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EAN : 9782877066754
476 pages
Editions de Fallois (21/01/2009)
4.57/5   7 notes
Résumé :

Il y a violence et violence. Jean Soler s'attache à étudier ici la violence qui est pratiquée pour des raisons religieuses. Dans le prolongement de sa trilogie Aux origines du Dieu unique, il soutient que l'extrémisme qui se traduit sous nos yeux par des massacres collectifs n'est pas la dérive accidentelle que peut subir, passagèrement, n'importe quelle religion, c'est une tendance inhérente aux trois religions monoth&#... >Voir plus
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La violence monothéiste, de Jean SOLER
A mi-chemin entre la dénonciation et l'étude serrée du monothéisme comme source de violence, ce livre d'un conseiller culturel auprès d'ambassades de France, spécialisé dans les relations inter-culturelles, pose des questions inhabituelles dans une société qui considère Dieu unique comme allant de soi, dans un monde où depuis longtemps le polythéisme a pratiquement disparu, en tout cas en Occident.

L'auteur compare essentiellement, après un survol de la culture antique chinoise, les modèles antiques grec et juif dans leurs contenus très différents, qui influencent encore aujourd'hui nos manières de penser. La plus grande partie de son ouvrage consiste en un parallèle constant, de nombreux aller retour entre ces deux modèles culturels, dans leur manière de penser la, les divinités, une comparaison historique qui veut éclairer non seulement leurs différences très importantes mais le contexte dans lequel ces différences se constituent. Tourné vers la compréhension de ce qu'il appelle l'extrémisme (auparavant appelé fanatisme), Jean SOLER indique l'influence de la violence idéologique dans la Bible et l'influence du modèle biblique sur l'Occident. Il développe en fait les réflexions déjà entamée dans L'invention du monothéisme qu'il situe, notamment à travers l'apparition du messianisme, au VIIe siècle avant Jésus-Christ, dans le désarroi d'un clergé promettant la suprématie d'Israël, au milieu de défaites successives de l'État juif.
Souvent il montre la divergence des idées entre Grecs et Juifs, les uns promoteurs de la pensée autonome des hommes et de la démocratie, les autres établissant le règne de Dieu sur la vie des hommes et la théocratie. A travers une étude de la langue des deux peuples, et à travers les textes grecs anciens (d'Homère, de Platon, d'Aristote et d'Hérodote, entre autres) et la Bible hébraïque, il situe des origines de la violence (notamment de la violence de type holocauste) dans une manière de concevoir la divinité et ses relations avec l'homme, et plus sans doute, dans une manière de penser le monde tout court.

A plusieurs reprises, tout en donnant des éléments de réflexions allant dans le sens de la dénonciation du rôle d'une fraction du peuple juif, il met en garde.
Par exemple il écrit après avoir montré la violence idéologique de la Bible : "L'extrémisme dont je recherche les sources ne réside pas dans le monisme en lui-même, qu'il s'agisse de la monolâtrie (le culte rendu à un dieu de préférence aux autres) ; du monothéisme (la croyance qu'il n'existe et ne peut exister qu'un seule Dieu) ; ou de l'aspiration à l'unité, qui est naturelle à l'esprit humain, dans son fonctionnement courant comme dans la démarche scientifique. L'extrémisme ne réside pas davantage dans la pensée binaire en elle-même. Celle-ci structure l'appréhension du monde commune à toutes les cultures. L'exemple de la Grèce et de la Chine de l'Antiquité montre que si l'on tient les contraires pour complémentaires, soit qu'ils dépendent l'un de l'autre dans l'espace, comme le haut et le bas, soit qu'ils alternent dans le temps, comme le jour et la nuit, on est porté à rejeter les positions extrêmes et à valoriser la "mesure", conçue comme un heureux "mélange", un "milieu", une synthèse de ce qu'il peut y avoir de bon dans l'un et l'autre des contraires. L'extrémisme, me semble t-il, trouve sa source principale - je ne dis pas la seule (...) dans l'ancrage du monisme sur la pensée binaire, dans la greffe du Un sur le Deux que j'appellerai (...) le monobinarisme. Cette tournure d'esprit, cette mentalité, cette option nationale propre aux hommes de la Bible, consiste à soutenir que, de deux contraires concernant la vie du groupe, l'un est positif, l'autre négatif, et que le positif doit éliminer le négatif, pour rester seul au pôle du Vrai et du Bien. Dans cette optique, il ne suffit pas d'avoir un seul dieu : il faut détruire les dieux des autres ; ni de former un peuple uni autour d'une doctrine unique : il faut supprimer les opposants et les dissidents. (...) La violence apparaît comme consubstantielle à cette idéologie."
A l'heure où malgré les progrès fulgurants de la connaissance scientifique et technique, où les fondamentalismes relèvent la tête, à coups souvent de violences armées, à l'heure des clameurs répétitives de valeurs soit-disant morales, notamment en Amérique, l'auteur veut mettre le doigt (très chaud!) sur un certain antisémitisme rampant, précisément selon lui induit par le comportement de groupes qui se réclament d'une vision "pure" d'Israël. Pour celui qui étudie la relation entre conflit et religion, ce livre - même s'il n'emporte pas l'adhésion - apporte de multiples pistes de réflexions. Il a le mérite notamment de ne pas faire de concessions à une certaine ambiance intellectuelle.


L'éditeur présente le livre de la manière suivante : "Il y a violence et violence, Jean SOLER s'attache à étudier ici la violence qui est pratiquée pour des raisons religieuses. Dans le prolongement de sa trilogie Aux origines du Dieu unique, il soutient que l'extrémisme qui se traduit sous nos yeux par des massacres collectifs n'est pas la dérive accidentelle que peut subir, passagèrement, n'importe quelle religion, c'est une tendance inhérente aux trois religions monothéistes, qui trouve sa source dans l'idéologie biblique. Pour nous en convaincre, l'auteur confronte le monde de la Bible à deux civilisations polythéistes qui se sont formées à la même époque, la civilisation grecque et la civilisation chinoise. Ni l'une ni l'autre n'a justifié l'usage de la violence au nom d'un dieu et elles n'ont pas connu de guerres de religion. Jean SOLER s'est attardé sur la civilisation grecque parce que notre propre civilisation est née au confluent de la Grèce et d'Israël. C'est ainsi que ce livre comporte dans sa partie centrale un Parallèle entre Athènes et Jérusalem. L'auteur examine ensuite l'influence qu'a eue le modèle biblique, avec sa propension à l'extrémisme, sur l'Occident devenu chrétien, et sur les terres musulmanes. Il décèle cette influence jusque dans des doctrines qui n'ont rien, en apparence, de religieux, comme le marxisme et l'hitlérisme. Il nous fait faire par ce biais un parcours de la pensée humaine de l'Antiquité à nos jours."

le blog littéraire de Robert F livre cette critique : "... Jean Soler est un excellent connaisseur des religions du Livre, tout comme des textes sacrés eux-mêmes. Les citations ne lui font jamais défaut à l'appui des idées qu'il avance. Quant à sa thèse d'ensemble, elle est assez simple : les religions monothéistes, parce qu'elles reposent sur une opposition des contraires (le Bien, le Mal, par exemple ; ou le peuple élu, les autres peuples) dont l'un doit triompher de l'autre, sont nécessairement des facteurs de violence extrême. C'est ce que l'auteur appelle d'un néologisme curieux (et plutôt malsonnant à mon avis) : le monobinarisme. A l'inverse, les civilisations où coexistent plusieurs dieux, plusieurs croyances, plusieurs principes susceptibles de se marier entre eux car interdépendants (exemple bien connu du Yin et du Yang), sont pas essence beaucoup plus pacifiques. Évidemment, l'auteur n'a pas beaucoup de mal à citer des passages de la Bible où il est question d'exterminer - sans laisser de prisonniers, sans faire grâce à quiconque - tout ce qui n'est pas le peuple élu. Il rappelle au passage que le devenir tout entier du peuple d'Israël repose sur une trahison : celle de Jacob qui a usurpé à son frère le droit d'aînesse. Au passage, et c'est plus étonnant, Jean Soler souligne que le monothéisme de la Bible n'est pas, en tout cas au début, un véritable monothéisme ; il est bien dit en effet que l'on ne doit adorer qu'un seul dieu, pas que ce dieu est le seul à exister. Yahvé, dieu des Juifs, doit seulement avoir l'exclusivité du culte de son peuple. Pour moi, ce constat s'accorderait assez bien avec l'idée d'une invention du monothéisme par les Égyptiens : Akhénaton a éliminé les anciens dieux pour n'en reconnaître qu'un seul, et cela s'est fait très vite. Ce n'est pas la thèse de Jacques Attali, bien sur, car cela ne sert pas sa cause. Mais peut-être les Hébreux se sont-ils contentés, de loin et pour des raisons politiques : il s'agissait en effet de démarquer le peuple d'Israël des autres peuples, pour assurer son existence et l'ancrer dans L Histoire.
De là à dire que les peuples polythéistes ont mené leurs guerres avec davantage de douceur... Je ne suivrais pas tout à fait Jean Soler sur ce terrain. Il suffit de penser à l'extraordinaire cruauté de certains Empereurs chinois ou de certains shoguns pour se dire que la même violence peut venir d'ailleurs que du monothéisme. Sous l'angle historique, la démonstration, toute passionnante qu'elle soit, n'est donc pas entièrement convaincante ; elle le serait davantage en termes de raisonnement pur : il est certain que l'existence de plusieurs divinités, éventuellement en délicatesse entre elles, et de toute manière assez anthropomorphe, constitue un puissant facteur de relativisme et permet plus difficilement à l'homme de se croire investi d'une mission divine consistant, par exemple, à exterminer ses semblables. Mais j'ai trouvé intéressant, quoique pas vraiment novateur, le chapitre où Jean Soler souligne que tant Hitler que Staline se comportaient en fait dans leurs proclamations et dans leurs comportements dictatoriaux comme des chefs théocratiques. Tous deux ont été séminaristes, c'est connu, mais il est bon de le rappeler en soulignant que ce n'est pas réellement un hasard. Et combien, Jean Soler a raison de conclure en constatant qu'à une époque où les plus récentes découvertes scientifiques montrent l'importance du temps, du hasard et de l'incertitude dans le fonctionnement du monde matériel, le "retour du religieux"" (entendons pas là, bien sûr, la religiosité fanatique) ne devrait pas pouvoir trouver la moindre place."(http://lebloglitterairederobertf.blogspot.fr)

Jean SOLER, historien et philosophe français des monothéismes, et aussi conseiller culturel à plusieurs reprises dans des ministères, est l'auteur de plusieurs autres ouvrages : Sémiotique de la nourriture dans la Bible (Annales, 1973), Aux origines du Dieu unique, en trois volumes (L'invention du monothéisme, 2002 ; La loi de Moïse, 2003 ; Vie et mort dans la Bible, 2004, aux Éditions Fallois), Qui est Dieu? (Fallois, 2012).
Lien : http://www.leconflit.com/art..
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