C'est l'histoire à la fois intime et universelle d'une famille Lorraine , dans le « Pays - Haut » , leur lieu d'ancrage, vaste plateau délimité à l'Est par la vallée de la Moselle , à l'ouest par la plaine de la Woëvre, , aux confins de la Belgique et du Luxembourg.
L'auteure évoque , bien sûr , la métallurgie et la sidérurgie , fleuron économique de ce terroir longovicien jusqu'aux années 70- 80, ces hauts - fourneaux , » des bêtes féroces , la chaleur torride , insupportable , domptée par les courageux ouvriers qui suffoquaient, leurs fronts perlant de sueur » .
Longwy est aussi « la cité des Émaux » , mis en lumière par Louis Majorelle dans les vitraux des aciéries .
L'auteure , attachée à son lieu de vie , évoque avec chaleur , précision , humour et tendresse le quotidien de trois filles , devenues sexagénaires, nées au mitan du vingtième siècle, les plaisirs , les contraintes , les joies simples de ces vies d'enfants ,
les trois filles de l'instit , leur maman , un récit autobiographique.
La photo de couverture montre leur maman Geneviève, elle vit une enfance heureuse auprès de ses parents , tout s'effondre à la mort de sa mère Maria , à l'âge de quarante ans , de la diphtérie le 29 août 1929, son père, Eugène , désemparé , anéanti, mourra de chagrin , trois ans plus tard ,
Geneviève est recueillie par son oncle et sa tante.
Travaillant beaucoup dans leur café , ils prendront peu de temps pour lui montrer de l'affection .
Elle poursuivra ses études , deviendra une institutrice très occupée par son métier, passionnée , elle se partageait entre l'intendance des tâches ménagères et sa lourde charge professionnelle , l'amour du travail bien fait , aux côtés de Jean , son mari , technico commercial auprès des agriculteurs , milieu dont il est issu.
L'auteure compose une ode chaleureuse, intimiste , à sa maman , celle- ci , courageuse et attentive , l'avancée remarquable du couple parental , Jean ,le papa s'occupant le plus possible de l'éducation, de ses trois filles , aidant à la vaisselle , à la cuisine , au bain des filles , la douche collective , une grande bassine blanche occupant la majeure partie de l'espace , l'eau chaude , à l'époque , ne sortant pas du robinet ….
On y redécouvre des habitudes d'antan, oubliées : l'huile de foie de morue, traditionnelle cuillerée , se laver les cheveux dans un évier, un gant sur les yeux , repasser sur une couverture recouverte d'un drap blanc, Saint - Nicolas , patron de la Lorraine, la messe le dimanche , les plaisirs. variés liés à la neige et au froid de la Lorraine ,
Pour cette famille , les devoirs scolaires : très importants pour la maman , les notes , la répartition des tâches domestiques , la fragilité de Marie , l'aînée , les colères incontrôlées de Mireille , la deuxième de la fratrie et Ratapoil ,le surnom donné par Jean à la troisième, Annie .
Un très bel ouvrage nous immergeant dans un univers oublié , le quotidien d'une famille Lorraine au Vingtième siècle , les astuces , roublardises des petites filles pour échapper aux contraintes, des scènes comiques , joyeuses , tendres , réalistes , parfois poignantes pour leurs aïeux qui constituent les ingrédients de toute une vie .