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4,16

sur 403 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Très beau roman qui nous conte l'histoire tragique d'une famille kurde des années 50 jusqu'à nos jours, depuis leur village du bord de l'Euphrate jusqu'aux quartiers pauvres de Londres. Ni les premières pages ni le titre ne nous laissent aucun espoir quant la fin du roman. Et pourtant, par sa construction, son écriture juste et poétique, Elif Shafak saisit et ne nous lâche pas. Par la voix d'Esma, elle tente d'expliquer ce qui a conduit à ce crime d'honneur, comment certains membres de cette famille se perdent entre passé et présent, entre Kurdistan,Turquie et Europe, entre tradition et absence de repère.
Le destin de ces jumelles m'a rappelé le très beau livre de Monica Ali, "Sept Mers et Treize Rivières", qui entre Bengladesh et Londres, abordait les mêmes thèmes. Lecture intéressante et émouvante en ces temps troublés.
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Elif Shafak a un don : celui de narrer des histoires tragiques, entre tradition et modernité, entre Orient et Occident, avec finesse, intelligence, grâce à une structuration originale, permettant au lecteur de dénouer le fil des vies de tous ces personnages, car il y en a beaucoup.
L'auteur arrive à faire se rencontrer ces destins, sans jamais perdre son lecteur, ni le thème de ce livre, qui reste central du début à la fin : un crime d'honneur.
Comment en est-on arrivé là, comment l'événement a-t-il influencé la vie de la famille de la défunte ? et même des personnages extérieurs ? Chaque acteur prend la parole et dévoile des pans de l'histoire.
Une à une, leurs vies s'emmêlent, s'entremêlent et se démêlent.
C'est vraiment un plaisir de lire Elif Shafak, dont le style envoûte. Elle sait créer les passerelles temporelles, spatiales et humaines, rendre les faits tangibles, et rendre humain chaque personnage, avec ses failles, ses actes héroïques ou scandaleux.
Elle sait aussi créer l'Orient en Occident, en racontant l'exil d'une famille venue chercher une vie meilleure, voire miraculeuse ailleurs.
Des thèmes aussi riches que divers sont abordés comme le poids des traditions, la place des femmes dans la famille, le pardon, l'amour et l'honneur.
N'hésitez pas à découvrir ou à redécouvrir cette auteur, grâce à ce grand roman lumineux.
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Des filles, des filles, rien que des filles. Dans le village de Mala Çar Bayan près de l'Euphrate, Naze espérait avoir enfin un fils. Mais elle accouche de jumelles : Jamila et Pembe. Une véritable malédiction pour cette famille très traditionnelle : encore deux filles qu'il faudra marier. Des deux soeurs, seule Pembe se marie. Jamila devient sage-femme aux fins fonds de la Turquie, aidant et guérissant ceux qui viennent la chercher. Pembe épouse Adem qui l'emmène à Istanbul. Iskender et Esma naissent dans la capitale turque, avant que leurs parents ne décident de s'installer à Londres. Un eldorado où la vie sera forcément plus douce et où Pembe met au monde un dernier enfant : Yunus. Mais le mirage londonien est de courte durée. Adem se perd dans les salles de jeu, Iskender dans la colère jusqu'au terrible drame qui le conduit en prison.

"Crime d'honneur" est une formidable saga familiale couvrant plusieurs générations (des années 50 au début des années 90) et plusieurs pays. Les chapitres alternent les époques, les points de vue et nous transportent des bords de l'Euphrate à ceux de la Tamise où la famille de Pembe est venue vivre. A travers la trajectoire de Pembe et des siens, Elif Shafak aborde de riches thématiques : le poids des traditions, du déracinement, la place des femmes, l'éducation. Les trois enfants de Pembe incarnent les différentes réactions des immigrés. Iskender, l'aîné et "sultan" de sa mère, est le plus perdu. Il n'arrive pas à trouver sa place à Londres, il se cherche et pense trouver des réponses dans le repli communautaire. Ce retour irréfléchi aux traditions l'amènera à commettre un crime d'honneur impensable et impardonnable. Yunus, le cadet, est né à Londres et la question de l'intégration ne se pose pas pour lui. Ses souvenirs sont ancrés dans les rues et les squats londoniens. Esma est entre les deux mondes. Jeune femme moderne, elle n'a pas pour autant oublié ses racines turques : "Istanbul … Dans les circonvolutions de ma mémoire, le nom de la ville se distingue des centaines de mots que j'ai rangés tout au fond, au fil de ma vie. Je le pose sur ma langue, je le déguste lentement, avec envie, tel un bonbon. Si Londres était un bonbon, ce serait un caramel – riche, intense et traditionnel. Istanbul, par contre, serait un morceau de réglisse à la cerise – un mélange de saveurs opposées, capable de transformer l'aigreur en sucre, la douceur en amertume." Les femmes de la génération précédente n'auront pas la chance de profiter de la libération de la femme. Pembe et sa soeur Jamila sont les deux sacrifiées, leurs vies gâchées et gaspillées par l'impossibilité d'échapper à la tradition.

"Crime d'honneur" est l'histoire déchirante de deux soeurs, de leur famille cherchant désespérément la liberté, le bonheur et qui ne trouve que la violence et la peur.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
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Ce roman est l'histoire d'un exil, d'un village kurde sur les bords de l'Euphrate à la banlieue de Londres. C'est aussi celui de la confrontation entre les traditions et la modernité. Mais c'est surtout un roman qui retrace l'histoire de trois générations de femmes turques. La première, Naze vit dans un petit village rude et désolé, par delà les rives de l'Euphrate. La seconde Pembe est sa septième fille. Et enfin Esma, la fille de Pembe. C'est cette dernière qui raconte, tente de démêler les ficelles de cette famille kurde qui ont conduit à un crime.

Dès le départ, on sait qu'un drame va se produire. le titre et les premières lignes sont explicites. Aucun suspense, ce n'est absolument pas l'objet de ce roman.

En revanche, en retraçant l'histoire de sa famille sur trois générations, en alternant le passé et le présent, on comprend l'ambivalence de cet exil où les traditions des uns se confrontent aux libertés occidentales des autres. Dans cette culture patriarcale, l'autrice met subtilement en avant le rôle de ces femmes qui tiennent leur famille à bout de bras, en opposition à leurs hommes qui boivent, trompent ou fuient. Les portraits des uns et des autres sont à la fois singuliers et attachants (mention spéciale aux deux frères d'Esma, Yunus et Iskender).

Le regard qu'Elif Shafak porte sur cette histoire dure et terrible est d'une grande douceur et abordé avec beaucoup de pudeur. Et c'est bouleversant.
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Voici un roman "fort" sur un sujet douloureux. Nous sommes en Turquie; un fils ou un frère peut se sentir obligé de tuer sa mère ou sa soeur si celle-ci a "fauté". Nous suivons ici, sur 3 générations, une famille Turque émigrée vers Londres. La teneur du drame nous sera très vite révélée, et le récit remontera le temps, pour disséquer l'origine et le processus qui y a conduit. L'auteure utilise le procédé - un peu trop à la mode - des va-et-vient chronologiques permanents, et du parler tournant de chaque personnage. Si l'on accepte ce jeu, peu clair au début mais qui se simplifie au fil du texte, on est séduit à la fois par "l'histoire" et par le style du roman. Tout cela est très travaillé et conduit à un beau résultat. Mieux: la complexité du drame nous surprendra progressivement, jusqu'à la fin. Au milieu de personnages douteux, apparaissent quelques belle figures, notamment celle de Jamila, sage-femme dévouée, altruiste et lumineuse.
Joli livre, dont on devrait se souvenir. (Prix Relay 2013).
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Une histoire déchirante.
Il est vrai que j'ai trouvé certains passages un peu longs et le passage dune période a une autre assez troublant, néanmoins ce livre vaut vraiment le coup daller jusqu a à la fin, jen ai été troublé en le refermant, même sentiment que j'ai eu en lisant "la bâtarde d'Istanbul".
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J'ai aimé la saga tragique de cette famille turque... Les personnages sont tenaillés entre sentiments personnels et devoirs vis-à-vis de leur communauté. La tradition se marie mal à la modernité de la vie en Angleterre. L'histoire est prenante. Par contre, les allers-retours dans le temps et parmi les différents personnages sont compliqués.. il faut bien se concentrer pour suivre :-))

L'écriture est très agréable. L'auteur apporte beaucoup de détails, le vocabulaire est précis, il permet de visualiser les personnages et les situations.
Les personnages sont extrèmes et se confrontent sans cessent jusqu'au drame final. le scénario et l'intrigue sont très bons, la fin ressemble même à un roman policier, on ne s'y attend pas du tout. Bref, une lecture à recommander !
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Une chose pourrait rebuter dans ce roman: la structure. Elif Shafak ne cesse de louvoyer entre plusieurs moments qui furent décisifs pour la famille. le récit commence en 1992, puis on passe à 1945, puis aux années 50... puis on alterne entre les années 70 et 1991, etc. C'est le genre de structure que je n'aime pas parce que pour moi, cela fait très brouillon, et souvent, cela n'a pas vraiment de raison d'être. Cependant, ici, la romancière sait ce qu'elle fait, et construit un puzzle dont on imbriquera petit à petit les pièces. le lecteur comprendra très vite que la structure est ainsi car certaines informations ne doivent être délivrées qu'à certains moments.
[...]
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Roman sensible et émouvant d'une auteure turque adulée dans son pays, Crime d'honneur tisse les relations complexes d'une famille écartelée entre sa culture traditionnelle et le désir d'émancipation né du passage à l'occident.
Un village près de l'Euphrate, dans un monde patriarcal où l'honneur des hommes est la valeur suprême. Là, une femme qui implore Allah pour la naissance d'un fils après avoir mis au monde six filles voit sa requête ignorée. Ce seront deux filles de plus : Pembe et Jamila, jumelles aux caractères aussi dissemblables que leurs destins. L'une se marie avec le Turc Adem et part vivre avec lui à Londres, dans un pays hostile et providentiel. L'autre se retire dans une cabane isolée et devient la sage-femme vierge. C'est Pembe, la voyageuse, qui réalisera le rêve maternel en accouchant en Angleterre d'un fils : Iskender, aîné de la fratrie, sultan, petit dieu. Mais les amours contrariés pèsent de tout leur poids dans les malheurs à venir. Car amoureux de Jamila, Adem a dû se résoudre a épouser Pembe qu'il n'aimera jamais et quittera. le champ est libre pour mettre l'honneur à l'épreuve, car chacun sait chez les kurdes que les femmes ne peuvent apporter que la honte. Et qu'en l'absence du mari, c'est sur le fils, aussi jeune soit-il, que pèse la responsabilité de défendre, par tous les moyens, l'honneur du clan.
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Londres, 1992; une jeune femme, Esma, écrit l'histoire de sa famille, en particulier celle de sa mère, Pembe. La première phrase du livre est : " Ma mère est morte deux fois". Dès le début, il est clair que Pembe a été poignardée par son fils aîné, Eskender. Chez les Tariq, émigrés de Turquie en Grande-Bretagne dans les années soixante-dix, ce fils aîné était le "sultan, l'adoré" de sa mère. Pembe avait une soeur jumelle, Jamila, restée en Turquie, qui ne s'est pas mariée et est devenue sage-femme. L'histoire des parents de Pembe et Jamila, qui ne mettaient au monde que des filles, huit en tout, est très savoureuse; l'auteure creuse les caractères de chacun et explique comment on a pu arriver, dans cette famille, à la situation de matricide. Elle passe en revue leur vie en Turquie, les coutumes inculquées et les différences avec la vie londonienne, les enfants arrivés petits, vite immergés dans leur nouveau monde, croit-on ... L'histoire est très intéressante, bien écrite, instructive; jusqu'au coup de théâtre final qui donne beaucoup de sens au récit.
Lien : http://www.les2bouquineuses...
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