Sur les tomes 1 et 2 ) Intégrale 1
Hypérion fait partie de ces titres avec lesquels j'ai découvert la SF au collège aux côtés de Fondation d'
Asimov, Dune d'Herbert et
La nuit des temps de
Barjavel. Il revêt donc une place toute particulière dans ma mémoire et ma bibliothèque personnelle de SF mais je n'avais jamais osé le relire de peur de ne pas aimer autant ou de découvrir qe mes souvenirs s'étaient galvaudés avec le temps. Mais l'an passé, j'ai décidé de petit à petit relire, à raison d'un tome par moi, les titres cultes de ma bibliothèque. Ayant terminé, La roue du temps il y a peu, que j'ai beaucoup aimé relire, j'étais rassurée. Il ne me restait plus qu'à me lancer, chose faite désormais. Et verdict ? Je pense que j'ai encore plus aimé qu'autrefois !
Lors de ma première lecture, il devait me manquer beaucoup de codes de lectures, car la plume et l'univers imaginés par
Dan Simmons sont très riches, et adolescent, on ne peut pas tout connaître. Ma relecture fut donc encore meilleure que je ne le pensais. J'avais en plus encore en mémoire plusieurs éléments de l'intrigue que je me suis plu à retrouver au fil des pages. Cette redécouverte fut donc un moment magique pour moi.
Dan Simmons est un auteur protéiforme, qui a écrit aussi bien de la SF, de l'horreur, du fantastique que du policier. Tout cela se retrouve dans Hypérion, cette saga publiée originellement en 4 tomes (2 consacrés à Hypérion et 2 consacrés à Endymion, sa suite), mais que j'ai découvert dans sa version découpée par Pocket à l'époque.
Dans ce texte, l'auteur s'amuse avec les mots, les ambiances, les tons, les personnages, pour proposer une vaste fresque dont on ne découvre les clés qu'au fur et à mesure de l'aventure vécue par les personnages. C'est jouissif ! Surtout qu'il ne prend pas les lecteurs pour des imbéciles et qu'il développe donc un univers riche et fourni mais aussi complexe en maniant de bons vieux termes de Hard SF. Il a reçu pour cela le prix Hugo du meilleur roman 1990 et le prix Locus du meilleur roman de science-fiction 1990.
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Replaçons un peu l'histoire...
Dans cette fresque,
Dan Simmons se place au XXVIIIe siècle, dans un univers où l'humanité a essaimé aux quatre coins des galaxies. L'Hégémonie, confédération qui gère les planètes colonisées par l'Homme, est en proie aux menaces des Extros, un groupe d'humains rebelles pourvu d'une vaste flotte. le lieu de toutes les tensions est la planète Hypérion, dans laquelle repose les mystérieux Tombeaux du Temps, qui, bloqués dans un espace-temps différent qui va à rebours, sont sur le point de s'ouvrir et de libérer le terrible Gritche, un géant recouvert de piquants métalliques, qui est perçu par beaucoup comme un dieu sanguinaire venu pour faire expier aux humains leurs péchés.
Dans l'espoir de sauver l'humanité, la Présidente de l'Hégémonie, décide d'envoyer sept pèlerins sur Hypérion pour qu'ils y rencontrent le Gritche et empêchent l'ouverture des Tombeaux du Temps. Il y a le père Lenar Hoyt, le colonel Kassad, le poète Martin Silenus, la détective Brawne Lamia, le Consul, l'universitaire Sol Weintraub, et le templier Het Masteen. Mais la légende dit que sur les sept pèlerins, six seront sacrifiés au Gritche, tandis que le dernier survivant, l'Élu, verra son voeu exaucé. Avec des motivations et des origines très différentes, les sept hommes et femmes vont d'abord tenter mieux se connaître en se racontant tour à tour un épisode de leur vie expliquant ce qui les lie à Hypérion.
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Tout ceci peut paraître très complexe mais quand on suit le récit de
Dan Simmons tout coule de source, tout se dévoile au fil du récit de chacun des sept pèlerins et tout apparaît limpide (ou presque) à la fin de ce premier tome. On a découvert qui était chacun des héros, j'y reviendrai. On a découvert quelles étaient les puissances qui entraient en action. On a découvert une partie des enjeux derrière. Et on a compris dans quel univers on se trouvait. C'est assez fabuleux quand on voit la richesse de celui-ci et des éléments qui le composent.
Dan Simmons est vraiment un grand conteur.
Et quand je dis grand conteur, je n'exagère pas. A chaque récit d'un pèlerin, il adopte un style différent. Ainsi, avec le père Lenar Hoyt, tel un roman picaresque horrifique, on découvre un prêtre catholique, qui a vu l'enfer. Avec le colonel Kassad, dit le Boucher de Bressia, on a droit à un récit onirique et fantastique digne d'un Roméo et Juliette science-fictionnesque où le héros est à la recherche d'un rêve, comme dans Blade Runner. Pour Martin Silenus, qui a connu la Vieille Terre et perdu les mots, nous sommes en plein drame personnel mais mâtiné de poésie tel celui dont il porte la mémoire. Plus évident, avec la belle détective Brawne Lamia, qui a aimé un
John Keats synthétique, c'est le polar qui est à l'honneur. le Consul qui a régné sur Hypérion, nous propose lui un récit politique et romantique dramatique. Sol Weintraub, l'érudit, dont la fille perd des années, m'a donné l'impression d'être en train de relire Benjamin Button. Enfin, le Gritch, lui, est une créature, certes métallique, mais qui pourrait tout droit provenir de l'imagination de
Lovecraft, tant elle est effrayante. Vous l'aurez compris,
Dan Simmons se fait plaisir et s'amuse à jouer avec les styles et les ambiances. Il n'est pas auteur de SF, d'horreur, de fantastique et de policier pour rien.
Pour ma part, j'ai adoré ce jeu. J'ai eu l'impression de lire plein de récits dans le récit. En plus, à chaque fois l'auteur se débrouille pour apporter de nouvelle révélation sur l'univers qui entoure ses pèlerins et faire ainsi découvrir au lecteur dans quel vaste histoire il se trouve. C'est passionnant ! J'ai aimé chacun de ces récits de vie dramatiques. J'ai aimé chacune des ambiances. J'y ai retrouvé des influences allant de la tragédie grecque à la mythologie égyptienne, en passant par des auteurs comme K. Dick,
Frank Herbert,
Agatha Christie ou
Francis Scott Fitzgerald et j'en oublie certainement tout plein !
Cependant ce premier tome assez long, plus de 600 pages très denses aussi bien en histoire de vie qu'en aventure et construction de l'intrigue principale ainsi qu'en exposition de l'univers, n'est qu'un point de départ. L'aventure est à peine lancée. On a juste assisté au voyage des futurs héros et à l'explication de leur présence ici. Tout reste encore à faire mais c'est déjà passionnant et on ne voit pas le temps passer. La narration est fluide. le récit est rythmé. La plume est accessible malgré les termes techniques et les concepts scientifiques utilisés. Pas besoin de glossaire ou notes en bas de page pour se faire comprendre ici, avec un grand auteur comme lui, on comprend tout grâce au sens général de ce qu'il écrit et c'est génial. C'est ce genre de SF que j'aime personnellement !
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Ainsi ma relecture d'Hypérion confirme parfaitement le statut culte que j'attribuais à cette saga depuis sa première lecture dans mon adolescence. C'est terriblement inventif tout en utilisant à merveille de grands classiques universels. C'est dense mais entraînant. Les personnages sont extrêmement bien construits tout comme leur histoire et celle plus vaste dans laquelle ils s'inscrivent. L'ambiance est travaillée et nous entraîne petit à petit de plus en plus dans cette horrible drame qui s'écrit sous nos yeux. Les propos philosophiques poussent le lecteur à réfléchir à tout un tas de notion : amour romantique, foi, évolution de l'homme, amour filial, passion pour son métier ou son art, ambitions carriéristes, limites entre le réel et le rêve, etc. C'est extrêmement riche et l'auteur transmet ça avec beaucoup de finesse et de facilité. Fascinant et génial !
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