AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782360134816
120 pages
Riveneuve éditions (22/03/2018)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Akaji Maro, chorégraphe, s’intéresse au théâtre dès son adolescence. En 1964, il rencontre Jûrô Kara et participe à la création du Jôkyô Gekijô, compagnie phare du théâtre underground. Akaji Maro fait connaissance de Tatsumi Hijikata, l’un des fondateurs de butô. Il est hébergé chez lui, observe ses répétitions et y croise des grandes figures du monde culturel nippon : l’écrivain Yukio Mishima, le photographe Nobuyoshi Araki… En 1972, il fonde sa compagnie Dairakuda... >Voir plus
Que lire après Akaji Maro : Danser avec l'invisibleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans son Dictionnaire du Japon, Louis Frédéric écrit à l'entrée BUTÔ, que dans « la troupe Dai Rakudakan fondée en 1972 par Akaji Maro les acteurs ont la tête entièrement rasée et le corps enduit de blanc ». Voir le danseur, comédien et metteur en scène Akaji Maro, hors et sur scène, est assez saisissant. Les éditeurs ont eu la bonne idée d'accompagner le texte de photographies du danseur.
Maquillé, le corps couvert de blanc (ce fard blanc est un maquillage traditionnel fait à base de coquillage), perruqué, costumé, le danseur entre en scène ; il entre surtout dans un autre monde. Cette préparation physique et mentale est capitale et relève du rituel. A l'entrée «  Se vêtir de blanc » Akaji Maro explique : « dans le milieu du butô, on dit souvent « se vêtir » de blanc. Pour moi, c'est une façon de se transformer, d'être hors du monde, de rentrer dans le rituel. le blanc efface l'individualité, mais fait apparaître les lignes du corps. On perçoit d'une autre manière les différences physiques ».

Danser avec l'invisible est un recueil d'entretiens découpées en deux parties : biographie, puis vision du monde et de la danse. C'est dans cette deuxième partie, intitulée Réflexions, que l'on trouve différentes « entrées » expliquant les fondamentaux du chorégraphe. Mais, le livre n'est pas un ouvrage théorique sur le butô (il en existe, cf aux Presses du réel), plutôt une rencontre avec un artiste. Donc il n'y a pas de crainte à avoir en ouvrant l'ouvrage !
Bien sûr on aimerait que le livre soit plus long, plus fouillé. Mais il passerait à côté de son objectif : faire découvrir un artiste japonais au plus grand nombre, au non spécialiste.
Son grand mérite est d'éveiller la curiosité et, pour ce chorégraphe, et pour sa danse originale et si particulière, danse post-atomique, danse des ténèbres. Mais cette danse n'est jamais une représentation sur scène des catastrophes nucléaires.

Si aujourd'hui Akaji Maro (né en 1943) est identifié comme un chorégraphe, c'est par le théâtre qu'il a débuté adolescent. A vingt ans, il gagne Tokyo, fréquente à peine l'université, rencontre le dramaturge Juro Kara, fait du théâtre à Shinjuku, quartier de Tokyo qui était le symbole de l'avant-garde et de la jeunesse étudiante révoltée.
Les premiers entretiens reviennent sur le parcours de cet artiste singulier, la création de sa compagnie après qu'il ait décidé d'arrêter le théâtre et de se tourner vers la danse, la création d'un lieu de création, Toyotama Garan, ses rôles au cinéma (premier rôle principal en 1970), et pour celles et ceux qui s'intéressent à la culture et aux artistes japonais, les anecdotes sur Mishima, Tatsumi Hijikata, « l'inventeur du butô » chez qui il logeait, ou Oshima sont à découvrir.
S'il a vécu ces années 60 y contribuant activement, il n'est pas un homme engagé, et ne participera pas à l'agitation politique en tant que tel. «  Dans la société, les mouvements contestataires montraient leurs limites avec des militants qui s'entretuaient. Je n'avais toujours pas d'attirance particulière pour la politique, mais comme à l'époque je faisais du théâtre, beaucoup de militants de gauche venaient boire dans notre studio ». Sur sa danse Akaji Maro explique qu'il ne prête aucun intérêt à la virtuosité ou à la performance ; d'ailleurs les répétitions ne se vont pas devant des miroirs. Les corps et l'intensité qu'ils dégagent sont le plus important.
Danser avec l'invisible livre un témoignage sur un homme attachant parce qu'en perpétuel recherche (« tous les trois ans, je crée un solo, un véritable défi à chaque fois. C'est une façon de vérifier l'état de mon corps et de constater mes limites »), refusant que ses danseurs l'appellent sensei (maître) lui le leader bienveillant et lucide : «le plus dangereux est de croire aveuglément au butô, telle une religion ».

Livre que j'ai pu lire grâce à l'opération Masse Critique : grand merci aux éditions Riveneuve et à Babelio.
Commenter  J’apprécie          10
Le livre est découpé en deux parties. La première propose une brève présentation de ce qui va suivre et des entretiens entre Akaji Maro et Aya Soejima. On y découvre la vie du danseur, son évolution dans la société japonaise d'après-guerre jusqu'à aujourd'hui et on apprend énormément de choses sur les arts vivants nippons, la scène underground des années 60-70, l'évolution de la danse contemporaine, etc. La deuxième partie présente des réflexions d'Akaji Maro sur différents thèmes liés à son art, un bref texte de Jeff Mills et une biographie résumée. le tout est complété par quelques photos de Nobuyoshi Araki.

J'avais entendu parler de ce danseur grâce à un reportage sur Arte il y a longtemps (à l'occasion d'un de ses spectacles en France?) et j'avais eu l'occasion de l'apercevoir dans un ou deux films auxquels il a participé. J'étais très intriguée par le personnage, alors quand j'ai vu ce livre dans la sélection de la Masse critique Babelio, j'ai croisé les doigts pour être sélectionnée!

Et quelle découverte!

Souvent, les entretiens de ce genre sont ennuyeux et les personnes qui parlent s'attardent sur des choses inintéressantes. Ce ne fut pas le cas ici. Akaji Maro raconte sa vie et son évolution artistique de façon très vivante, avec autodérision parfois, et sans jamais devenir ennuyeux ou pompeux. Même dans la partie intitulée « Réflexions« , le propos reste toujours clair, concis, intéressant.

Le seul reproche que je pourrais faire à ce livre, c'est de citer parfois beaucoup de noms, dont la plupart m'étaient totalement inconnus, sans toujours être assez précis sur qui ils sont. ça ne gêne pas réellement la compréhension, mais ma curiosité est insatiable ^^

Une lecture passionnante!
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          80
Le butô est une danse créée au Japon, en 1945, beaucoup diront en réaction aux traumatismes de Hiroshima et Nagasaki, mais cela tient plus de la légende. C'est une danse née d'une réaction à une société en pleine mutation. le butô est un art aux confins du théâtre et de la danse, il s'affranchit des codes de représentations classiques et vient en réaction à ces derniers. le spectateur doit accepter de ne pas avoir de connotations précises, d'histoire au sens classique du terme, mais doit se laisser porter par les mouvements et les sons. le butô parle au corps plus qu'à la conscience, c'est une danse qui vous traverse et vous éveille par les sentiments qu'elle procure. Cela tiendrait presque d'une séance d'hypnose, tant il faut déconnecter du réel.

Danser avec l'invisible est une interview d'un des plus éminents représentants du butô, Akaji Maro qui popularisa cette forme artistique et la présenta en dehors du Japon. Il revient sur ses premiers pas en tant que danseur avec l'un des maîtres du butô, Tatsumi Hijikata, sur ses débuts avec sa compagnie, sa conception du butô, son travail de recherche et de création.

'' Quand on pense que chaque moment de la vie est un rituel, on s'aperçoit véritablement des particularités propres à chaque mouvement. de là, naît une concentration. J'ai voulu mettre en scène la concentration qu'on peut ressentir lors d'un rituel. ''

Il est fortement intéressant de lire les mots de Akaji Maro, un homme qui dégage une force et une humanité qui force le respect. La façon dont il se met au service de son art est le signe d'une force créatrice qui le dépasse. Il est obligé de danser pour survivre. L'art pour lui est vital.
Akaji Maro et sa troupe, Dairakudakan, créent leur spectacle avec à l'esprit un sentiment de catastrophe, la conscience de la fin du monde. Ils utilisent les gestes du quotidien, les déconstruisent, les ralentissent ou les accélèrent. En les sortant de leur contexte, le mouvement connu devient art, puisque matière à une autre forme. Ses danseurs et lui, veulent faire prendre conscience aux spectateurs que l'homme est un serviteur de la nature, que celle-ci reprendra toujours ses droits. Nous ne sommes que des passeurs et nous devons remercier la vie pour le cadeau qu'elle nous donne. Un beau message humaniste et écologique à méditer en ces temps difficiles...

Ce livre est une mine d'informations pour ceux qui voudraient découvrir cette forme artistique et un beau portrait de vie. Akaji Maro n'a pas eu la vie facile, ni un chemin tout tracé mais avec de la persévérance et du travail, il nous prouve que l'on peut faire ce qu'on aime...

Je remercie Babelio et l'opération Masse Critique pour l'envoi de ce livre.
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Après avoir quitté cette compagnie, je me trouvais de nouveau sans attaches, je tuais le temps au café Fûgetsu à Shinjuku. Ce café tirait son nom du Fouquet's à Paris. Il y avait de la musique sympa et on pouvait rester des heures en consommant juste un café. Je n'avais pas d'hébergement fixe à l'époque. J'errais de chambre en chambre, chez des amis, et ce café était pratique pour moi. Les peintres, les hippies, les écrivains s'y retrouvaient. Rempli de personnes, en rupture avec la société, cet endroit était très accueillant...
Un jour, un beau jeune homme en costard s'est approché de moi : "Vous voulez faire du théâtre avec moi ?" Je me suis montré intéressé, imaginant que j'aurais au moins droit à un verre dans la foulée. Il m'a tendu un cahier dans lequel il avait écrit un bout de pièce de théâtre. Je lui ai rendu en le vouvoyant : "Ce que vous avez écrit, ce n'est pas du théâtre." Il m'a alors répondu qu'il allait réécrire son texte. .. c'est ainsi que j'ai rencontré Jûrô Kara...
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : danseVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus

Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1296 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *}