AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,12

sur 1312 notes
Rares sont les livres qui ont cette épaisseur, cette profondeur, cette richesse, celle de la vie tout simplement. C'est la poésie qui donne ce supplément d'âme aux mots de Jon Kalman Stefansson, la poésie qui anime mais qui peut tuer aussi. Chacun des personnages, même le plus secondaire, est comme une âme entrevue dans un rêve, chaque homme, chaque femme, a cette richesse que seul un immense écrivain est capable de créer.
Je ne pense pas avoir jamais lu de pages aussi belles, aussi tristes et aussi vraies à propos du deuil, à propos de la mort mais aussi de la vie. Comme si ma terre natale était aussi cette ile froide et battue par les vents, comme si j'avais vécu au rythme de la Mer Glaciale.
Commenter  J’apprécie          132
Un livre qui fait la part belle au milieu naturel islandais, marqué par le froid, les parois raides des montagnes qui plongent dans l'écume glacée leurs roches noires. L'espace est omniprésent, les hommes s'y mesurent, dans un temps à peine précisé, juste une allusion au début du livre à la parution d'un nouveau roman de Zola. Dans les premières pages, la marche de Bardur et du gamin vers les baraquements où ils vont passer la nuit, confronte directement le lecteur à un univers hostile. Pourtant dans cette nature inhumaine, des hommes vivent et lisent éperduement. La lecture se mue en port d'attache, en raison de vivre, en bouée de survie. Pour Bardur, elle scellera son arrêt de mort, tout entier contenu dans son ultime relecture des vers traduits du "Paradis perdu" à la musique familière des vieux poèmes islandais. Avec la mort de Bardur, le gamin est orphelin, la vie sans son ami devient un fardeau. Deux parties qui se répondent dans le roman, la mort de Bardur dans la première et la longue renaissance du gamin dans la seconde. Traversant l'une et l'autre, des personnages lumineux se détachent et prennent forme notamment à travers leur attachement aux livres, les parents du gamin que l'amour des livres a rapprochés, le vieux capitaine aveugle et ses 400 livres, Helga et Geirbrudur , à qui le livre assassin de Bardur revient après sa mort. Un récit en forme de parcours initiatique pour le gamin, qui tient tête à la mort en s'accrochant aux livres. Une écriture au rythme lent, précise dans les mots qui disent la dureté de la vie, un hommage somptueux à l'Islande et ses défis.
Commenter  J’apprécie          130
"Le récit de Jón Kalman Stefánsson nous transporte dans un village de pêcheurs en Islande où les tempêtes de neige nous glacent jusqu'aux os. « La mer respire lourdement, elle est sombre et muette », « bleue en surface, mais noire comme le charbon en dessous », prête à engloutir ces hommes humbles qui rament au fond de coquilles de noix. Il nous dit aussi le bonheur simple des marins qui sirotent leur café brûlant en silence, « aussi noir que la plus sombre des nuits », avant de prendre la mer."
Elisabeth Dong (Extrait)
Lien : https://doublemarge.com/entr..
Commenter  J’apprécie          130
Je me demande toujours avec incrédulité et fascination comment un pays (l'Islande) qui compte moins d'habitants que la ville de Nice ( c'est un repère qui me parle puisque j'y habite) a pu et peut encore engendrer autant de grands talents d'écriture.
Peut-être cela tient-il à la magie ensorcelante dudit pays, que j'ai eu la chance de parcourir sac à dos il y a presque vingt ans… ?
C'est après ce périple que j'ai fait connaissance de Einar Mar Gudmundsson et d'un bouquin que je vous recommande - Les anges de l'univers -.
Ensuite ce furent des auteurs comme Arnaldur Indridason, Ragnar Jonasson et d'autres… pour arriver à celui que je présente aujourd'hui : Jon Kalman Stefansson.
C'est un écrivain à la plume éminemment profonde, poétique, essentielle.
Son ouvrage est criant (au sens Munchien), de ce cri puissant, sourd, désespéré, qui n'est perceptible à l'ouïe que de certaines âmes, qui interpelle sans pour autant changer le cours de l'absurde, du néant et du malheur.
Il y a deux parties dans ce livre.
La première confronte l'homme, son insignifiance et sa soif d'absolu, à la nature immuable, puissante, impassible, cruelle dans son essence autant que généreuse.
La seconde est une quête existentielle à travers les mots, les livres et la poésie.
L'ensemble est abordé avec une grande subtilité, beaucoup de lucidité et sans complaisance.
Les situations et les personnages donnent un relief à l'esthétique brute, sans fioritures, sans longueurs qui épouse parfaitement les lieux, les décors, les situations, l'espace et le temps.
J'ai beaucoup aimé ce bouquin… mais il y a un bémol pour quelqu'un comme moi, "puriste" ou peut-être maniaque du style : l'adjectif "immémorial" employé pas moins de huit fois en 253 pages...
C'est un de mes TOCS… je ne supporte pas les TICS de langage.
Sinon, allez-y, c'est un excellent roman.
Commenter  J’apprécie          130
Les pêcheurs et une voix celle de toutes les voix qui s'appellent, se répondent, interrogent et s'interrogent, se souviennent, se télescopent, dans une trame de réflexions tellement dense qu'elle ne laisse de l'espace que pour quelques retours à la ligne accueillant les vers de John Milton et de son Paradis perdu.
Profonde, puissante et sensible, l'histoire des pêcheurs du nord lointain islandais c'est une histoire des émotions, les plus simples, les plus vraies, les plus douloureuses et les plus exaltantes, les plus enfouies et les plus vibrantes avec des questions sans réponse sur la vie et sa finitude, sur la douleur et la joie.
Âpre et douce, précieuse, unique, c'est ça la vie et le style la suit, et s'habille comme elle, d'un flux ininterrompu de mots, de phrases, de dialogues, et d'interrogations intérieures, écriture et vie, les deux fouettées par la mer quand elle est ennemi féroce et caressées toujours par elle, compagne douce et vitale. le style de Jón Kalman Stefánson ne fait que rendre justice à la vie, et ses personnages, archétypes car universels, ont la poésie touchante de la simplicité, de la force et de l'endurance.
L'espace est un lieu près du pôle nord où le ciel embrasse la terre et la terre s'y abandonne et les hommes se battent, souffrent, aiment, tombent et se relèvent, s'accrochent, vivent et meurent, et aiment la poésie, les mots, les livres, et l'écriture crée un admirable poème de leur vie, "des mots qui jetteront un pont sur l'éloignement, des mots qui apaiseront le manque tout en l'amplifiant et en l'alimentant".
Lecture assez lente car le plaisir de relire certaines phrases, certains mots, ou de les entendre par une lecture à voix haute ralentissait l'avancement et augmentait le bonheur de vivre et sentir une belle et rare écriture.
Commenter  J’apprécie          133
La dure vie de pêcheurs islandais et des habitants de ce bord de fjord vivant de la pêche à la morue. Tout est raconté de manière poétique avec de magnifiques interprétations de la vie. le poète Milton et son Paradis perdu est souvent cité et on peut même le citer comme faisant partie des personnages du roman.
Commenter  J’apprécie          130
Il a suffit de quelques secondes pour que je tombe sous le charme de ce roman. Une seconde à mon regard pour se poser sur ce livre. Cinq secondes pour comprendre, dès la première phrases, qu'un voyage poétique m'attendait.

Jón Kalman Stefánsson est un auteur islandais que je ne connaissais pas et c'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans Entre ciel et terre, un roman que j'ai pris le temps de savourer, de déguster page par page, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'une sensation de flottement…

Il m'est très difficile d'écrire cette chronique. Mon souvenir de lecture reste fragile. La poésie à la fois douce et rigide, adepte de la littérature islandaise, ne me quitte pas. Ce roman m'a accompagnée, m'a fait réfléchir sur la vie, les valeurs et le sens qu'on leur donne, m'a fait ressentir un tas d'émotions…

Il faut se laisser voguer par les mots de l'auteur, prendre ce qu'il nous tend, attrapée ce qui nous intéresse et être attentif à chaque mot, chaque détails.



C'est une réflexion sur la littérature, la lecture, l'écriture, l'importance des mots…

C'est une réflexion sur l'amitié…

C'est un voyage solitaire qui se transforme en rencontres. C'est un retour vers soi, un voyage initiatique…

C'est un voyage poétique…

C'est une réflexion. C'est un voyage. D'une vie. de la vie.

Je ne peux donc que vous conseiller de lire cet auteur. Cette lecture a été pour moi un tourbillon poétique de mots, une traversée islandaise, un voyage initiatique au cours des maux/ mots… J'en ai aimé la plume, le style islandais, la fragilité des personnages, les réflexions qui s'y cachent, la description des paysages et des habitants, le froid perceptible à la lecture… Une expérience de lecture que je renouvellerai à coup sûr avec d'autres de ses romans !
Lien : https://lecturesgourmandeswe..
Commenter  J’apprécie          132
Pour survivre, ils pêchent. En rang au signal, alors que l'aube n'est encore qu'un songe, tous ils se lancent, six par barques, inlassablement, ces colosses gaillards rament à l'assaut de la mer et de leur destin, ils fendent les flots. Aucun ne sait nager. Des heures durant ils rament, bravant le froid, la fatigue, la peur, la faim, la soif, ils rament jusqu'à trouver l'endroit où le poisson va mordre, va les nourrir à défaut de les enrichir, cet endroit que le patron pêcheur connait, sent, devine, soupçonne, où, lignes déroulées, en attendant que le poisson se laisse pêcher, ils vont guetter le ciel, le temps, les vents, ballottés par les flots, arrimés vaille que vaille à la possibilité, à l'espoir, de pouvoir rentrer sans être balayés de la vie, de ramer à nouveau des lustres sans verser, être engloutis, se noyer. Revenir pour bientôt, un autre matin, repartir, et ramer, pêcher, encore ; si on n'est pas déjà morts.

C'est dans cette vie, aux côtés du « gamin » et de Bardur, que Jon Kalman Stefansson nous immerge, dès les premières lignes de ce roman (son premier à avoir été traduit en français). Et c'est magnifique. Plein de rudesse et de poésie, ce récit est puissant et emporte, les émotions déferlent à égale mesure des vagues et des personnalités rencontrées. J'avais eu un coup de coeur pour D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds, et la magie de la plume de cet auteur islandais m'a à nouveau prise dans ses filets. L'amitié, le deuil, le chaos de la vie, le désir, l'instant où tout bascule… J'ai refermé ce livre un peu sonnée, et bouleversée. Emplie de lumière, aussi. Je conseille vivement, bien sûr. Il y en a deux à suivre celui-ci, La Tristesse des Anges et le Coeur des Hommes. Une suite aux Poissons n'ont pas de pieds est sortie chez Gallimard le 17 mars dernier : A la mesure de l'Univers. Hâte.
Lien : https://lettresdirlandeetdai..
Commenter  J’apprécie          134
Pour tous ceux qui se lance dans cette lecture, je vous conseille de ne pas lire la 4e de couverture. le voyage n'en sera que plus beau.
J'ai choisi cet ouvrage en prévision d'un voyage en Islande, pour me plonger dans l'atmosphère du pays, rêver mes vacances. Je n'ai pas été déçue.
L'auteur nous plonge dans l'univers des marins islandais, à une époque où chaque sortie en mer est un pari sur la vie. Les mots sont beaux et justes.
C'est aussi l'histoire d'une amitié, et le portrait de femmes et hommes, tous un peu blessés, tous un peu mélancoliques, mais non sans espoirs. Et le gamin, marin malgré lui au début de l'histoire, devient le porteur de cet espoir... et du livre "maudit".
C'est une lecture qui m'a touchée par la grâce et la douceur de l'écriture qui décrit une atmosphère de l'Islande comme je l'imagine.
C'est un de mes coups de coeur de l'année et j'ai hâte de lire la suite de cette trilogie (même si l'ouvrage peut se lire seul).
Commenter  J’apprécie          131
Islande terre hostile, où la lumière est aussi précieuse que la vie et la mer nourricière d'un peuple qui se contente de l'essentiel : vivre. Ce mot qui interroge le gamin dont la vie s'est déjà montrée bien cruelle envers son destin. Orphelin très tôt, le voilà devenu comme la majorité des hommes en Islande, pêcheur sous la coupelle de Badour. Il est sans doute le père qu'il n' a plus, l'ami fidèle qui lui transmet l'amour des mots. Pour cet amour fou, Badour va en oublier sa vareuse au moment d'embarquer pour une pêche dans des conditions météorologiques plus qu'hostiles. le froid aura raison de l'inconscience et son étourderie, aucun pêcheur ne sort en mer sans sa vareuse.
Le gamin fait tout pour sauver son ami tentant de le réchauffer sous le regard résolu des autres pêcheurs. La souffrance assaille le jeune, il vient de perdre plus qu'un ami. Il s'enfuit avec le livre de poésie de Milton qui a causé la mort de Badour, pour le rendre à son propriétaire puis compte en finir avec la vie. C'est là que le questionnement devient intéressant, qu'est ce qu'une vie au final ? Si peu et à la fois tant. le gamin arrive épuisé au village, rend le livre et finit par s'évanouir de fatigue, de faim, de froid. Il est recueillit par cette drôle de Trinité composée d'un capitaine aveugle et deux femmes.
Le gamin repousse son acte, l'espoir finira t il par rejaillir parmi ces blessés de la vie.
Une ode aux mots, aux livres mais aussi à la vie si fragile si précieuse. Et nous être de rien quand les ténèbres nous engloutissent, il n'est plus temps de souvenir ou de regretter de l'avoir laisser filer sans la croquer à pleines dents.
Un roman tout en délicatesse, la pureté et la clarté semblent être le reflet de ce pays, le style nous charme et nous apaise. On chemine aux côtés de ce gamin totalement effondré de chagrin espérant que le goût de cette vie parfois amère se muera en une saveur bien plus sucrée et douce.
Une histoire simple mais emplie de questionnements existentiels, pour ne pas dire essentiels.
De merveilleux passages à se délecter, une lecture à la fois riche et divine.
Un enchantement... seul petit bémol : la fin s'étire un peu trop pour retomber trop platement.
Commenter  J’apprécie          130




Lecteurs (3246) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1229 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}