Lova, tome 2

En 1992, le loup réapparait en France dans les Alpes Maritimes. C'est aussi cette année là que la bande dessinée Lova de Jean-Claude Servais est publiée aux éditions Aire-libre.

Depuis les loups recolonisent les territoires français tranquillement.
Tranquillement ? Non pas vraiment... Il y aura toujours des hommes pour croire que le loup est l'ennemi à abattre coûte que coûte. Il y aura toujours des hommes pour prendre le célèbre conte de Charles Perrault au pied de la lettre.

Ce conte, la petite Lova, héroïne de la BD de Servais n'y croit pas. " C'est une bête histoire "Le Petit Chaperon rouge"! C'est nul ! C'est faux, les loups ne mangent pas les petites filles ! Papa me l'a dit ! "
Son fameux papa est journaliste et fait des reportages sur les loups. Un jour, il eut même la bonne idée de libérer d'un parc animalier une meute de loups...
sans jamais imaginer que ces mêmes loups deviendraient une véritable famille pour sa petite Lova.

Cette bande dessinée est poignante. Plaidoyer sincère et émouvant pour la cause des loups, elle nous plonge dans un univers qui frise parfois avec le fantastique. Servais m'avait déjà séduite avec "Fanchon". J'ai retrouvé avec Lova ce même hymne poétique à la nature, à la forêt ardennaise. Servais sait envoûter ses lecteurs par des images à la fois simples, sublimes et lumineuses. A tel point qu'on en oublie parfois la cruauté des hommes... Mais chez Servais, la folie meurtrière des hommes rôde, s'immisce subrepticement dans l'histoire et nous ramène brutalement à la réalité.


Et pourtant, quelque part, au plus profond de la forêt, les loups veillent...et continuent d' hurler à la lune. Qu'ils puissent le faire encore longtemps !

On retrouve l'enfant sauvage, identifiée comme étant Lova, dans le milieu médical. Après huit années au milieu des loups, elle mange, se déplace, grogne comme sa famille les loups.
Il lui faut réapprendre à vivre comme un humain, retrouver son passé, devenir sociable, tenir debout…. Tout ça sera long, très long, voire impossible mais l'équipe médicale, avec l'aide indispensable de Catherine Evrard Fortemps.
On a toujours l'impression, à tort, que ce genre d'histoire est rabâchée. Mais si c'est bien l'histoire de Lova, enfant sauvage que l'on raconte, on ne s'arrête pas là car, autour, il y a des gens comme par exemple Catherine Fortemps qui a un coeur de mère gros comme ça.
Et aussi, il faut être bon écrivain pour trouver une fin qui ne soit pas qualifiée de « queue de poisson ».
Jean-Claude n'a plus rien à prouver aujourd'hui. C'était déjà le cas en 1993

Dans le tome 2, on retrouve Lova dont la mère fait tout pour lui réapprendre à vivre parmi les hommes. Elle est aidée par toute une équipe médicale, mais c'est un long processus et il faut beaucoup de patience pour faire acquérir à la jeune fille les gestes du quotidien. Lova reste profondément fascinée par les loups avec lesquels elle a vécu plusieurs années, ces loups que son père avait tenu à libérer d'un parc animalier avant de mourir dans un accident de voiture.
Je trouve les illustrations sublimes, c'est ce qui fait, pour moi, tout le charme et toute la force de cette BD. La fin n'est pas forcément celle qu'on attendait.