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Dans l'ordre de la collection « omnibus » - une très belle édition d'ailleurs – c'est le deuxième « Maigret ».
Tout se passe autour d'une écluse de la Marne, son café de la marine, ses habitués, les péniches qui passent lentement tantôt à moteur et tantôt tirées par des chevaux sur les chemins de halage. Une jeune et belle femme, toute parée, comme pour sortir, est retrouvée morte étranglée dans une écurie où deux charretiers viennent de passer la nuit. Maigret s'intéresse aux hôtes d'un yacht, un aristocrate anglais flegmatique et alcoolique et ses acolytes, Willy et Vladimir ainsi qu'une dame, demi-mondaine et sud- américaine. L'étranglée était la femme de l'aristocrate, Sir Walter Lampson, colonel retraité de l'Armée des Indes, une vraie caricature d'Anglais qui ne laisse rien voir de ses sentiments. Il s'en passe de belles, visiblement sur le yacht, alcool et parties fines et pour cela on fait venir des filles de l'extérieur qu'on débarque ensuite. Et puis il y a cette péniche, « La Providence » avec Hortense, la marinière, la brave dame par excellence et son mari ainsi que leur charretier, Jean, vieillard taciturne et peu causant.
Maigret va donc enquêter dans ces environs avec Lucas qui vient à la rescousse et fait la liaison entre Epernay (nous sommes dans la Marne) et Paris. D'indices en indices, il finit par dévoiler toute l'histoire, bien triste d'ailleurs. Il y est question de changement d'identité et de métier. Et puis il y a tout le quotidien des mariniers, leurs habitudes, le temps pluvieux et sinistre, le temps d'horloge, qui comme l'enquête ou les péniches avance lentement, très lentement. C'est toute cette ambiance qu'a su recréer Simenon, comme il en créera d'autres dans d'autres milieux. C'est justement ce qu'on aime.
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Le charretier de la Providence est l'un des meilleurs romans de Georges Simenon : histoire (plutôt qu'intrigue) poignante, personnages fouillés, construction impeccable. Dès le premier chapitre, « L'écluse 14 », après un rappel minutieux des faits, heure par heure, le décor est planté : les habitations au bord du canal, les écluses, les péniches, les chemins gorgés d'eau… Et, comme très souvent, Simenon donne les conditions climatiques : « le dimanche – c'était le 4 avril – la pluie s'était mise à tomber à verse dès trois heures de l'après-midi. ». Une pluie qui ne cesse pas et contribue à créer une atmosphère déprimante.
Maigret enquête sur la mort de Mary Lampson, la femme d'un colonel britannique qui navigue sur les canaux à bord de son yacht le Southern Cross. Elle a été retrouvée étranglée dans une écurie près du canal latéral à la Marne. La présence de cette belle femme élégante dans le monde rude des mariniers, des pilotes et des éclusiers ne peut qu'intriguer. le commissaire, une fois de plus, va devoir reconstituer l'histoire d'un homme trahi et abandonné, alors qu'il se trouve dans une situation épouvantable, par celle qu'il aime et qui ira jusqu'à la tuer lorsque le hasard la lui fera retrouver. Un homme qui fut respectable et qui a cru retrouver un peu de paix en travaillant le long des canaux et en s'inventant une nouvelle vie.
Comme on l'a vu, cette histoire banale et triste à pleurer se déroule dans des paysages sinistres, battus par la pluie, où les hommes pataugent dans la boue des chemins de halage. Pourtant, bien qu'il soit à la peine et doive faire des kilomètres à pied ou à bicyclette, Maigret est à l'aise dans ce monde d'hommes travaillant dur et des femmes ne mâchant pas leur peine . A bord des péniches ou dans les caboulots qui jalonnent le canal, il les regarde, les écoute et parvient à les faire parler. Cet intérêt pour ces gens humbles contraste avec le mépris qu'il éprouve pour les occupants du Southern Cross, de riches étrangers menant une vie d'oisiveté et de débauche. Deux univers que tout oppose : le monde de labeur des mariniers et la vie insouciante des occupants du yacht ; la paille de l'écurie de la Providence et la cabine du Southern Cross qui sent « le bar, le boudoir et l'alcôve » ; le whisky du colonel et le rhum ou le gros rouge que l'on boit sur le pouce dans les buvettes ; la solidarité et la complicité des femmes et des hommes des canaux et l'égoïsme de Lampson et de ses amis.
Le drame humain que raconte le charretier de la Providence – bonheur partagé, trahison, vengeance – aurait pu faire un mauvais mélo pour roman-photo. Il devient pathétique et humain quand, pour élucider cette affaire, Maigret pénètre l'univers des mariniers mais aussi des passagers du Southern Cross, et parcourt à bicyclette sous une pluie incessante les soixante-huit kilomètres du chemin de halage le long du canal de Dizy à Vitry-le-François. Pourtant, impuissant pour une fois à changer le cours du destin comme il aime à le faire, il ne peut qu'être témoin de la fin tragique d'une histoire où la trahison a conduit à la déchéance, puis à la vengeance.
Alors, il ne reste que la douleur d'une brave femme qui tient la main d'un mourant. Et une dernière phrase pour résumer le drame : « Et les mariniers s'en étaient allés en ville, commander des vêtements de deuil. »

Lien : http://maigret-paris.fr/2020..
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Maigret chez les mariniers.

Entre deux écluses, l'homme à la pipe sonde les âmes et les masques se craquèlent. Dissimulés derrière une façade de carton-pâte, les personnages que rencontre le commissaire sur un yacht (une bourgeoise décavée, un Anglais à la morgue hautaine, un gigolo flambeur...) camouflent certes des brèches que rien ne colmate mais restent de convention. A contrario, l'épaisseur, la compacité conviennent mieux aux bateliers, figures simples que Simenon n'entraîne jamais vers le pittoresque. Ainsi Hortense Canelle, la plantureuse patronne du bateau-écurie la "Providence" ou Jean, son mutique charretier, se parent-ils d'une tangibilité indéniable.

Roman humide, cinglé par les pluies fines de la Marne, le Charretier de la "Providence" glisse d'un bief à l'autre, lentement jusqu'à son issue forcément fatale, telle une péniche dans son canal.

Écriture grise, atmosphère maussade, protagonistes ombreux : un Simenon quintessentiel.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Simenon nous dépeint dès le premier chapitre une atmosphère lourde, triste, pluvieuse.

Dizy, petit village de la Marne, au bord d'un canal latéral. À l'écluse 14 qui fait la jonction entre la Marne et le canal, la maison de l'éclusier et le Café de la Marine. Dans l'écurie attenante au café, à quatre heures du matin lorsque les abords du canal se réveillent déjà, le corps d'une femme est découvert dans la paille. Une victime qui ne cadre pas avec le lieu.
Maigret doit se familiariser, comme nous, avec les termes liés à cette vie de péniches, de charretiers, d'écluses. Pataugeant dans la boue, il erre sur le chemin de hallage pour s'imprégner de ce lieu particulier.

Une intrigue triste, oppressante. Une atmosphère poisseuse que Simenon installe avec des mots justes, qui percutent le lecteur. Que ce soit pour tracer les personnages, les lieux, le temps, l'auteur savait, indubitablement, manier ses phrases pour en faire ressortir un pouvoir évocateur qui m'impressionne et qui me plait énormément.
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Ces Maigret écrits dans les années 30 permettent de bien se rendre compte de l'époque. Car entre deux guerres, toutes les péniches n'étaient pas à moteur et nombre d'entre elles étaient tirées par des chevaux le long des chemins de halage.

Cette enquête est la deuxième de Maigret et ces premiers livres ne font pas vraiment partie de mes préférés. L'écriture y est moins fluide, les personnages moins clairs. Une histoire de jeune femme retrouvée étranglée dans un canal glauque et sombre.

Un Maigret toutefois intéressant pour qui souhaite découvrir des termes tels que Panama, charretier, cabestan, un système de trématage ou savoir qu'il y avait une écurie sur les péniches
Lien : https://www.noid.ch/le-charr..
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Ce Maigret des années 1930 nous permet de découvrir la vie autour du canal de la Marne. Péniches à moteur mais d'autres avec des chevaux puissants et résignés à l'effort quotidien. Ecluses manoeuvrées à la main de nuit comme de jour, avec parfois des embouteillages à l'amont comme à l'aval. Bistrots misérables pour les hommes fatigués venant boire un café ou un ballon de rouge. Les mariniers et leurs compagnes toujours pressés pour ne pas perdre leur place sur le canal.

Termes techniques et itinéraires peu explicites (sans carte) créent un univers que l'on ne maîtrise pas et qui place d'emblée le lecteur dans un contexte d'exploration et d'aventure.

Maigret débarque pour enquêter sur le crime d'une belle dame découverte sous un tas de paille, dans une écurie. Ce n'est pas le cadre des hôtels parisiens! Maigret devra même faire plus de cinquante km à vélo (non électrique) le long du canal, belle performance mais quelque peu irréaliste.

Une communauté de besogneux, en lutte pour vivre (ou survivre). Mais où apparait pour quelques personnages féminins une grande humanité.
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J'ai trouvé cette enquête de Maigret un peu triste, comme le temps que décrit Simenon et comme celui que nous connaissons maintenant : gris et pluvieux.
Maigret lui-même semble assez mélancolique au cours de cette enquête. Peut-être parce qu'il en connaît la fin avant nous et que lui aussi a l'impression d'un gâchis, d'une vie qui n'aurait pas dû finir comme cela...
Un bon point pour les descriptions de Simenon : elles sont toujours aussi réussies et permettent vraiment de ''sentir'' l'ambiance de ses romans.
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Georges Simenon est un écrivain belge francophone (1903-1989). L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les « Maigret ») éclipsent en partie le reste d'une oeuvre beaucoup plus riche. Simenon est en effet un romancier d'une fécondité exceptionnelle, on lui doit 192 romans, 158 nouvelles, plusieurs oeuvres autobiographiques et de nombreux articles et reportages publiés sous son propre nom et 176 romans, des dizaines de nouvelles, contes galants et articles parus sous 27 pseudonymes ! le Charretier de la « Providence » paru en 1931 est l'un des premiers romans de la série des Maigret.
Le cadavre d'une femme étranglée est retrouvé dans une écurie près d'une écluse d'un canal latéral de la Marne. La femme correctement vêtue n'est certainement pas une familière des lieux. le commissaire Maigret est chargé de l'enquête.
Dès ce premier roman, on plonge dans l'ambiance pesante des Maigret : une zone déserte, une écluse et un café de la Marine où les mariniers viennent boire un coup, une météo pluvieuse avec averses, ciel bas et gadoue qui colle aux godasses. Très vite deux bateaux attirent l'attention, un yacht, propriété de Walter Lampson, colonel de l'armée des Indes à la retraite porté sur l'alcool, Willy Marco, Mme Negretti et Vladimir le matelot russe. le cadavre est celui de Mary, jeune épouse du colonel. Mais le bateau le plus intrigant c'est La Providence car un indice trouvé sur le cadavre le rend suspect ; péniche en bois, tirée sur le canal par deux chevaux, à son bord un couple de mariniers et Jean, un vieil homme taiseux, le charretier qui vit dans la paille auprès de ses bourrins… L'enquête se complique quand Willy est à son tour assassiné !
Maigret loge sur place et se mêle à la vie des mariniers, apprend tout du fonctionnement des écluses et de la navigation sur les canaux, ses codes, ses rites et ses contraintes. Les deux bateaux, deux univers opposés, sur l'un c'est fiesta permanente avec champagne en jonglant avec les problèmes d'argent, liens sentimentaux complexes entre les uns et les autres, sur la péniche c'est la vie difficile mais aimée par leurs occupants, on travaille dur et on se serre les coudes. Maigret observe, écoute, emprunte un vélo pour se déplacer et suivre à la trace les bateaux sue le canal, il pleut, bonjour tristesse. de temps à autre, Lucas, adjoint du commissaire vient au rapport, mais le futur célèbre commissaire est seul à tenter de démêler cette intrigue dont je ne vous dis rien d'autre… le titre du roman parlant de lui-même !
Une intrigue qui se révèlera finalement assez abracadabrante car reposant sur un hasard assez improbable. Néanmoins l'épilogue nous réserve des pages d'une extrême tendresse, émouvantes au possible et très belles.
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« le charretier de la Providence » est une enquête se déroulant dans le cadre plutôt original des charretiers, des éclusiers et des mariniers, avec ces codes et son vocabulaire spécifiques.

L'aspect frustre de ce monde d'hommes habitués à vivre à la dure est toutefois contrebalancé par l'ambiance de totale décadence qui règne à l'intérieur du yacht d'où est originaire le victime.

Peu importe donc si l'histoire parait quelque peu tirée par les cheveux et si l'ancien médecin devenu une brute attire finalement plus la compassion que le dégout, le charme bien particulier de ce roman réside pour moi dans son atmosphère mélancolique et dans son cadre tout à fait inhabituel.

Un bon Simenon donc.
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Le commissaire Maigret est amené à enquêter après la découverte d'un cadavre de femme à proximité de l'écluse de Dizy, près d'Epernay. Il va plonger dans l'univers des mariniers pour découvrir le coupable.

Le monde de la marine fluviale apparaît à plusieurs reprises dans l'oeuvre de Simenon. Il était lui même, un familier des canaux et des écluses qu'il parcourait à bord du Ginette, puis de l'Ostrogoth et c'est d'ailleurs au cours d'une de ses navigations que lui serait venue l'apparition de Maigret.

"Le charretier de la Providence"* fait partie des premiers Maigret et cela se ressent car ce roman tient avant tout par les qualités intrinsèques de l'écriture de Simenon.
Le style est déjà là : sobre et précis pour cette description d'un genre humain qu'il ne juge jamais, ce commissaire qui enquête sans génie, en tâtonnant, en déduisant et en se fiant à son inspiration.
Maigret est un besogneux, un flic de terrain, pas un détective fringant recherchant les couvertures de magasines : ce n'est pas un Maigret de canard.
L'ensemble baigne dans un univers qui semble avancer au ralenti.

Les mariniers évoluent dans une ambiance, lourde, triste, un paysage humide et brumeux. On pense à 'L'éclusier" de Jacques Brel où "c'est au printemps qu'on prend le temps de se noyer".
Autour des écluses, c'est aussi le croisement de deux mondes : celui des riches oisifs qui naviguent sur leur yacht entre deux séjours à Paris ou sur la Côte d'Azur (Sir Walter Lampson et son entourage vivant sur le "Southern Cross"), et celui des modestes mariniers, enchaînés à leurs péniches (Hortense, son mari et Jean le Charretier sur la "Providence").

Simenon ne prend pas partie. Il décrit, observe, comprend.
Mais il prend le soin de détailler les individualités de la jet-set qui naviguent à bord du yacht, tandis les petites gens n'existent guère par eux-mêmes, en dehors de leur péniche.
On connaît à peine leur identité et c'est incidemment qu'on apprend que la femme s'appelle Hortense (Simenon ne l'appelle que "la Bruxelloise", "la patronne de la péniche", ou "la marinière").
Ils sont des inadaptés en dehors du monde fluvial comme le montre cruellement l'épisode de leur visite à l'hôpital : ils s'endimanchent pour venir dans cet établissement où ils proposent maladroitement un pourboire aux médecins, comme ils ont l'habitude de faire avec les éclusiers.

Ce n'est sans doute pas un "Maigret" irréprochable. Comme souvent dans ses enquêtes, l'atmosphère prend le pas sur l'énigme, ce qui est rarement gênant. Mais ici, il faut reconnaître que l'intrigue est assez incroyablement sabotée, en premier lieu par le titre du roman qui tue le suspense dans l''oeuf, mais également par le déroulement de l'enquête qui désigne assez vite le coupable, au lecteur.
Autre petit reproche, la description des techniques de la marine fluviale est parfois un peu trop appuyée.
C'est bien connu, à la longue, les péniches peuvent lasser.

Avec ce roman, Simenon dessine un paysage de canaux létaux qu'on ne placera pas forcément en tête de gondole, mais à ce niveau de littérature, ça reste évidemment recommandable.

*La "Providence"...bien entendu, le nom du bateau est allégorique, un peu comme "Les sentiers de la perdition"/ "Road to Perdition" .
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