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EAN : 9781032901749
320 pages
L'Observatoire (04/04/2018)
3.4/5   10 notes
Résumé :
Par une brumeuse matinée de 1934, Elvira Western quitte son confort londonien et son mari pour rejoindre à Paris son jeune amant, Oliver Fenton, un étudiant anglais exalté. Mais, rapidement, l'escapade se transforme en journées languides dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés en compagnie de journalistes débauchés, de bourgeois extravagants et d'une danseuse de cabaret désargentée. De flûtes de champagne en apéritifs, de déconvenues amoureuses en rencontres noctur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
1934. Londres. Elvira Western 30 ans pensait avoir tout pour être heureuse. Marié à Paul, médecin, vie bourgeoise mais sans relief. Mais elle a rencontré Oliver Fenton qui a su réveiller ses sentiments. Il est jeune, il est beau, il a la fougue de sa jeunesse et de ses idées en particulier politiques. Elle part le rejoindre à Paris pour vivre avec lui, abandonnant mari, amis, situation.

Mais très vite elle va douter de son choix. Oliver est-il le compagnon qu'elle espérait, lui offre-t-il la vie qu'elle entrevoyait ? Paul son mari est prêt à lui pardonner et tente de la reconquérir…..

A travers une histoire de triangle amoureux, c'est le Paris de Saint Germain des Prés, des cafés et des rencontres que l'on y fait. Toute une faune gravite autour d'eux : journalistes, femme entretenue, danseuse de cabaret, etc…. Chacun ayant un avis, on s'entraide, on conseille, on se déteste, on manipule…..

Je ne connaissais pas du tout Christina Stead…. Adulée par Jonathan Franzen, d'origine australienne, elle a vécu en Europe et aux Etats-Unis. Disparue en 1983 ce récit n'avait jamais été traduit en français. Son premier roman L'homme qui aimait les enfants a été un succès et figure dans les 100 meilleurs romans de la littérature en langue anglaise pour la période 1923-2005.

Je vous ai souvent parlé de mon attirance pour Virginia Woolf et la littérature anglaise et j'ai retrouvé dans la narration un style « woolfien », avec le flux de conscience de pensées de Elvira, femme indécise qui doute très vite de son choix.

Le vrai problème de la femme des classes moyennes, (…) c'est que sa liberté économique et sa liberté sexuelle sont incompatibles. Nous ne sommes pas libres. Esclaves des cuisines, esclaves des chambres à coucher. (p177)

Partagée et flattée par l'intérêt de son jeune amant, l'escapade amoureuse à Paris mais regrettant le confort et ses « petites affaires » restées à Londres, Elvira sera toujours à peser le pour et le contre de son choix. Elle tergiverse, hésite, revient sur ses décisions, profitant de l'indulgence de son mari, revenant vers Oliver à la moindre caresse, elle n'aura de cesse de demander autour d'elle ce qu'elle doit faire et je dois avouer qu'au bout d'un moment j'avais envie de lui dire : Bon assez cela suffit, décide toi….. Toutes ces hésitations tournaient en rond et donnaient de la longueur et de la langueur au récit.

Certes la condition féminine est au centre du récit à travers Elvira mais aussi Blanche, femme de petite vertu, danseuse de cabaret mais aussi pilier de café où elle espère rencontrer celui qui pourra l'entretenir, toujours à rechercher quelques billets pour tenir quelques jours de plus. Elle sera l'amie et la confidente de toutes et tous, connaît les adresses utiles aux femmes.

Elvira se sentira très vite exclue de la vie d'Oliver, passionné par la politique et engagé dans les mouvements socialistes, elle prendra conscience du rôle qui lui est assigné par celui-ci :

Vous n'hésiteriez pas à exploiter une femme au foyer, à la laisser faire votre cuisine et vos quatre volontés, à la changer en idiote qui ne pense qu'aux trous de souris et aux tringles à rideaux, tandis que vous écririez des articles sur les syndicats. (p181)

Oliver, Don Juan, sûr de lui et de son charme, profite de sa beauté auprès des femmes qui ne lui résistent pas, il séduit tous ceux qu'il rencontre, mais à force risque de tout perdre. Elvira fera la connaissance dans le train qui l'emmène vers son d'Annibale Marpurgo, commercial dans la dentelle pour les Frères Fuseaux (!!!) il tissera lui-même une dentelle où chacun mettra son propre noeud, sa propre boucle mais risquera aussi de tout faire filer….

C'est un roman foisonnant de personnages, de détails sur la vie parisienne, sur les mouvements politiques, sur les rues et cafés, sur tout ce petit monde qui se croise, qui échange quelques mots, quelques verres, on devient amis, on devient ennemis. Un récit de la vie parisienne de l'entre-deux guerres dans un Paris disparu.

Autre thème largement développé : le choix

Pendant des années, on hésite à faire un premier pas, songea-t-elle. Après on est bousculé, emporté. Ce premier pas, franchi des années plus tôt, aurait peut-être tout embelli. (p214)

qu'il soit amoureux, féminin (grossesse), mais aussi choix de vie, de travail, d'orientation.

Ma lecture a été par moment assez laborieuse, me perdant dans les pensées des différents personnages, mêlant politique, poésie, j'avais le sentiment de stagner mais dans la deuxième partie du récit, les événements et les véritables aspirations de chacun apparaissent : bonnes ou mauvais, les décisions se prennent quand les intérêts sont là, quand l'argent manquent et que les sentiments s'éteignent et la narration a repris de la couleur.

Ah ? Je connais les types comme vous ! Avec vos manières quasi féminines, vous parvenez à vos fins, à l'université comme dans la vie. Grâce à des ruses de femme, froidement égoïstes. Dans le monde entier, une seule personne compte à vos yeux, vous. Chez vous, tout est véreux : votre tête, votre coeur, votre corps et votre âme, à supposer que vous en ayez une. Vous regretterez toutes ces manoeuvres. Tous ceux qui se sont mis en travers de mon chemin ont été fauchés – non pas par moi, mais bien par un châtiment. Toutes les nuits, je dors avec la putréfaction. Celle-ci est mon amie. En contrepartie, elle dissout lentement les vertèbres de mes ennemis. (p414)

Une écriture pas toujours évidente, qui peut laisser perplexe ou rebuter certains lecteurs mais qui fait preuve de modernité et toujours très actuelle par l'étude des caractères de chacun. le regard est sans complaisance ni partie pris et reflète parfaitement les aternoiements que l'on peut avoir dans une vie, suivant les caractères et les intérêts.

Pour moi malgré tout une jolie découverte pour laquelle je remercie les Editions de l'Observatoire avec une qualité de présentation et de mise en valeur du livre.
Lien : http://mumudanslebocage.word..
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Attention, voici une vraie curiosité proposée par Les éditions de L'Observatoire qui font le pari de remettre en lumière cette romancière australienne (1902 - 1983) méconnue en France mais fine connaisseuse des moeurs de notre pays pour avoir longtemps vécu en Europe. Splendeurs et Fureurs est un roman d'une rare densité, à la plume acérée, qui explore avec ironie les méandres de l'âme humaine en mettant en scène des personnages dont on ne sait jamais s'ils cachent leur profondeur sous une façade de superficialité... ou l'inverse.

Cela commence dans un train qui fait route vers Paris, au cours de l'hiver 1934. Elvira Western a décidé de quitter Londres et son mari, Paul pour rejoindre Oliver Fenton, un étudiant plus jeune qu'elle dans la capitale française. La jeune bourgeoise de vingt-neuf ans a cédé aux lettres enflammées du jeune homme et à son envie de prendre l'air. Au cours du voyage, elle fait la connaissance d'un italien, représentant de commerce en dentelles qui finit par s'incruster auprès du jeune couple adultère. Les journées défilent, entre flâneries dans les rues et découverte des cafés de Saint-Germain des prés au cours desquelles Oliver et Elvira croisent des personnages plus ou moins extravagants et représentatifs de la faune qui gravite dans un Paris pris entre le faste des années folles et la montée des idées socialistes tandis que l'Europe retentit déjà des poussées nationalistes. Petit à petit, Elvira en vient à douter de son choix tandis qu'Oliver délaisse ses études, s'enflamme pour les théories communistes et tombe sous le charme de la fille d'un antiquaire dont l'indépendance lui fait autant peur qu'elle l'attire. Un chassé-croisé incessant qui voit les protagonistes changer d'avis à chaque battement de cil...

Christina Stead met en scène des personnages féminins hauts en couleurs et porteurs de revendications d'indépendance qui prennent des formes très différentes mais néanmoins affirmées. Elle ausculte ainsi les rapports hommes - femmes en mettant face à la gent masculine (qui ne sort pas grandie, il faut le dire) des échantillons féminins bien plus futés que ces messieurs ne le pensent. Elvira, bourgeoise bovarysante est cependant bien loin d'être dupe des promesses d'Oliver et prend bien soin de ne pas rompre totalement le lien avec Paul. Blanche, la demi-mondaine ou Coromandel, l'artiste représentent d'autres facettes de la subtilité féminine. Face à elles, même le plus calculateur des hommes ne s'en tire pas si facilement...

Et puis il y a Paris, cette capitale qui bruisse et dont la romancière souligne l'effervescence non seulement artistique mais également intellectuelle, politique, économique, prenant notamment en compte les mutations technologiques qui impactent la vie quotidienne. Il y a une ambiance de fin de cycle, on sent pointer les difficultés, sociales mais également politiques. Et l'on mesure la fine connaissance de la romancière qui rend très bien ce contexte particulier des dernières années qui menèrent à la seconde guerre mondiale.

Alors oui, c'est une curiosité mais il faut parfois s'accrocher lorsque l'auteure s'offre des envolées digressives, notamment dans la dernière partie. Autant j'ai apprécié son regard mordant et sa férocité dans l'examen des rapports hommes - femmes, autant j'ai un peu décroché lors de ses descriptions de cauchemars ou de rêves alcoolisés qui emportent le lecteur vraiment très loin du propos central. Restent un style, une véritable acuité dans la façon de saisir l'époque et une intéressante singularité dans l'art de la mise en scène. Cela aurait été dommage de ne pas découvrir cette curiosité.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Cette histoire se déroule à Paris en 1934, mais dans un Paris sorti des films américains d'aujourd'hui. Quoique l'héroïne soit une jeune anglaise de 29 ans qui a suivi son jeune amant de 5 ans son cadet en plantant son vieux mari épousé 10 ans plus tôt avec lequel elle s'ennuyait un brin. Tout le roman conte les pérégrinations, les étonnements, les atermoiements de la jeune femme. On y rencontre une faune de gens plus ou moins désargentés qui passent la majeure partie de leur vie dans les cafés, restaurants, salles de spectacles.
Pour sa part, cette vie que lui fait vivre son amant, ne l'enthousiasme pas particulièrement, ni les personnes qu'elle est amenée à rencontrer. Elle se retrouve au bout de quelques mois enceinte et à une furieuse envie de garder l'enfant, mais le père lui, ne saute pas de joie car encore étudiant. II se rend compte que le fait d'accepter n'importe quel boulot pour subvenir aux dépenses de sa jeune famille, va prétériter son avenir. Mais c'est encore la phase des étoiles dans les yeux des amoures débutantes et il se dit prêt à tout pour sa bienaimée… Elle, est très évanescente et ne semble pas aimer plus cet amant qu'elle n'aimait son mari. Elle caresse même quelquefois l'idée de retourner vivre auprès de lui, fou amoureux de sa femme mais la considérant comme un objet fragile et gracieux. Elle gardera le contact avec lui ne faisant pas totalement confiance dans le jeune homme très exalté et prompt à s'enflammer pour des idées politiques de gauche, comme pour une jeune bourgeoise chatoyante.
Autour de ce couple, gravitent des personnages tout aussi flottants, sans consistance, ni chair, ni poisson. On ne comprend pas comment ils en sont venus à devenir si intimes les uns et les autres, mais en tout cas ils causent, refont le monde, boivent, fument sortent dans des lieux publics. L'argent doit se multiplier par l'opération du Saint Esprit je suppose.
L'auteure met en lumière des personnages féminins plus intéressants, porteurs de revendications d'indépendance tout en vivant aux crochets des hommes avec lesquels elles jouent au chat et la souris. J'ai lu dans la presse littéraire que l'on faisait un parallèle entre Christina Stead et Virginia Woolf, pour ma part je ne l'ai pas vu. L'écriture est agréable et l'on ne s'ennuie pas du tout en lisant ce livre, mais je ne trouve pas que sa lecture apporte grand-chose au lecteur…
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Une fresque foisonnante de trois femmes libres dans les années 30, à Paris, qui mêle réalisme, onirisme et fantastique.
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Un roman puissant qui fait la part belle à l'onirisme.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Pendant des années, on hésite à faire un premier pas, songea-t-elle. Après on est bousculé, emporté. Ce premier pas, franchi des années plus tôt, aurait peut-être tout embelli. (p214)
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Vous n'hésiteriez pas à exploiter une femme au foyer, à la laisser faire votre cuisine et vos quatre volontés, à la changer en idiote qui ne pense qu'aux trous de souris et aux tringles à rideaux, tandis que vous écririez des articles sur les syndicats. (p181)
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Le vrai problème de la femme des classes moyennes, (...) c'est que sa liberté économique et sa liberté sexuelle sont incompatibles. Nous ne sommes pas libres. Esclaves des cuisines, esclaves des chambres à coucher. (p177)
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