A l'instar de
Frédéric Boilet,
Romain Slocombe est fasciné par les Japonaises. Mais les fantasmes de
Romain Slocombe l'entraînent résolument vers la pratique du bondage et de l'humiliation.
Prisonnière de l'armée Rouge fut publie en 1978 par les Humanoïdes Associés de
Jean-Pierre Dionnet (qui signe la préface de cette réédition). Elle fut alors frappée de la triple interdiction (vente interdite aux mineur -en effet, il vaut mieux-, mais également interdiction de publicité et d'exposition). Il faut reconnaître que pour l'époque, et encore maintenant, l'univers de
Romain Slocombe est particulièrement sulfureux.
Fujiko, fille d'un riche industriel, est kidnappée par "les Femmes de l'armée Rouge", une organisation terroriste dirigée par Reiko Mitsuhirato (référence au Lotus Bleu ?). C'est le début pour Fujiko d'une série d'humiliations qui semble ne pas devoir connaître de fin.
Soyons clair,
Slocombe se situe à l'extrême limite de la bande dessinée. Son livre se compose d'illustrations en pleine page, chacune accompagnée d'en moyenne une phrase de texte. Ces 46 planches ne permettent pas de développer un scénario dense. D'ailleurs,
Slocombe se concentre essentiellement sur une visite des geôles de l'armée Rouge. Dans chaque geôle, une jeune femme attachée de manière plus ou moins élaborée. On retrouve déjà dans ce premier album la fascination de
Slocombe pour les "broken dolls" et les prémices de son "art médical". Autant dire que ce genre de fantasme a de quoi rebuter.
Je ne serais pas surpris que
Slocombe ait utilisé des modèles ou se soit inspiré de photos pour réaliser ces pages au réalisme quasi photographique.
Slocombe est d'ailleurs réputé pour son travail de photographe. Il réussit pourtant à ne pas tomber dans une esthétique glacée. On ressent son attirance pour ces poupées cassées. Il arrive même presque à nous la faire partager, ce qui est assez troublant, et surtout dérangeant !
Il n'est pas étonnant que le Lézard Noir ait choisi de rééditer ce livre, qui se situe tout-à-fait dans sa niche éditoriale: "avant-garde et japonisme décadent". Et dire que le même
Romain Slocombe a également écrit des romans pour la jeunesse... difficile d'envisager plus grand écart.