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EAN : 9782709639514
300 pages
J.-C. Lattès (06/03/2013)
3.86/5   7 notes
Résumé :
Tout petit déjà, cet enfant non désiré, celui qu’on appelait « le surplus », n’a cessé de vouloir se faire remarquer. Une sorte de revanche. Devenu grâce à son charme « le poussin », il réalisera l’ambition refoulée de sa mère de devenir une star. À deux ans, il s’installait à table debout sur sa chaise pour arroser le déjeuner de ses besoins pressants sous les rires enchantés. À quatre, il simulait un suicide pour s’attirer l’attention de sa sœur ; à dix chez les s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique

Un billet en hommage à l'homme qui m'a fait rire aux larmes avec ses imitations inoubliables d'illustres personnalités et qui, hélas, nous a quitté des décennies trop tôt, à l'âge de seulement 34 ans, en 1986.

Je me souviendrai toute ma vie de son imitation de François Mitterrand, tout y était : le ton affecté et un brin pompeux, le rythme particulier, le choix très personnel du vocabulaire de l'ancien président français. Rien que d'y penser, je dois faire un effort pour ne pas me mettre à rire des fines trouvailles de Thierry le Luron, qu'entretemps je connais pourtant pratiquement par coeur.

Et une ribambelle de politiques en France ont été les "victimes" de son humour grinçant, Charles de Gaulle, Giscard, Chirac, Barre, Chaban-Delmas, Marchais etc. Mais aussi d'autres artistes, tels Aznavour, Dalida, Halliday, Claude François etc.

Cet art d'imitation développé à un degré aussi poussé est rarissime. C'est sa mère, Huguette Gousserey (1922-2009), qui a été la toute première à découvrir ce talent spécifique chez son fiston d'à peine 6 ans. Pas étonnant que Thierry ait pu déclarer des années plus tard : "l'imitation c'est ma seconde nature".

Sa fin dramatique et douloureuse m'a fait remettre la lecture de cet ouvrage à plus tard, pendant une bien longue période. Car cette fin horrible est, bien entendu, inévitable dans toute biographie digne de ce nom.

La demi-soeur de l'artiste, de 7 ans son aînée, Martine Simon-Le Luron, historienne de formation et bibliothécaire de profession, a eu le courage d'aborder ce tragique épisode du décès de son jeune frère avec tout le tact que seul un sentiment profond d'amour fraternel peut assurer. Quand bien même si Thierry lui avait suggéré, en mars 1986 et donc 8 mois avant de mourir : "Tu écriras ma biographie !"

Pour celles et ceux qui ignoreraient les raisons de sa disparition à un âge si terriblement jeune, je me limite à noter que le grand imitateur a succombé aux séquelles d'un cancer faisant suite au sida (syndrome ď'immunodéficience acquise).
Je ne vais pas résumer ce processus des derniers mois, juste que l'auteure explique : "Le cancer, il en faisait son affaire, le sida aussi, j'imagine ; je sais que jusqu'au bout ou presque, il a cru en sa victoire sur la maladie" (page 27). Martine mentionne aussi ses vrais amis, ceux qui lui sont restés proches jusqu'aux derniers moments, ainsi que les excellents soins de l'éminent cancérologue Léon Schwartzenberg (1923-2003).

À travers le récit de la famille le Luron, nous faisons connaissance avec un petit galopin certes doué mais aussi travailleur, car perfectionniste. Tout au long de sa carrière de 17 ans bien remplis, Thierry le Luron a attaché une importance primordiale au moindre petit détail d'une préparation pour laquelle il ne s'épargnait vraiment aucun effort. Ainsi, selon sa soeur, avant chaque représentation le pauvre perfectionniste était envahi par un trac sérieux, ce qui m'a surpris. Mais en somme tout à fait compréhensible pour quelqu'un qui tirait son grand bonheur de l'enthousiasme de son public.

En guise de conclusion, je dirais que l'ouvrage de Martine Simon-Le Luron rend ce phénomène de Thierry le Luron à la fois plus humain et sympathique.
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"Tout petit déjà, cet enfant non désiré, celui qu'on appelait « le surplus », n'a cessé de vouloir se faire remarquer. Une sorte de revanche. Devenu grâce à son charme « le poussin », il réalisera l'ambition refoulée de sa mère de devenir une star. À deux ans, il s'installait à table debout sur sa chaise pour arroser le déjeuner de ses besoins pressants sous les rires enchantés. À quatre, il simulait un suicide pour s'attirer l'attention de sa soeur ; à dix chez les scouts, il s'était constitué un public déjà captif en offrant ses premières imitations à des admirateurs médusés. Et à dix-sept ans, il était une star ! Sa famille n'ignorait rien de sa vie privée turbulente et mondaine, mais il était de bon ton de ne pas en parler… Aujourd'hui, sa soeur décide de l'évoquer avec une très grande délicatesse. Voici le portrait intime d'un homme secret, exigeant et parfois coléreux, à la fois seul et très entouré, tel qu'on ne vous l'avait encore jamais dévoilé. Thierry le Luron aurait eu soixante et un ans en avril 2013."
Bau témoignage de sa soeur vis à vis de Thierry le Luron
Auteur à suivre
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Il convient de savoir que Thierry le Luron a dit à sa soeur : « Tu écriras ma biographie ! ». La disparition de Thierry a été un choc pour ses proches, c'est ainsi que Martine, la soeur de Thierry, de 7 ans son aînée, a honoré son souhait, 26 ans plus tard tant était-t-elle sur le coup de l'émotion et du reste, écrire la biographie d'un proche ravive des souvenirs douloureux.

Thierry était très aimé, même des politiques, tant de gauche, que de droite vis-à-vis desquels il avait la dent dure dans ses sketchs, véhiculant des propos titillant et imitations satiriques, pourtant ces politiques que les talents d'observations de Thierry mettaient à mal ont été très émus de sa disparition et certains l'ont même pleuré. Avant les obsèques qui ont eu lieux à Paris, église de la madeleine, le corps de Thierry a été déposé dans la crypte. Thierry a souhaité que tous ceux qui le voulaient puissent y avoir accès et signer les registres de condoléances. Quatorze gros livres ont été le recueil de témoignages touchants d'admirations, d'affection, de reconnaissance et de peine.

Thierry était un organisateur né. Outre ses dons d'imitations, il en avait pour le chant, la peinture, l'architecture et la décoration.

Il était timide, ressentait un grand stress avant ses spectacles, qu'il préparait de façon minutieuse et sans ménager ses peines. Il craignait la solitude, aurait aimé avoir des enfants. Il cherchait continuellement à épargner des peines à sa maman. du reste, il a toujours su où il voulait arriver et avant d'être majeur, il incitait sa maman à signer pour lui un contrat avec un impresario. C'était un fin stratège.

Lancé dans sa profession d'artiste, au prix d'un travail considérable, il gagna bien sa vie et de par sa générosité beaucoup en ont profité.

A 19 ans on disait de lui qu'il avait la maturité d'un homme de quarante ans.

L'auteur, laisse avec le livre des photos de Thierry et de ses proches, photos en grande partie de sa collection personnelle.

Pour ceux qui ont connu Thierry, comme moi et l'ont apprécié, c'est un livre attachant, que j'ai lu trois fois. J'ai vu Thierry en spectacle à Namur. Il nous laisse sa chanson : « Nous nous reverrons un jour si Dieu le veut. »

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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
L'histoire de France a coloré beaucoup de nos jeux à base de déguisements ; nous étions parfois mousquetaires, nous nous battions en duel au son des Quatre saisons de Vivaldi. Thierry, dans une vieille robe de chambre grenat, coiffé d'un chapeau de cow-boy orné d'une plume de faisan, était à six ans un Roi-Soleil despote pui mourant. De son enfance avenue d'Italie il gardera le goût des déguisements ; il le perfectionnera sur scène souvent.
A dix-neuf ans, lors de la pendaison de crémaillière dans mon premier appartement, il fit une apparition en cheikh arabe, vêtu de son peignoir de bain, portant à la ceinture un poignard rapporté du Maroc par son père, coiffé d'une serviette-éponge ; il s'était dessiné une fausse barbe et portait des lunettes de soleil ; c'était un de ses travestissements favoris.
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Lorsque Huguette Le Luron était enceinte de son 3e enfant, elle disait que le bébé à naître portait pour le moment le prénom de "Surplus" ... À sa naissance, elle lui donnait le prénom d'un amiral de la Marine, Thierry d'Argenlieu.

(page 61).
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Quand on est p’tit
Y a des choses dont on a envie
Qu’on n’aura jamais dans la vie
On est trop p’tit.
Quand on est p’tit
Que les grands vous mettent à l’écart
On a de ces coups de cafard
Moi je vous l’dis
Quand on est p’tit.
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Au début du xxe siècle cependant, le divorce n’est pas si banal, la société porte encore inscrite en elle l’équation fondatrice père-mère-enfant. Celles et ceux qui rompent cette donnée ne bénéficient pas à cette époque de la force du nombre ; les enfants sont parfois plus radicaux que leurs parents eux-mêmes et ont l’exclusion facile : Huguette souffre de la rupture qui la prive de son père, qui la signale aux yeux de ses camarades, et développe un caractère de chef de bande, une réputation de langue bien pendue, elle est, apparemment du moins, sûre d’elle et de l’attention qu’on lui doit.
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On est presque toujours confronté à cette situation étrange après la mort d’un être proche : retrouver les cadeaux qu’on lui a faits, les lettres à lui envoyées ; les témoignages de nos sentiments, quels qu’ils soient, nous reviennent alors douloureusement.
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