Mais qu'est-il arrivé à
Dan Simmons ?
Dans les années 90, j'ai découvert avec enthousiasme la tétralogie d' « Hypérion », qui est pour moi l'un des meilleurs romans de science-fiction de tous les temps.
Depuis, j'ai suivi sa parution et ai lu toute son oeuvre publiée en France.
Malheureusement, la baisse de régime a été très rapide.
A l'exception notable de « l'échiquier du mal », excellent roman, et avec une mention « convenable » pour la « trilogie d'Elm Sreet » (bien que «
Nuit d'été » ne soit qu'un plagiat de « ça », bien en-dessous de l'original, tout le reste est décevant à l'aune d' « Hypérion ».
La trilogie de Kurtz (incursion mal venue dans le policier) est franchement mauvaise.
Puis nous arrivons à «
Drood », «
l'Abominable » et maintenant « le cinquième coeur ».Grâce à ces livres, vous saurez tout sur Dickens, son univers littéraire et le Londres victorien (
Drood), sur l'alpinisme dans les années 20 (
l'Abominable » et sur le Washington des romans d'
Henry James et l'oeuvre de ce dernier (les cinq coeurs) ; mais justement cela se voit trop. La partie documentaire, au lieu d'être en arrière-plan et de n'être visible qu'à travers l'intrigue, apparaît à nu en longues tirades didactiques, comme chez
Jules Verne ( ce qui sous mon clavier est tout le contraire d'un compliment ; Verne est un écrivain médiocre, qui a fait beaucoup de mal à la SF française en la personnifiant longtemps aux yeux d'une partie du public, ce qui lui a donné la réputation de littérature infantile dont elle a eu bien du mal à se défaire ).
Bien sûr il y a dans «
Drood » et dans «Les cinq coeurs » la bonne idée du personnage de fiction faisant irruption dans le monde réel ; appuyée surla documentation de l'auteur, elle aurait pu naissance à de très bons livres. Mais Simmons n'a pas su les écrire.
Si j'ai encore réussi à achever «
Drood », où la partie documentaire était tout de même mieux utilisée, et qui s'appuyait sur « le mystère d'Edwin
Drood » le chef-d'oeuvre inachevé de Dickens (qui aurait pu être son meilleur livre ; mais peut-être bénéficie-t-il justement de l'idée de ce qu'il aurait pu être), j'ai en revanche dû abandonner assez rapidement « Abominable » et « le cinquième coeur », tellement l'ennui s'installe vite et devient pesant.
Mieux vaut lire (ou relire) « Hypérion »
Cela dit, l'auteur a fait bien pire avec
l'abominable (mais vraiment abominable) "
Flashback". On voudrait l'oublier par charité mais on n'y arrive même pas.
Addendum : « le mystère d'Edwin
Drood est la source d'un excellent et très original roman, « L'affaire D. ou le crime du faux vagabond », de Fruttero et Lucentini, les auteurs de « La femme du dimanche »