Parle ou crève

Livre autobiographique d'une jeune femme de son temps, c'est à dire du vingt et unième siècle.
Pour les tiktokeurs abonnés à sa chaîne, la suite n'est pas recommandée, c'est vraiment très personnel et risque de m'aliéner pas mal de monde... Aller directement à la case 58 et lire une autre critique.
Elle dispose de toutes les cartes pour réussir pleinement sa vie professionnelle, elle est manifestement intelligente et est issue d'un milieu social privilégié, au sens où elle grandit dans une famille aimante qui valorise l'effort et l'épanouissement. de ce fait, elle devient professeur de lettres et influenceuse.
Puis elle écrit un livre avec quelques passages drôles dans lesquels elle cite les pires phrases susceptibles d'être proférées par les gros beaufs sexistes, pathétiques et vulgaires, que la vie nous fait plus ou moins rencontrer selon notre localisation géographique et sociale. Elle a « sauté » deux classes, les abrutis dont elle utilise les termes n'en ont aucune. C'est le meilleur de son livre : ses petites leçons de poésie... à usage des lettrés de son milieu culturel et social car elles ne seront d'aucune utilité aux sous-populations acculturées visées par ses saillies.
Elle profite donc de ces citations souvent hors contexte et dont j'ai quand même peine à croire qu'elle les a elle-même personnellement toutes entendues pour professer que toutes les femmes sont des victimes dans notre société patriarcale mais que mitou permet de changer les choses.
Sa condamnation implicite et explicite de la gent masculine explique ou est expliqué par son homosexualité et pour faire bonne moderne mesure, elle glisse quelques saillies de grammaire inclusive (« J'aimerais qu'iels sachent parler » etc...) mais pas trop quand même car elle aime la littérature. Bref, elle est dans un crédo très prisé si on souhaite être invité sur les plateaux de la télévision occidentale moderne.
On peut quand même observer que le fait de "Me projeter dans l'avenir a toujours été difficile pour moi, dans tous les aspects de la vie" est une phrase d'une banalité confondante, partagée par une majorité d'adolescents et plus encore, quels que soient leur sexe ou leur origine...
Des millions (plus?) de jeunes échangeraient bien leur vie avec la sienne.
Il n'y a donc pas beaucoup de fond révolutionnaire dans ce livre témoignage, même si on soupçonne la non-verbalisation d'une agression sexuelle sans savoir ce qu'elle entend par là ; les phrases ignobles retranscrites ou autre chose de plus concret? Non pas que les vulgarités proférées, ces comportements soient excusables, eux qui constituent l'ossature de ce texte, mais il faut se poser la question de l'essentialisation qui en est faite.
Non madame, on ne peut pas réduire les hommes à cela, et cette posture n'a rien de rebelle. Il suffit même d'appuyer sur une touche de téléviseur, de radio, de visualiser une série Netflix le mercredi pour se rendre compte au contraire que c'est très conformiste.

Un très bon livre autobiographique, qui d'ore et déjà suscite quelques polémiques, certes les sujets traités soufflent le vécu dans les oreilles, des sensations bizarres, des tas de non dits, ces choses gênantes, autant de maladresses bienveillantes commisent par les parents, l'entourage de l'enfant, testées sur leur progéniture avant l'âge de six ans. Les filles comme les garçons ne veulent pas faire entrer dans l'intimité de leurs jeux le sexe opposé. Il faut du temps au temps avant que les garçons aiment les filles et que les filles en fassent autant pour les garçons. le parcours de Athéna Sol est atypiquement courageux, son physique de poupée Barbie déstabilise la gente masculine, loin d'imaginer la belle avec un cerveau tout aussi avantageux, répartissant bien les rôles...Elle en déconcerte plus d'un! Sauf que personne, du plus rétif sans doute suivi de quelques commentaires belliqueux donnant la part belle à la mysoginie patriarcale.
Athéna Sol ne rentre pas dans les cases conventionnelles du monde de l'édition pour trouver sa place. Ses récits sur le harcèlement touchent au plus profond de l'intimité, ils écorchent et blessent et ne peuvent en aucun cas rendre insensible.

Dommage que l'on m'ait offert cette juxtaposition de pages sans vivacité ni profondeur. le manque d'intérêt, dans le traitement du sujet racoleur n'a d'égal que l'incroyable narcissisme de l'auteur, confirmé par le nombre d'autoportraits photographiques qui parsèment le livre.c'est la seconde fois, dans ma vie de lectrice, que j'ai la tentation de jeter un livre. A éviter à tout prix, sauf si vous chercher un ouvrage pour vous endormir le soir ou pour caler un meuble bancal.

« À l'avenir, j'aimerais que les mots nous manquent le moins possible. »
PARLE OU CRÈVE, Athena Sol

La semaine dernière j'ai dévoré le livre d'Athena Sol, agrégée de lettres qui analyse sur TikTok les punchlines des relous. Mais pas que.
C'est aussi un grande autrice qui a des choses à dire, et j'espère que ce livre n'en est que l'introduction 🤍

Un vrai coup de coeur. Pour deux raisons.
D'abord, il nous rappelle que nous avons une voix et que celle-ci peut nous servir d'arme, de bouclier et d'étendard. Notre voix est utile pour dire ce qu'on pense, demander de l'aide, exprimer son refus ou son consentement, alors utilisons-la.
Ensuite, c'est un livre qui m'a ramenée à ma propre histoire, pour certaines raisons que je préfère garder personnelles mais surtout pour l'amour que l'autrice porte aux mots. Car, sans eux, notre voix est silence. Ce sont eux qui donnent sens à nos pensées, par leur pouvoir et leur symbolique, et même si on balbutie parfois, leur maniement est essentiel pour s'inscrire dans le monde et écrire notre propre histoire.

Mêlant récit autobiographique, analyse de texte et engagement, Athena Sol réussit à faire se fondre l'intime et l'universel, le tout porté par une plume assurée, poétique et juste.

J'ai tant aimé 🤍
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