Il est agréable de retrouver le style de
Shakespeare - je l'avais délaissé depuis trop longtemps -, même si ces deux pièces ne m'ont pas particulièrement fascinées.
Dans cet ouvrage, deux pièces, donc, assez différentes et qui pourtant se répondent l'une à l'autre:
- "La Sauvage Apprivoisée" nous présente avec originalité une pièce dans une autre pièce. le prologue, de l'ordre de la tragédie, ouvre le texte; il y est question d'un ivrogne profondément endormi enlevé par un lord qui passait par là et qui tient à lui jouer un mauvais tour: lui faire croire, à son réveil, qu'il est un riche et important seigneur. Vient ensuite l'histoire principale: Catharina et Bianca, filles d'un riche gentilhomme de Padoue, sont en âge de se marier. Si la seconde, et plus jeune, a de nombreux prétendants, son père refuse cependant de la marier tant que sa soeur aînée ne le sera pas. Mais un problème se pose: si Bianca paraît tel un ange, pleine de douceur et de soumission, Catharina, elle, tient plus du démon avec sa violence et sa verve blessante. Petruchio, nouvel arrivant dans la ville, a pourtant bien l'intention de l'épouser, même s'il doit agir par la ruse pour l'amadouer.
- Dans "
Tout est bien qui finit bien", Hélène, fille d'un pauvre médecin décédé, est follement éprise de Bertrand, fils de la comtesse qui a fait de la jeune fille sa protégée. Mais Bertrand, imbu de sa position dans le monde, n'a que trop conscience de l'infériorité d'Hélène et ne songe pas à la prendre pour femme. Lorsque les circonstances l'y obligent, il préfère s'enfuir à l'étranger et s'engager dans une guerre plutôt qu'être forcé à aimer Hélène. Celle-ci est cependant déterminée à faire valoir ses droits d'épouse et va tout tenter pour se rapprocher de lui.
Ces deux pièces sont dans le plus pur style shakespearien, et il est délicieux de retrouver cet art du tragique et de la comédie - l'un n'allant ici pas sans l'autre -, si bien associés l'un à l'autre. Mais
Jean-Pierre Villquin le précise dans sa préface, la situation de la première pièce, notamment, "ferait bondir les féministes d'aujourd'hui". Effectivement... Bien que tout doit être replacé dans son contexte, certaines facettes de ces deux textes m'ont gênées, et bien que je reconnaisse indubitablement la force d'exécution et l'étendue imaginative du dramaturge, je n'ai que peu su me détacher de cette impression malaisante qui a accompagné ces deux lectures. Je reste admirative de la puissance de caractère que
Shakespeare a insufflé à ses personnages, autant à ceux que l'on apprécie qu'aux autres, du genre détestable; de plus, la construction du récit est, comme toujours chez lui, absolument incroyable, pleine de retournements de situations et de manigances; le tout est si vivant, j'adore cet aspect de la plume de l'auteur !
Mais malgré les nombreuses qualités de ces oeuvres, le moins bon reste plus vivace dans mon esprit et c'est sans doute avec une pointe de dépit que je m'en souviendrai.
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