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Chanson Douce" le fameux Prix Goncourt 2016, je l'ai rattrapé au vol à la fin d'année 2016 car si je n'ai pas pu lire l'ensemble des romans de la rentrée littéraire de septembre que j'avais prévu de lire, je ne pouvais décemment pas faire l'impasse sur ce lauréat, d'autant plus que cette année je le sentais bien mieux et plus accessible que les précédentes années.
J'avais évidemment beaucoup entendu parler de de
Leila Slimani, avant même l'obtention de son précieux sésame qui l'a fait connaitre au grand public.
Car son précédent roman "Dans le jardin de l'Ogre", publié lui aussi chez Gallimard, avait obtenu un joli succès de librairie, maos moins intense évidemment que cette
chanson douce qui a explosé les ventes.
Un succès que je comprends aisément tant
Chanson douce m'a paru plus accessible et moins élitiste que d'anciens récents Goncourt dont le dernier lauréat,
Mathias Enard était un bel exemple avec sa
Boussole particulièrement aride à lire.
Leïla Slimani est parvenu avec cet excellent roman qui insuffle tout du long une tension, un malaise, qui nous tiennent jusqu'à la dernière ligne, à allier exigence littéraire et roman jamais austère et radical dans son geste littéraire.
« Une haine monte en elle. Une haine qui vient contrarier ses élans serviles et son optimisme enfantin. Une haine qui brouille tout. Elle est absorbée dans un rêve triste et confus. Hantée par l'impression d'avoir trop vu, trop entendu de l'intimité des autres, une intimité à laquelle elle n'a jamais droit ».
Leila Slimani livre avec cette si cruelle "
Chanson douce" un roman moderne, angoissant, tant son action peut se confondre dans le quotidien de n'importe qui, inspiré d'un terrible fait divers se déroulant aux Etats Unis mais qui aurait très bien pu se dérouler en France.
Le personnage de Louise a quelques résonnances avec celui du roman
L'Analphabète de
Ruth Rendel - qui avait donné le beau personnage de Sophie dans La Cérémonie de
Claude Chabrol, - avec un coté assez insaissisable, lisse d'une face et névrosé de l'autre .
Au fil du récit, on découvre le personnage de Louise de l'intérieur, ses failles, sa totale solitude, sa volonté de contrôle, ses accès de fureur, sa mélancolie, et avec son arrivée, grandit une menace sournoise, diffuse, que personne n'identifie avant que n'intervienne le terrible, et inéluctable, acte final.
L'utilisation des points de vue de différents personnages accentue parfaitement la sourde tension et montre à quel point, ,Insidieusement, Louise prend dans cette famille a priori modèle une place qui n'est pas la sienne, en laquelle elle fonde trop d'espoirs, recherchant elle aussi une famille.
Et quand l'équilibre menace de se disloquer, elle ne voit que la solution du pire…
Allant bien au delà de la retranscription factuelle du simple fait divers- contrairement à ce qu'avait fait
Alexandre Seurat dans
la Maladroite,
Leila Slimani parvient à trousser un récit très finement ciselée, dans une langue à la fois précise et subtile, dévoilant toutes les nuances des caractères.
Un roman magistral très maîtrisé, un thhriller psychologique intense et efficace, une tragédie des temps modernes :
Chanson douce recouvre trois romans- et même plus - en un seul et rien que pour cela, mérite ainsi largement le prix qui lui a été attribué.
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