'une vilaine blessure à la cheville.
Né trop tôt sans doute, un siècle plus tard, le téléphone portable,lui aurait permis de nous raconter cette "aventure" à notre portée. Mais alors, sa vie aurait peut être été moins riche, moins " vivante". Il aurait fait profiter ses amis de ses récits de voyages, voyager plus confortablement et attendu la retraite pour peut être penser à écrire pour ses petits enfants, le "démon" de l'écriture ne pouvant que le saisir....pour finir
Outre ses périples et ses rencontre avec l'autre, y compris l'autre que nous sommes parfois à nous même, ce cher Victor, a su profité des opportunités offertes à un jeune homme célibataire, cultivé, sentant bon le sable chaud de l'aventure, de retour dans les salons parisiens....
De ses origines bretonnes; transperce le don de conteur, tenant son auditoire en haleine, espérant la lueur inquiète et le frissonnement des épaules. de sa famille bourgeoise, provinciale, étroite d'esprit et bien pensante; il a su prendre la tangente et le contre pied. Tout cela avec charme et malice parfois, lorsque le propos se veut "coquin", car il a su aimer les femmes, et s'en faire aimer.....
Ce "livret", il fait 86 pages, propose quatre passages tirés de ses romans, un aperçu de son oeuvre donc, mais qui nous le rend proche et moderne. le langage est riche, parfois châtié, en devient presque exotique, plutôt que désuet, surtout dans la nouvelle " le monde sonore", les autres extraits n'étant plus pourvus des "manières" de langage des salons. Entre temps il s'était confronté à la Chine et au Tibet.
La langue reste élégante, stylée, l'écriture parait plus légère ensuite parce que profonde.
Dépaysement, du langage et du style, dépaysement des débuts de la littérature "fantastique", tout était à imaginer, un continent encore vierge pas d'autoroutes, que des sentiers, que
Victor Segalen a emprunté pour nous les restituer. Un charme indéniable s'échappe de ses écrits...
Merci à l'opération masse critique, à la joie de recevoir dans ma boite aux lettres ce premier envoie, à succéder un réel plaisir à lire et à découvrir cet auteur.