AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782847200782
176 pages
Gaïa (01/10/2011)
3.5/5   25 notes
Résumé :
Dans la dernière léproserie d’Europe,dans la Roumanie de 1989, les pensionnaires sont coupés du monde. Le peu qu’ils aperçoivent de l’extérieur est une cimenterie dont le mur est décoré de l’effigie de Ceaucescu. Alors que les malades organisent leur évasion, l’émeute qui fera tomber le régime éclate un matin de décembre.
Que lire après Les enfants de HansenVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
3,5

sur 25 notes
5
0 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
1 avis
1
0 avis
Lu dans le cadre d'un Comité de lecture organisé par Cognac, dont le thème est la littérature des Balkans, j'appréhendais la lecture de ce livre...
En effet, la dernière léproserie d'Europe n'est pas un lieu séduisant. Mais l'auteur, Ognjen Spahic, nous offre une écriture remarquable. Très belle, touchante et profonde. Il parvient, sans trop heurter le lecteur, à nous faire côtoyer ce monde de la laideur et de la douleur qui finalement, nous renvoie à des questions et à des angoisses existentielles universellement partagées.

Comment se préserver de la folie lorsqu'elle se fait trop présente ?
Comment l'imagination peut-elle préserver un lien avec la réalité ?

Tragique, l'histoire n'en est pas moins ouverte, non définitive.... :

"Et après... Il n'y a donc pas d'après ?"
Commenter  J’apprécie          330
1989 dans la dernière léproserie d'Europe, aux confins de la Roumanie, des malades atteints de la lèpre tente de survivre dans des conditions inhumaines avec pour seul horizon la grille clôturant leur asile et une mort lente et douloureuse.
Au delà de ces grilles , une usine d'où part la "Révolution" qui sera anéantie par la répression policière et alors que le couple Ceausescu vit ses dernières heures.

Un livre témoignage tant de la désaffection du gouvernement pour son peuple que du regard porté sur un pays en voie de mutation et l'espoir de deux hommes que la maladie et l'amitié rapprochent.

1989, un certain 25 Décembre, Nicolas Ceausescu et son épouse sont exécutés au fond d'une cour de caserne.
Commenter  J’apprécie          210
Je reprends mon tour du monde littéraire après une pause qui m'a permis de réduire mes voyages en avion et me remettre de tous ces décalages horaires.
Blague à part, Les enfants de Hansen raconte la vie dans une léproserie roumaine. le roman s'ouvre en 1989, année de la chute du mur de Berlin et de la révolution roumaine qui a fusillé le dictateur Ceaușescu et sa femme.
Dans cet endroit sordide vivent douze hommes et une femme.
Les enfants de Hansen traite de la déliquescence des corps face à la lèpre. Certains ont perdu un pied, un oeil, leur nez a changé de forme pour devenir un trou béant.
J'ai ressenti la cruauté infligée aux corps (par la maladie et les coups...) au fil des pages et m'a été insoutenable.
Ce qui m'a perturbé également est que R. W. d'est appelé soit Duncan, soit Robert. J'ai mis un moment à comprendre qu'il s'agissait de la même personne. Lui aussi a vécu un calvaire avant de finir dans cette léproserie.
Les enfants de Hansen me laisse un goût étrange que je ne pourrais pas plus expliquer...
Commenter  J’apprécie          194
Avril 1989, quelque part dans le sud-est de la Roumanie, derrière les grilles d'une bâtisse délabrée est regroupée une curieuse population. Des vieux, une Russe et un Hongrois, des plus jeunes, Polonais, Roumains et même un Américain, en tout treize humains qui vivent là à l'écart du monde sous l'oeil vigilant de l'immense portrait de Nicolae Ceauşescu qui orne le mur de l'usine d'engrais chimiques qui leur fait face
Ils sont-là depuis des années et le resteront. Personne n'osent s'approcher d'eux, pourtant on pourvoit à leur alimentation et à leur trousseau et de réguliers colis en provenance de la Croix Rouge Internationale améliorent leur ordinaire, colis qui contenaient encore à une époque certaines préparations pharmaceutiques. Car ces hommes et cette femme sont tous atteints de la lèpre. Peu à peu, parallèlement au délabrement du pays, leurs conditions de vie se dégradent.

Si on ne sait ni comment le narrateur a été contaminé, ni avec précision à quelle date il arrive à la léproserie, on en sait plus sur Robert W. Duncan, cet ancien officier de renseignements américain, "pensionnaire" depuis 1969. Une étrange amitié va se nouer entre ces deux-là jusqu'à cet hiver 1989 qui verra la chute de Ceauşescu. A l'unisson de leurs uniques voisins, les ouvriers chez lesquels monte la révolte contre le pouvoir, des velléités de liberté naissent dans l'esprit des deux hommes. Mais, c'est sans compter sur le reste de la communauté qui voit peu à peu son quotidien chamboulé.

A l'image du bacille de Hansen, que voilà un livre corrosif ! Ne chercher ni humour, ni ironie, le ton est plutôt brut, acide et sans fioritures, juste le quotidien auquel se mêlent des va et vient chronologiques, les rêves et les cauchemars de quelques exclus parmis les exclus. Un microcosme où, comme toujours, se reproduit le jeu de l'amour et de la haine avec ses grandeurs et ses bassesses. Sous le vernis, entre la couche de vie et celle de mort, un reste d'humanité subsiste et l'espoir, même s'il est mince, réussit cependant à s'y faufiler. La dignité, elle, est immense.

Un thème inhabituel pour un texte qui bouscule et qui forcément vous farfouille les tripes (qui réveillera aussi de bien douloureux souvenirs si on pense au sort réservé aux premières victimes du sida dans ces mêmes années 80). Se fondant naturellement dans le récit, s'insèrent çà et là des éléments historiques concernant la maladie à travers les âges et la peur qu'elle généra de tout temps.
Au-delà d' "une superbe métaphore de la dictature de la Roumanie communiste" (Corriere della Sera), et je ne le dirai jamais assez, y voir l'originalité du talent des jeunes auteurs des Balkans - Ognjen Spahić est Monténégrin - n'est pas superflu.

Je savais qu'il existait encore des léproseries en Afrique, en Inde et en Asie mais, l'éditeur ne le précisant pas, j'ai quand même voulu vérifier que ce roman ne s'étayait pas sur une certaine réalité. Si en Europe une léproserie est encore en activité à côté de Valence, en Espagne, il en existe bel et bien une également en Roumanie à Tichileşti, ouverte comme celle du livre en 1928. Les articles ne révèlent pas si des faits similaires s'y sont produits...

Lien : http://moustafette.canalblog..
Commenter  J’apprécie          120
Une léproserie...Pourquoi avais-je relié ce mot à un passé lointain ? Sans doute que vivant dans un pays riche où la médecine est d'une efficacité incroyable cette maladie relevait, pour moi, du moyen-âge...

Ce roman aura eu la particularité de me remettre à "niveau", les dernières léproseries d'Europe ont fermé récemment.

C'est donc dans une de ces dernières léproseries, au coeur de la Roumanie de Ceausescu , que le narrateur nous transporte. Dans ce milieu fermé, coupé du monde, rejeté par tous, une poignée d'homme et une femme vivent trainant leurs maux de jours en jours . A la dégradation quotidienne des corps, s'ajoute la souffrance morale de la culpabilité renvoyée par des siècles de discours mi religieux mi superstitieux. La maladie est prégnante car elle impose aux corps mille souffrances. Pour autant le coeur et l'esprit fonctionnent, leur humanité ne se résume pas à un tas d'os rongés par le bacille d'Hansen. le pouvoir, la trahison, la tendresse habitent aussi ces humains.

La révolte qui va destituer Ceausescu est en fond, il la voit, la perçoivent mais en sont bien sûr exclus. Reste l'espoir du narrateur et de son ami, un espoir fou: s'échapper...

L'auteur maitrise parfaitement sa narration et son écriture ce qui donne un texte ni larmoyant ni manichéen mais absolument passionnant malgré la dureté du sujet.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          180

Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Mon cher compagnon de chambre, Robert W. Duncan, avait l'habitude de dire que l'histoire est le troisième œil de l'humanité, qu'elle nous permet de distinguer plus clairement les failles insondables de notre époque mélancolique. Je lui répondais toujours en citant Emile Cioran qui a écrit que dans un monde dénué de mélancolie, on ferait rôtir des rossignols sur le grill.
Commenter  J’apprécie          160
Des milliards de vers rongent les cristaux de glace, en tendant l'oreille je pourrais probablement entendre leur grignotement et, aussi, les nuits calmes, leur écho qui se brise le long des parois montagneuses et revient se répandre partout sur la terre. Les vers... mangent le temps.
Commenter  J’apprécie          150
Car il m’apparaît que l'imagination, doucement, fait l'homme, et que toute la question est de savoir à quel moment elle l'animera de mouvements articulés, lui conférera le don de la parole, l'affublera de bras estropiés par la maladie et d'une voix rauque, peut-être même celle que Robert W. Duncan écoutait enfermé à clef dans la chambre 42.
Commenter  J’apprécie          100
J'ai toujours eu l'impression que notre bâtisse et son environnement immédiat ressemblaient davantage à un vieux cimetière maudit où rodent les esprits qu'à un établissement de soins. Cela tenait, je crois, aux longues tuniques de lin que nous portions, indispensables pour nous protéger du soleil et du regard des autres malades - enfin ceux qui avaient encore des yeux.
Commenter  J’apprécie          90
Les morceaux de carte, toujours éparpillés sous le lit mais maintenant portés par le courant d'air, s'agitent comme les fragments d'une sinistre prophétie. Les villes européennes dispersées, les mers scindées, les rivières au cours stoppé bruissent, et il me suffirait d'un peu d'imagination pour entendre les ricanements acerbes de toutes les routes et chemins, des déserts merveilleux de l'Orient et des parcs maquillés de l'Occident qui, sans trêve, rabâchent : never more, never more, never more.
Commenter  J’apprécie          40

autres livres classés : lèpreVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Ognjen Spahic (1) Voir plus

Lecteurs (44) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3125 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}