Très beau livre qui se lit d'une traite.
La guerre de conquête du Rif est dénoncée insidieusement par le regard d'un jeune engagé, malgré lui, dans l'armée des conquistadors-suicidaires.
Les péripéties de la guerre dans le Rif, ainsi que les défaites face à une armée tribale sommaire, vint renforcer l'amertume de cette conquête sans gloriole.
Une vision juste même si elle reste partiale : elle est vue du côté espagnol, celui du conquérant, et rien n'est dit des indigènes (comme disaient les colons).
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Une paire de tenailles tombait et il fallait que ce soit quand il était dessous. Un coupeau de fer s’échappait et lui sautait au nez. Le patron ou le fils du patron se mettait en colère, et il prenait le marteau dans les jambes. Quand le contremaître prononçait la phrase sacramentelle, « des bras par ici », pour que tout le monde vienne lui soulever un poutre, il arrivait le dernier ; mais il arrivait toujours à temps pour recevoir un gnon de quelqu’un. Par plaisanterie, on commença à l’appeler « l’aimant ». Dans l’atelier, il n’y avait pas de morceau de fer qui n’eût cogné au moins une fois sa carcasse. De la raclée infligée par le sergent, une demi-douzaine de coups de bâton auraient donc dû être pour lui et il regrettât sincèrement de n’avoir pas reçu ceux qui étaient tombés sur le paludéen. Au fond, il y avait aussi une certaine satisfaction. Encore que… Qui sait si ce n’était pour tomber sous la cravache du commandant Ansuago ? De sa jeunesse, de sa force, de l’impétuosité et de la pureté de ses intuitions d’autrefois, il ne lui est resté que cette peur du bâton.