Jim Starlin's Cosmic Guard

Ce tome comprend une histoire complète, indépendante de toute autre, qui peut aussi être vue comme le début d'une nouvelle série. Il comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement publiée en 2004/2005, par l'éditeur Devil's due Publishing. L'histoire est écrite, dessinée et encrée par Jim Starlin, avec une mise en couleurs de June Chung et un lettrage de Rich Wenzke. le personnage principal Ray Torres a bénéficié d'une deuxième histoire Kidnapped, également réalisée par Jim Starlin.

Ray Torres est un jeune orphelin de 12 ans qui n'a pas beaucoup d'illusions sur la vie qui l'attend. Il sait en particulier qu'il est maintenant trop âgé pour être adopté dans une famille d'accueil. Il est monté sur le toit en terrasse de l'orphelinat Saint James où il a été placé, avec l'intention bien arrêtée de sauter pour se suicider.

À l'autre bout de l'univers, une planète va succomber aux Génocideurs. Dark Paladin, le défenseur de la planète, sait qu'il n'est pas en son pouvoir d'arrêter le génocide. Il s'ait qu'il n'en réchappera pas et que le temps est venu pour lui de rechercher son successeur, de lui confier l'Héritage, c'est-à-dire ses pouvoirs.

Ray Torres va devoir élucider la disparition de plusieurs enfants de l'orphelinat, faire face à monsieur Bates son directeur, avant de pouvoir rejoindre le Sanctuaire où Europa lui expliquera ce qu'il en est de ses pouvoirs.

Après avoir terminé un récit de Thanos pour Marvel (voir Redemption, 2004) et avant de retravailler pour DC (voir Mystery in space, 2006), Starlin a créé un nouveau personnage dont il a conservé les droits de propriété intellectuelle : Kid Kosmos, dont les 2 histoires ont été réédités par Dynamite.

Dans la forme, le lecteur ayant suivi la carrière de Jim Starlin (qui d'autre pourrait avoir la curiosité de lire ces histoires ?) ne sera pas très dépaysé. Les formes des extraterrestres sont cohérentes avec celles que Starlin a pu développer précédemment. Il met en scène un duo de mercenaires, en reprenant l'idée d'un petit pas beau mais très futé, et d'une grand très fort, mais pas très futé (sans aller jusqu'au niveau d'idiotie de Tuetun dans Dreadstar). le lecteur retrouve également l'idée d'un sanctuaire, un monde peu défini abritant une gigantesque cité dans laquelle le héros peut se réfugier hors d'atteinte de ses ennemis, comme Ray Stoner dans Breed. Il retrouve également le principe d'un individu investi d'un grand pouvoir qui doit sauver le monde de la destruction (comme Vanth Dreadstar).

Cette fois-ci, Starlin a jeté son dévolu sur un enfant de 12 pour être investi d'un grand pouvoir. Néanmoins, pressentant les limites d'un enfant en tant que héros, il fait en sorte qu'il gagne une demi-douzaine d'années dès qu'il se transforme en Kid Kosmos (et qu'il bénéficie d'un mentor facilement disponible), ce qui le rend plus crédible dans ses réactions. Ray Torres bénéficie également des connaissances stratégiques qui viennent avec ses pouvoirs.

Dès le départ, Ray Torres a tout perdu puisqu'il n'a plus ses parents et qu'il s'apprête à se suicider. du coup Starlin raconte la phase de remontée du personnage. La psychologie du héros n'est pas très développée, mais il n'est quand même pas passe-partout. Son statut d'orphelin l'a amené à l'autonomie plus rapidement que d'autres enfants de son âge, à savoir se défendre, à encaisser, et il a déjà un petit goût pour les belles femmes (d'où une remarque bien sentie quand il se rend compte qu'au Sanctuaire, il sera chapeauté par une belle extraterrestre).

Côté récit, Starlin alterne les séquences sur Terre et les séquences dans des localisations cosmiques. le lecteur retrouve avec plaisir ses dessins soignés et minutieux, d'autant plus que Starlin s'est investi pour dessiner des arrières plans dans plus de 80% des cases. le lecteur peut donc s'immerger dans chaque environnement comme s'il était sur place. Les personnages disposent tous de physionomies et de morphologies spécifiques (avec une petite surprise pour monsieur Bates qui arbore le crâne chauve et le bouc de Jim Starlin en personne).

Starlin s'attache à proscrire les poncifs propres aux personnages de superhéros : pas de personnages systématiquement bodybuildés au-delà des possibilités physiologiques de l'être humain. Ray Torres a la morphologie d'un adolescent. Même la poitrine d'Europa a une taille normale. Seul petit regret : Starlin a emprunté un code graphique aux mangas en dessinant des yeux aux proportions exagérées par Kid Kosmos. le résultat n'est pas très heureux.

Côté intrigue, Jim Starlin ne précipite pas son récit. Il utilise donc un stéréotype classique : un individu recevant un pouvoir incommensurable, choisi pour des qualités dont il n'a pas conscience et qui ne sont pas pleinement développées. Ce tome ne permet pas d'apprendre qui décide à qui le pouvoir échoira et comment, ni même la nature des Génocideurs. Par contre, cela laisse le temps de régler proprement l'intrigue liée à l'orphelinat (et pas uniquement par la force), de recruter Ray Torres avec le temps nécessaire, et de le former pour son premier vrai combat.

Dans la forme, le lecteur retrouve un récit imprégné de la personnalité de Jim Starlin : la conception des extraterrestres, des lieux, les caractéristiques physiologiques des personnages, le petit futé et le gros balaise par très futé, etc. Dans le fond, Starlin s'attache surtout à construire un environnement et un historique spécifique pour cette nouvelle série, sans ressasser ses thèmes de prédilection tels que le prix à payer (par Adam Warlock ou Syzygy Darklock) ou la peur de gagner (l'inconscient de Thanos jouant contre lui).

Pour le lecteur ayant ouvert par hasard ce tome, il découvrira un récit qui sert de prologue, avec quelques éléments datés, et quelques éléments innovants, servi par des dessins méticuleux et soignés, parfois un peu raides. 3 étoiles. Pour un lecteur venu pour découvrir une oeuvre secondaire de Starlin, il aura le plaisir de découvrir un récit dans lequel l'auteur s'est investi sur le plan graphique, et une histoire qui sort un peu de ses marottes habituelles, pour un bon niveau de divertissement.