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4,22

sur 4108 notes
Une fois démarré ce récit, je n'ai pu lâcher le livre. L'écriture de Vanessa Springora est forte, fluide, impactante sans jamais tomber dans le mélo ou le voyeurisme.

Après avoir refermé le livre, je reste avec une amertume et une colère dirigée contre cet écrivain et son comportement abjecte, et cette société bien pensante qui ne trouve rien à redire pendant des années alors même que G.M. ne se cache de rien et raconte l'intolérable dans ses livres. Il est même récompensé pour cela.

Comment la communauté littéraire a pu accepter, cautionner d'une certaine façon cette attitude perverse et malveillante ?

Un témoignage bouleversant sans patho qui contribue à dénoncer ces comportements et lever les tabous autour des abus sexuels sur mineurs
Merci !





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"En dehors des artistes, il n'y a guère que chez les prêtres qu'on ait assisté à une telle impunité." (P. 194) 
J'avais entendu parler de ce livre, qui malgré tout ne faisait pas partie de mes priorités de lecture. J'ai en effet, une certaine réticence à me promener sur les boulevards littéraires très fréquentés, je préfère le plus souvent possible les petites rues, au charme discret...même si pour aller d'une rue à l'autre, d'un livre à l'autre, je lis occasionnellement des livres dont tous parlent.
Alors, je me suis renseigné sur G.M. personnage principal du livre de Vanessa Springora... et notamment j'ai visionné l'émission "Apostrophes" qui m'était proposée par les moteurs de recherche.
Je ne l'avais pas regardée, à l'époque.
Et j'ai été effaré face au silence qui suivit cette diffusion, il y a trente ans...Effaré face au calme des autres participants, qui n'ont à aucun moment soutenu  avec force et courage, Denise Bombardier menacée  par G.M.
En effet, lui, le "collectionneur de minettes", comme Pivot l'avait présenté avec humour dans Apostrophes, avait menacé d'attaquer Denise Bombardier en justice, pour diffamation.
Un comble !
Elle avait eu l'audace de s'insurger contre ses  propos, l'audace de s'élever contre lui et ses amours pour ces adolescentes, amours décrites dans les plus vils détails dans l'ouvrage pour lequel Pivot l'avait invité...ces ados découvraient les relations sexuelles avec G.M. et acceptaient de sa part les pires pratiques, qu'il leur imposait.
G.M. était alors un homme connu et reconnu par le gotha...elles étaient  si heureuses d'être "aimées" par cet écrivain brillant....c'est tellement plus valorisant de découvrir l'amour  et les relations sexuelles avec un homme illustre, même s'il impose des pratiques dégradantes, plutôt qu'avec Kevin de seconde B !
La lecture du livre de Vanessa Springora est  à la fois utile et éprouvante.
Elle démonte la perversion dont peuvent faire preuve ces manipulateurs pour attirer et arriver à leur fin avec des gamines de 14 ans, pour assouvir leur faim de chair fraîche et tendre. Il leur est si facile de pervertir ces gamines pas encore adolescentes.  Elles pensent à l'Amour avec un grand A, alors  que lui ne pense qu'au tableau de chasse  sur lequel il peut les épingler....elle, comme d'autres, a subi son emprise sans pouvoir s'en libérer.
Toutes étaient valorisées par l'amour que leur portait cet homme connu.
Ces manipulateurs existent, parce que les cerveaux de ces jeunes filles l'acceptent, voire en sont fières et flattées.
Le lecteur adulte n'apprendra rien, mais au contraire sera révolté par cette lecture, et de plus en plus lassé de ces turpitudes, de ces manipulations, écoeuré  par  ces amours répétitifs d'après les cours.
Chacun imaginera selon son âge, sa fille ou sa petite fille admirative face à un tel pervers....ce qui rendra cette lecture encore plus éprouvante.
Certes, ce témoignage est important, mais, ce livre est-il destiné à des lectrices de 14-15 ans? Je ne suis pas certain qu'elles s'intéresseront à cette lecture à cette mise en garde.
Non, cette confession m'est apparue, un peu comme une volonté de la part de Vanessa Springora de se libérer d'un poids, de donner, d'une certaine façon, la parole à toutes celles qui comme elle, ont cru en lui et ont souffert de cet homme et ses turpitudes en silence.....à toutes ces gamines inconnues qui sont tombées un jour sous l'emprise d'un pervers.
Cette parole libérée ne serait-elle pas une forme de psychothérapie?
Renseignement pris, ce livre est devenu l'un des témoignages à charge contre GM, aujourd'hui privé d'aides de l'État, et également à la recherche d'un nouvel éditeur.
Espérons que d'autres femmes, gamines à l'époque, libéreront elles aussi, leur parole.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Monsieur Gabriel Matzneff (nommé « G. » dans ce livre) aime la chair fraîche, jeune, très ! Jeunes garçons et filles. Célèbre écrivain il use et abuse de son aura pour séduire et agir en toute impunité dans une France à la complaisance post soixante-huitarde.

Victime de l'ogre à quatorze ans, Vanessa Springora témoigne des années plus tard et son livre est glaçant de merde et brillant de talent.

La précise description d'un manipulateur, de son emprise et des séquelles que ces abus peuvent laisser
Lien : https://www.noid.ch/le-conse..
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Vanessa Springora a 13 ans quand elle rencontre G. M. et entame avec lui une relation amoureuse. Amoureuse, vraiment ? Pour la très jeune fille, sans doute. Pour l'homme, de plus de 30 ans son aîné, c'est forcément autre chose. « Ce n'était pas mon attirance à moi qu'il fallait interroger, mais la sienne. » (p. 86) Et il faudra des années, presque une vie à Vanessa Springora pour mettre des mots sur cette histoire toxique qui l'a marquée pour toujours.

De page en page, l'autrice déploie son récit, avec une écriture clinique et posée. Elle démonte la machine infernale dans laquelle elle était prisonnière. Il n'y a pas de scène pire qu'une autre dans ce témoignage, mais une me marque particulièrement, celle du viol par bistouri. Ce G. M., dont l'actualité a largement diffusé le nom et pour une fois par pour honorer ses écrits pédophiles, a fait oeuvre de ses crimes ne laisse pas de me mettre la rage au ventre. « Toute son intelligence est tournée vers la satisfaction de ses désirs et leur transposition dans un de ses livres. Seules ces deux motivations guident véritablement ses actes. Jouir et écrire. » (p. 100) Séparer l'homme de l'artiste, bla bla bla... Pas quand le premier se cache derrière le second pour justifier ses errances, pour se dédouaner de ses fautes.

Non, je n'ai pas de critique littéraire à faire sur ce texte. Parce que tout n'est pas littérature. Dans ces pages, Vanessa Springora raconte l'horreur et ses conséquences. Tout ce qu'il y a faire, c'est respecter sa parole et arrêter de détourner le regard.
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A 13 ans, Vanessa Springora rencontre l'écrivain Gabriel Matzneff, amateur de très jeunes filles. Elle se croit aimée et entame avec lui une histoire qui durera quelques années et la poursuivra toute sa vie.
Fille unique, en manque de repères, d'affection, un père quasi absent, une mère prise dans son métier dans l'édition, amoureuse des livres, G.M comme elle l'appelle est le premier à la regarder, à s'intéresser à elle. Il lui écrit de belles lettres, la vouvoie, elle se sent considérée, flattée...elle n'est qu'une proie, un instrument aux mains d'un prédateur. Cela elle le découvre plus tard en lisant ses écrits. Elle n'est pas la seule jeune fille dont il a abusé, elle découvre même qu'il pratique le tourisme sexuel à Manille auprès de très jeunes enfants de moins de douze ans. Elle se sent salie, se croit folle, elle devient un "jouet cassé", elle ne l'intéresse plus car elle a ouvert les yeux, elle rompt mais mettra des années, une vie à s'en remettre et à se considérer comme victime. En effet, elle était consentante ainsi que tout son entourage, sa mère en premier lieu alors que la pédophilie était bien évidemment interdite.
Comment expliquer ce consentement général sinon par le fait que l'auteur des faits était issu d'un milieu littéraire, artistique, parisien dans lequel il faut absolument paraître ouvert, tolérant, libertaire et surtout pas conservateur, moraliste.
Il s'agit d'un très beau témoignage sur les ressorts de l'emprise psychologique sur une très jeune fille qui n'était pas à armes égales, sur la difficulté de se sentir victime, abusée alors qu'elle a été amoureuse.
Vanessa a été trahie par Matzneff notamment lorsqu'il publiait ses lettres, son histoire et que tous l'admiraient, le défendaient. A son tour, elle veut l'enfermer dans "une prison de papier".
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De nombreux et nombreuses ami(e)s babeliotes ont chroniqué ce livre et l'ont fait très bien et sûrement mieux formulé que je ne pourrais le faire.
Je termine à l'instant ce livre et souhaite seulement évoquer le sentiment que j' éprouve.
De la tristesse pour cette enfant de quatorze ans, une profonde admiration pour la femme et l'éditrice qu'elle est devenue, un sentiment immense de révolte envers ce qu'elle a vécu à partir du moment où elle a croisé cet immonde personnage.
A la lecture de certains passages, une envie de vomir, quand machin rentre de Manille, quand machin se croit au-dessus des lois et pense écrire pour la postérité, quand il dit à Vanessa que leur amour est au -dessus de tout, araignée dégueulasse qui tisse sa toile.

Oui ce livre m'a bouleversée
comme l'a pu le faire aussi tout récemment "ceci n'est pas un fait divers" de Philippe Besson.
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Au milieu des années 80, V. n'a que treize ans lorsqu'elle rencontre G., le "grand" écrivain Gabriel Matzneff. Entre un père absent et une mère post-soixante-huitarde, V. pourra vivre une liaison avec le quinquagénaire au vu et au su de tous. le milieu dans lequel elle évoue, celui de l'intelligentsia parisienne de gauche, promeut la liberté sexuelle pour tous, y-compris pour les mineurs.

Dans ce récit d'une emprise, Springora montre bien qu'on ne peut parler de mineur consentant dans le cadre d'une relation intime avec un adulte. Cet objet littéraire possède de grandes qualités d'écriture en plus de livrer une analyse brillantissime des mécanismes de l'emprise et de la complaisance de tout un milieu et de tout une époque envers les agissements d'un pédophile pervers narcissique.

Un livre qui a créé le scandale et qui a fait date dans la prise de conscience de la société francaise vis-à-vis de la pédophilie. La portée politique et juridique du Consentement de Vanessa Springora n'est plus à démontrer
Lien : https://tomtomlatomate.wordp..
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Sujet délicat. On ne peut que saluer le courage de l'auteure qui se met ici à nue face au lecteur. Une libération de la parole qui peut aider d'autres femmes dans leur cheminement afin que le statut de victime ne soit plus considéré comme honteux.

D'emblée, j'ai profondément été touchée par le récit de Vanessa Springora. Sa manière d'écrire est fluide, j'ai ressenti de l'empathie à son égard, de la colère face à ce récit glaçant et à la complaisance des adultes qui l'entouraient.

Retraçant son enfance, évoquant ses failles psychologiques, elle nous explique ce qui a conduit cette élève studieuse, dont le refuge était la lecture, à une relation disproportionnée avec un homme de cinquante ans alors qu'elle n'en avait que quatorze : l'embrigadement, les réflexes psychologiques, l'absence de son père, le cheminement complexe dans la construction de soi... La notion de consentement est difficile à définir. Sous influence, elle n'en prendra pas conscience immédiatement et mettra des années à se reconstruire.

A travers son témoignage, se dresse l'état d'esprit du milieu artistique des années 70-80. Certaines prises de position dans des tribunes de l'époque sont signées par des noms tels que Simone de Beauvoir ou Jean-Paul Sartre et défendent les adultes qui s'adonnent à la sexualité avec des mineurs, le reflet d'une période, qui montre certains excès faisant suite à la libération des moeurs de 1968. Point de vue aberrant, semblant pourtant commun à l'époque. Je me rappelle avoir vu il y a quelques temps (sans doute au moment de la sortie du livre) une interview du célèbre écrivain dont il est question ici. Cet extrait prônant la pédophilie m'avait écoeurée, cela n'avait pourtant pas l'air de choquer...

Outre une initiation à la vie sexuelle sous emprise, Vanessa Springora a dû faire face à la publication de sa vie intime entre ses seize et vingt-cinq ans par cet auteur reconnu et encensé. G. L a transformée en personnage de fiction à son insu. Les conséquences sur sa vie de femme sont désastreuses : une perception de la sexualité biaisée, des difficultés à faire confiance, une culpabilité permanente...

Un texte éclairant, touchant, empreint de courage. Bouleversant témoignage que celui-ci et c'est avec beaucoup d'émotions que je le referme...
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V. est une jeune fille plutôt grande pour son âge, bonne au collège, sans histoire et passionnée par la lecture. Après le divorce des ses parents, son père devient absent, un manque qui l'affectera. Sa mère se démène pour trouver des petits boulots et faire vivre le duo. Elle travaille pour le monde de l'édition, et c'est dans une soirée de travail au resto où elle a emmené sa fille de 13 ans, que celle-ci va faire la rencontre de G, un écrivain relativement connu.

Elle tombe sous le charme de cet homme de 50 ans qui prend soin d'elle, l'écoute, est présent et lui montre qu'elle est importante et qu'il l'aime. La relation devient charnelle. Même si elle entend des rumeurs sur son passé sulfureux, elle ne veut pas y croire et pense que cet amour est beau. Sa mère laisse faire, tout comme la société de l'édition.

Ce n'est qu'en grandissant qu'elle va comprendre que G est un collectionneur de mineures, pratiquant le tourisme sexuel, un prédateur qui l'a fait tomber dans ses filets. S'en suivra des années de dépression et une long chemin pour enfin faire à nouveau confiance à un homme.

Trente ans après les faits, l'auteure revient sur cette emprise d'un homme mûr sur une adolescente en recherche de repères. Elle sait très bien nous expliquer l'ambiguïté des faits, puisqu'elle était amoureuse et plutôt fière de cette relation. Une jeune fille de 13 ans est dans la période où elle cherche le regard de l'autre, où elle souhaite être aimée. C'est à l'adulte de savoir mettre les distances. Outre le pédophile qui profite de la situation, il est aussi question de l'entourage, famille et monde de l'édition, qui ont failli à la protéger.

Un très beau livre que j'ai mis du temps à oser lire, de peur du côté voyeurisme, mais qui met une pierre à l'édifice de la dénonciation des abus sexuels.
Lien : http://lesfanasdelivres.cana..
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Voilà le moment que je redoute depuis la lecture de ce livre.
Le moment de chroniquer.
Mais comment ?
Comment juge-t-on d'un livre dont la plaie est à vif. La plaie des victimes, des enfants et des femmes, la plaie de ces sociétés qui, à force d'accès, d'abcès, ne savent plus jouir sans jouer des interdits.

Petit à petit, j'ai trouvé la réponse.
Je l'ai trouvée dans les mots de Vanessa Springora.
On ne le juge pas.

Puisque justice ne sera pas rendue.

Et puis, je dois l'avouer, du côté des accusés, ça se remplit joliment, entre le coupable déjà bien laid, et les complices hideux. Ceux qui se taisent. Protègent la liaison coupable. Se cherchent et se trouvent de belles excuses, trop belles pour être honnêtes.
Je chute, et Cioran avec moi, du joli piédestal que je lui avais bâti adolescente.

Alors je lis. Je les lis, ces mots que je voudrais fuir, souvent. Je transpose, par moments. Je ne pleure pas. Pas une fois. Parce que Vanessa ne pleure pas, ne s'apitoie pas. Et je ne sais plus, de sa rage ou de la mienne, laquelle me porte jusqu'au bout de ce récit.

J'accepte d'ouvrir grand les yeux sur cette époque, différente me dit-on, mais voici que je doute après la résurgence de tant d'affaires, certaines récentes et qui soulèvent encore et toujours la question de l'impunité.
Le prix de l'art.
Le prix de l'abus.

C'est un livre choc.
Au sens premier du terme.
Il heurte, il frappe. Il rappelle à l'ordre. A la loi.
Tout simplement.
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